En séjour à Washington pour une visite de travail avec les présidents du Benin, de Côte d’Ivoire et du Niger, le président Guinéen a expliqué lors d’une table ronde organisée par United States Institute of Peace, ce jeudi 28 Juillet, pourquoi il a été victime d’une tentative d’assassinat.
AfricaLog propose l’intervention qui pourrait comporter des éléments de clarifications sur les potentiels cerveaux de l’attentat contre la vie du Président Alpha Condé:
«Nous avons connu 50 ans de dictature y compris un régime militaire. Nous sortons d’un régime militaire avec une gestion très calamiteuse. Nous devrions prendre des mesures extrêmement difficiles pour la bonne gouvernance. Cela a touché beaucoup de gens. Le problème de sécurité s’est posé chez nous. Vous avez vu, il ya quelques jours, il ya eu un attentat contre ma vie et Dieu merci. On doit à la fois résoudre le problème de la sécurité sans porter atteinte aux droits de l’homme et aux libertés fondamentales. La sécurité intérieure mais aussi la sécurité dans la sous-région…
Vous savez, j’ai délocalisé l’armée de Conakry. Certains chefs militaires avaient de très grands avantages financiers. Tous les contrats de 2009 et 2010 ont été gelés par un audit de la cour des comptes de France.
Cela a créé des mecontents au niveau des gens qui avaient des monopoles et des gens qui avaient l’habitude de piller ce pays. Dans la nuit du 18 au 19 Juillet vers 3 heures du matin, il ya eu des tirs de bazooka et de lance roquette dans ma chambre. Mais, je ne dors pas toujours dans la même chambre tous les jours (ndlr: de grands éclats de rires dans la salle).
Il ne faut pas oublier que je suis un vieux militant qui a mené une longue lutte, y compris la lutte clandestine (ndlr : des éclats de rires dans la salle) et je sais que mon frère Issoufo (ndlr : Mahamadou Issoufo, le Président du Niger, un homme de gauche comme le Président Alpha Condé) en sait quelque chose ( ndlr : des éclats de rires dans la salle).
La chance que j’ai eue, c’est que je ne dormais pas dans la même chambre où ils (ndlr: les assaillants) pensaient que j’étais. Sinon, il ya eu plus de 12 roquettes et un bazooka, mais Dieu merci j’en suis sorti. Nous avons arrêté la plupart des responsables mais nous le faisons dans la transparence puisque nous avons demandé à la croix rouge d’aller les voir.
Mais, comme a dit mon frère (ndlr : le Président Boni Yayi du Benin) c’est très bien la démocratie mais quand il ya la démocratie le peuple a beaucoup d’espoir, mais j’ai un désavantage par rapport a eux (ndlr : Bénin, Côte d’Ivoire, Niger).
Notre pays n’a jamais connu la démocratie, notre pays a connu la mauvaise gouvernance. Donc, le peuple pense qu’avec la démocratie, tout va changer brusquement or il n’ya pas de baguette magique. Il est extrêmement important que l’on comprenne que s’il ya la démocratie et si cela ne change pas les conditions de vie du peuple la démocratie ne va pas avancer.
C’est pourquoi, la priorité aujourd’hui en Guinée, c’est la nécessité des denrées alimentaires qui sont fondamentales et les infrastructures. Il nous faut la sécurité aux frontières avec la circulation des armes légères, surtout après la guerre civile en Côte d’Ivoire où beaucoup de combattants ont traversé les frontières.»
Les quatre chefs d’Etat africains vont rencontrer le président Barack Obama à la Maison Blanche ce vendredi 29 Juillet.
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