Le 11 juillet, la Guinée a signé avec la CEDEAO (Communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest) en collaboration avec ses partenaires techniques le WAPP et EEEOA (Système d’échange d’énergie électrique Ouest-africain), deux conventions de don et de prêts d’une valeur de 30 millions de dollars américains. Pour l’amélioration de la production énergétique en faveur des habitants de Conakry. Papa Koly Kourouma, ministre d’Etat chargé de l’Energie et de l’environnement, Koutoubou Moustapha Sanoh, ministre de la Coopération internationale et Kerfalla Yansané, ministre de l’Economie et des Finances ont échangé les documents de ladite convention avec James Victor Gbeho, président de la Commission de la CEDEAO, en présence de plusieurs cadres d’EDG (Electricité de Guinée) et des partenaires financiers. Cela découle de la volonté de la CEDEAO de promouvoir et de mettre en œuvre des initiatives pour doter la sous-région d’infrastructures permettant aux populations d’accéder aux services essentiels de base, a indiqué Papa Koly Kourouma.
La CEDEAO n’est pas reconnue comme une structure qui finance de tels projets. Mais cette initiative est partie de la 39ème session de la conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO tenue du 23 et au 24 mars dernier. A l’issue de laquelle, il a été adopté un programme d’assistance technique et financière à la Guinée pour couvrir une partie de ses besoins en énergie dont le ledit secteur est dans un « état de dégradation catastrophique ». Un financement d’urgence pour le programme d’approvisionnement en énergie électrique de la ville de Conakry, a souligné le ministre d’Etat chargé de l’énergie et de l’environnement.
Le don porte sur 10 millions de dollars qui serviront entre autres, à la remise en état des cuves et des circuits de chauffage des centrales thermiques de Tombo III et de Tombo V, la remise en état des réseaux de transport et de distribution électrique, la pose des compteurs à paiement ainsi qu’à l’acquisition de lampes à basse consommation d’énergie.
Quant au prêt, il porte sur la valeur de 20 millions de dollars, destinée à résoudre le problème de l’exploitation des outils de production, le financement des besoins en carburant et lubrifiants des centrales thermiques de Tombo, ainsi qu’à l’achat d’une partie des pièces de rechange nécessaires au bon fonctionnement desdites centrales. Le prêt est remboursable sur 20 ans avec 5 ans de moratoire et un taux d’intérêt de 0,5%.
Mais ces deux conventions sont loin de couvrir les besoins financiers pour résoudre le problème d’électricité à Conakry. Selon le ministre Papa Koly, les besoins sont estimés à 108 millions de dollars pour permettre à la desserte en électricité 24h/24 aux habitants de Conakry. Mais avec ces 30 millions de dollars, « il y aura un souffle nouveau au secteur de l’électricité par l’amélioration sensible de la desserte et de la qualité en attendant l’adjonction d’une nouvelle capacité de production thermique, » après une initiative du Président Alpha Condé. C’est pourquoi le ministre a déclaré que la Guinée reste demandeur au regard de l’immensité des besoins énergétiques du pays. Avant de promettre que les fonds alloués seront « utilisés avec rigueur, efficacité et transparence. » Le projet a duré cinq mois, ont déclaré les acteurs.
Le président de la Commission de la CEDEAO, James Victor Gbeho, s’est félicité de l’aboutissement du projet. Mais il souligne : « Si la mise à disposition de ce financement est un test collectif pour relever solidairement les défis de la région, alors je puis vous dire que nous y avons brillamment réussi… Ce projet est non seulement une première en matière d’assistance nécessaire aux Etats membres de la CEDEAO pour impulser leur développement, mais il constitue pour la Guinée, une récompense pour la gouvernance démocratique dans laquelle il s’est récemment engagé.» Il a insisté que le fonds devra être destiné à l’approvisionnement des centrales de Tombo III et Tombo V en carburant et lubrifiants, à l’aménagement des réseaux de transport d’énergie, à l’achat des transformateurs et à leur maintenance. D’autant que la Guinée qui a un potentiel hydrographique qui lui vaut la qualification de « château d’eau d’Afrique de l’Ouest » ne fournit de l’électricité se situant au plus bas niveau dans la sous-région. Cette électricité provient même d’une « centrale thermique à fuel lourd ».
James Victor Gbeho a exhorté Electricité de Guinée (EDG) et le gouvernement à s’assurer que la fourniture d’électricité soit en adéquation avec les règles de bonne gestion et que les factures soient effectivement payées par les consommateurs. « La survie et le développement d’EDG est à ce prix. La présente opportunité est exceptionnelle et doit être saisie comme telle », a martelé le Président de la Commission de la CEDEAO. Lequel a insisté que « tous les consommateurs, toutes catégories confondues, devront payer leurs factures de consommation. » La nouveauté, c’est qu’il y aura de l’électricité prépayée pour les consommateurs. Son utilisation devrait être encouragée selon James Victor qui croit que cela pourrait « améliorer la situation financière des sociétés d’électricité.»
Une déclaration soutenue par le Ministre de l’Economie et des Finances, Kerfalla Yansané, qui a souhaité que « EDG fera tout pour que cette aide si précieuse ne soit pas gaspillée. »
Il faut souligner que pour fournir d’électricité à Conakry, EDG devra disposer de 250 MGW, près de la moitié des besoins de la population guinéenne qui sont estimés à plus de 400 MGW. Et selon M. Yansané, il faut un financement de 300 à 400 millions de dollars américains pour couvrir l’ensemble de ces besoins du pays. D’où leur appel aux bailleurs pour le financement des projets de barrage de Kaléta, entre autres, et la rénovation de Garafiri qui a une puissance de 75 MGW, mais qui ne fournit plus de courant à Conakry, suite au vol de ses 15 pylônes reliant le barrage à la capitale guinéenne il y a un an déjà.
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