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Bah Oury, "porté disparu", parle

Aug 03, 2011

«Monsieur Alpha Condé veut polariser les conflits politiques sur les communautés ethniques», a dit Bah Oury. Le 19 juillet dernier, après l’attaque du domicile privé du Président guinéen, Alpha Condé, le 1er vice-président de l’UFDG (Union des Forces Démocratiques de Guinée, Bah Oury, n’a plus donné signe de vie. Aujourd’hui, 3 août, il a dit pourquoi il s’est caché, dans une interview exclusive qu’il a accordée à notre confrère RFI.

AfricaLog.com vous en livre le contenu en intégralité.

Bonjour, M. Bah Oury!

Bonjour!

Depuis l’attaque du domicile du Président Guinéen, le 19 juillet dernier, vous n’avez pas donné signe de vie. Pourquoi avez-vous disparu pendant deux semaines?

J’ai disparu, parce que j’étais obligé de le faire. Parce que des militaires en civil sont venus à la maison me chercher. Heureusement que j’avais le réflexe de pouvoir me rendre compte que ce n’était pas des gens qui étaient venus de manière amicale. J’ai pu sortir de la maison avant qu’ils n’arrivent en groupe. Le soir même, ils sont venus-là habillés et puis ils ont débarqué et emporté beaucoup de choses à la maison. Entre temps, je me suis rendu compte qu’il fallait mieux que je disparaisse de la maison. C’est comme ça que je me suis éloigné du domicile et du quartier. J’étais obligé de rester pratiquement pendant une dizaine de jours quelque part dans Conakry et par la suite, j’ai estimé que le moment était favorable de chercher à sortir du territoire national.

Et où êtes-vous maintenant?

Je tiens ça secret pour le moment. Pour des raisons de sécurité, pas pour moi, mais surtout pour ceux qui m’ont aidé à être-là, pour ne pas qu’il ait « répression» à leur encontre.

Mais pourquoi avoir gardé le silence pendant 15 jours ? Est-ce que l’on ne va pas vous reprochez de vouloir faire monter la tension en Guinée ? Parce qu’il y a eu des rumeurs qui circulaient sur votre arrestation et même votre mort.

Vous savez du moment où il y a eu une situation qui n’était pas du tout explicable et qu’on ne recherchait pas que des militaires, peut-être que si j’étais là-bas, c’est autre chose qui en serait suivi.

Certains pensent que vous jouez un petit peu la carte de la victimisation de la communauté peuhle, il n’y a pas que des guinéens de cette communauté qui sont aujourd’hui interpellés?

Personnellement, je n’ai jamais cherché à jouer à ce jeu-là, mais je vois les listes, j’entends des noms. Il y a des gens de toutes les communautés qui sont arrêtés et c’est ça le drame de Monsieur Alpha Condé. Il veut dans une certaine mesure polariser les conflits politiques sur les communautés ethniques alors que fondamentalement, il va à l’encontre des intérêts fondamentaux de tous les citoyens de la République de Guinée.

Est-ce que vous avez l’intention de rentrer ou pas ?

Pour le moment, il faut savoir quelles sont les intentions véritables de ce régime. Parce qu’il y a des personnes qui sont arrêtées aujourd’hui, leur sécurité m’interroge et m’interpelle et à partir de là, on verra comment agir pour être efficace.

Le Président de votre parti l’UFDG, Cellou Dalein Diallo est lui aussi à l’extérieur, est-ce qu’il va rentrer?

Je n’ai pas de contacts avec lui. C’est difficile de se prononcer à sa place.

La Société civile va organiser ce mercredi à Conakry une réunion de concertation, est-ce que l’opposition va y participer?

Je pense qu’il faut qu’on soit un peu plus sérieux dans notre pays. On a vu un régime en moins de six mois qui viole la Constitution de la République, qui viole les libertés, qui inquiète les populations. Et, malheureusement, toutes les institutions se sont tues et maintenant, on se retrouve devant un blocage complet, je vois mal comment on pourra se tirer d’affaire d’autant plus que les fils du dialogue sont rompus.

Monsieur Bah Oury, vous avez la réputation d’être très virulent dans vos critiques à l’égard du Président Alpha Condé, est-ce qu’on ne va pas vous suspecter de tenir un discours très revanchard parce que votre leader a perdu les élections présidentielles?

Nous avons été parmi les premiers à dire à notre candidat d’accepter les résultats puisque c’est ça qui allait être dans le sens de la paix et de la sauvegarde de la vie des gens. Mais par la suite, nous nous sommes rendus compte qu’avec la gestion actuelle, nous n’avons pas le droit de rester les bras croisés, le régime, quel qu’il soit amène la Guinée à la catastrophe.

Monsieur Bah Oury, merci!

Transcrits par AfricaLog.com
 

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