Le Front populaire ivoirien (FPI, parti politique de Laurent Gbagbo) est entré dans une zone de turbulence trois mois après l'arrestation de son leader.
L'assignation de certains cadres en résidence surveillée, l'emprisonnement d'autres, le gel des avoirs de plusieurs autres ainsi que le départ en exil d'un certain nombre de militants et responsables ont constitué une onde de choc pour le FPI.
S'y ajoute la démission de Mamadou Koulibaly, une figure emblématique de ce parti qui était monté à la barre après l'arrestation des principaux leaders du parti.
Bien qu'affaibli, le FPI ne semble toutefois pas s'avouer vaincu. Après une période qualifiée par des observateurs de "temps d'observation", le parti commence à donner de la voix.
ASSURER LA CONTINUITE
A l'issue d'une assemblée générale extraordinaire le week-end dernier, les militants et sympathisants du FPI ont porté leur choix sur Sylvain Miaka Ouretto pour présider aux destinées de leur formation politique qu'ils ne veulent pas voir "mourir".
Le nouveau président par intérim du Front populaire ivoirien, qui occupait précédemment les fonctions de secrétaire général du parti, entend ainsi assurer la continuité d'action à travers ses nouvelles responsabilités.
Lors d'entretien lundi avec des journalistes, M. Ouretto a indiqué que les partisans du président déchu sont déterminés à poursuivre la lutte.
M. Ouretto, qui succède à Mamadou Koulibaly qui a créé son propre parti politique après qu'il eut démissionné, a déclaré que le Front populaire ivoirien reprend sa marche après les événements qui ont secoué le pays et qui ont vu l'arrestation de Laurent Gbagbo et de plusieurs cadres du parti.
"Nous héritons d'un FPI debout et nous sommes résolus à nous mobiliser autour de notre parti politique", a-t-il noté.
Tout comme leurs aînés, les jeunes du Front populaire ivoirien se sont également engagés à entretenir la flamme militante de leur parti et ont commencé de ce fait à sortir de leur mutisme.
"La jeunesse du FPI a décidé maintenant de tenir ses activités politiques régulièrement. Plus que jamais, l'heure du combat a sonné. Gbagbo nous a appris à parler, nous parlons et nous allons parler", a énoncé le secrétaire national adjoint de la jeunesse du FPI, lors d'une assemblée générale extraordinaire de cette structure le 9 juillet dernier à Abidjan.
LA RECONQUETE DU POUVOIR
Pour M. Koua qui se retrouve désormais dans le rôle d'animateur et de mobilisateur, le secrétaire national titulaire étant porté disparu, il n'est plus question pour les jeunes de baisser la garde.
"Il nous faut très rapidement conquérir le pouvoir d'Etat", a-t-il recommandé, précisant que cette reconquête devrait se faire par les urnes.
L'organisation des femmes du FPI (OFFPI) ne demeure pas non plus en reste de ce regain d'activités.
Selon Françoise Ehouman, membre de cette organisation, des actions sont en vue du côté des femmes pour mener des réflexions "profondes" sur l'avenir de leur parti politique, après la "tempête militaro-politique" qui a vu la capture et l'assignation à résidence de Laurent Gbagbo.
Des observateurs interrogés font état de la légitimité de la remobilisation des troupes au FPI en vue de la reconquête du pouvoir.
Toutefois, ceux-ci insistent sur le caractère pacifique que nécessite cette reconquête.
"Se réorganiser pour reconquérir le pouvoir d'Etat est une expression de la démocratie. Pour que ce caractère démocratique persiste, il faut que cela se passe dans les urnes", a souligné Matthieu Sadia, enseignant de gestion dans une grande école d'Abidjan.
De l'avis de celui-ci, la violence ne devrait plus avoir droit de cité en Côte d'Ivoire, le pays ayant enduré de grandes souffrances ces derniers mois en raison de la crise post-électorale. – avec Xinhua