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L'ex-chef de guerre Libérien Prince Johnson soutient Sirleaf pour le 2ème tour

Oct 18, 2011

L'ex-chef de guerre Prince Johnson, arrivé 3ème au premier tour de la présidentielle au Liberia, a annoncé mardi son soutien à la présidente et Nobel de la paix 2001, Ellen Johnson Sirleaf, pour le second tour dans l'espoir d'éviter d'avoir à répondre de ses crimes.

"J'ai décidé de soutenir le Parti de l'unité" (UP) de Mme Sirleaf, première présidente élue d'Afrique en 2005, a déclaré à l'AFP Prince Johnson.

Il a justifié son choix par le fait que le Congrès pour le changement démocratique (CDC) de Winston Tubman, qui sera opposé à Mme Sirleaf au 2ème tour le 8 novembre, souhaite voir juger tous ceux qui ont commis des crimes pendant les guerres civiles au Liberia qui, de 1989 à 2003, ont fait quelque 250.000 morts.

Le parti de M. Tubman "fera tout pour appliquer" les recommandations de la Commission vérité et réconciliation (TRC) sur les crimes commis pendant ces guerres, a-t-il souligné. M. Johnson est cité par la TRC, tout comme la présidente sortante, à des niveaux de responsabilité différents.

"Parce que je ne veux pas aller à La Haye (siège de la Cour pénale internationale, CPI), je préfère m'arranger avec Ellen Johnson Sirleaf, qui a aussi été épinglée par la TRC", a-t-il affirmé.

Interrogé par l'AFP, Winston Tubman a cependant affirmé qu'il était "encore en discussions" avec Prince Johnson. "Je crois qu'il va nous apporter son soutien, les négociations se passent bien et il ne nous a pas encore dit qu'il ne nous soutiendrait pas", a-t-il ajouté.

L'ex-chef de guerre avait indiqué après la publication des premiers résultats que son attitude au second tour était sa "carte maîtresse" et qu'il ne voulait pas se "précipiter" pour choisir.

Prince Johnson a été un chef de milice qui s'est rendu tristement célèbre pour s'être laissé filmer en 1990 savourant une bière pendant que ses hommes torturaient à mort le président Samuel Doe. Il avait lui-même découpé un morceau d'une oreille de M. Doe.

Parmi d'autres crimes, il est également accusé d'avoir tué un travailleur humanitaire devant la presse internationale et la TRC a recommandé qu'il soit jugé pour ces atrocités.

Après 12 ans d'exil au Nigeria, il est rentré chez lui en 2004, en prêchant la paix et la réconciliation. Il avait été élu un an plus tard sénateur de sa région d'origine de Nimba (nord).

Ancien lieutenant de Taylor

La présidente sortante, qui a reçu le prix Nobel de la paix quatre jours avant le premier tour de la présidentielle du 11 octobre, a également été citée dans le rapport de la TRC comme l'une des personnes ne devant pas occuper de postes officiels pendant 30 ans.

Il lui est reproché d'avoir soutenu financièrement à ses débuts l'ancien chef de guerre Charles Taylor, président de 1997 à 2003. Prince Johnson est un ancien lieutenant de Taylor dont il s'est séparé au milieu des années 80 pour fonder son propre mouvement rebelle.

Mme Sirleaf a elle-même reconnu avoir soutenu la rébellion de Taylor contre le régime Doe en 1989, mais est ensuite devenue une de ses plus farouches adversaires.

Elle était également une opposante au régime de Samuel Doe, qui l'avait fait emprisonner à deux reprises, ce que n'a pas manqué de rappeler récemment Prince Johnson. "Mme Sirleaf nous soutenait fortement", a-t-il affirmé.

Lors du second tour de la présidentielle de 2005, Mme Sirleaf l'avait largement emporté dans la région de Johnson, ce qui lui avait permis de battre George Weah, ex-star du football international, aujourd'hui allié de Winston Tubman.

Les recommandations de la TRC n'ont jamais été votées par le Parlement et donc jamais appliquées.

La présidente sortante a obtenu 43,9% des voix au 1er tour, selon les derniers résultats officiels publiés mardi portant sur 99,9% des bulletins de vote, devant Winston Tubman (32,7%) et Prince Johnson (11,6%).

Les scrutins du 11 octobre (présidentielle, législatives et sénatoriales) ont été surveillés par plus de 800 observateurs étrangers qui en ont salué le caractère pacifique, ainsi que la forte mobilisation des électeurs (plus de 71% de participation). –AfricaLog avec AFP

 

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