Le président ivoirien Alassane Ouattara appelle de nouveau la Cour pénale internationale (CPI) à juger son prédécesseur Laurent Gbagbo pour une partie des crimes qui pourraient lui être reprochés, dans un entretien mardi au Figaro.
"Laurent Gbagbo a été inculpé en Côte d'Ivoire pour crimes économiques avec de nombreux collaborateurs. Le pays a été pillé par son régime", affirme Alassane Ouattara. "Les audits des entreprises publiques, qui seront rendus publics en temps opportun, montrent l'étendue des malversations dans le cacao et le pétrole. Tout cela va cesser", précise-t-il.
Mais le président ivoirien estime que la CPI doit se saisir d'autres crimes imputés à Laurent Gbagbo qui a "refusé le verdict des urnes alors que les élections étaient transparentes et supervisées par les Nations Unies" et qui "a plongé la Côte d'Ivoire dans une crise sans précédent qui a fait des milliers de morts".
"Nous n'avons pas les moyens de juger de tels crimes. Nous avons demandé à la Cour pénale internationale de se saisir de ce dossier. Ce processus est en cours. Je ne veux pas que l'on parle de justice des vainqueurs et que l'on dise que c'est Alassane Ouattara qui a condamné Laurent Gbagbo", ajoute-t-il.
Alassane Ouattara rappelle, dans cet entretien, ses efforts pour la réconciliation entre les Ivoiriens, assurant tenir "un langage de rassemblement parce que l'exemple doit venir d'en haut".
Il affirme que des membres des forces qui l'ont soutenu lors des affrontements qui ont suivi l'élection présidentielle de la fin 2010 seront jugés s'ils ont commis des exactions.
"J'ai mis en place une commission nationale d'enquête qui va terminer ses travaux d'ici à la fin de l'année. Nous prendrons alors les mesures nécessaires. Ceux qui doivent être jugés le seront, de quelque bord qu'ils soient", dit-il.
Alassane Ouattara se trouve à Paris pour la remise mercredi à l'Unesco du prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix, qui porte le nom du premier président de la Côte d'Ivoire indépendante, dont il fut le Premier ministre. – AfricaLog avec AFP