A l'exemple de son prédécesseur, la présidente du Brésil Dilma Rousseff mise sur le renforcement des relations avec l'Afrique, un continent riche en ressources de plus en plus convoitées par les grandes économies mondiales.
Le mois dernier, Mme Rousseff a effectué son premier voyage sur le continent africain depuis qu'elle a pris ses fonctions en janvier et a visité l'Afrique du Sud, le Mozambique et l'Angola, riche en pétrole.
A la fin du mois, elle prévoit d'envoyer dans ces trois pays une délégation de l'Agence de promotion des exportations, avec des industriels brésiliens en quête d'investissements et d'opportunités commerciales, ont rapporté des fonctionnaires.
Selon un diplomate occidental ayant requis l'anonymat, Mme Rousseff a jusqu'à présent axé son agenda interne sur la lutte contre la corruption et la pauvreté dans ce pays de près de 191 millions d'habitants.
En matière extérieure, le Brésil a donné la priorité aux relations avec ses voisins du Mercosur mais les experts affirment que le géant sud-américain souhaite nouer, à long terme, une association stratégique avec l'Afrique, dans le cadre de sa volonté de devenir la cinquième économie du monde d'ici à 2022, date du bicentenaire de son Indépendance (du Portugal).
Avec plus de la moitié de sa population d'origine africaine, le Brésil est bien placé pour disputer une partie des vastes ressources minérales et ses marchés africains à la Chine, aux Etats-Unis, à la France ou à la Grande-Bretagne, ont souligné des experts lors d'une récente conférence sur les Perspectives du Brésil pour 2022.
Le commerce entre le Brésil et l'Afrique a grimpé de 4,2 milliards de dollars en 2000 à plus de 20 milliards aujourd'hui, avec des exportations de 8,7 milliards de dollars par an (surtout en produits manufacturés) et des importations de 11,6 milliards (surtout de matières premières), d'après les chiffres officiels.
Le prédécesseur de Mme Rousseff et son parrain politique, Luiz Inacio Lula da Silva, a été le premier président du Brésil à reconnaître l'importance de se tourner vers l'Afrique, où il s'est rendu au moins dix fois lors de ses deux mandats (2003-2010). Lors de ces visites, il a rappelé à ses hôtes que le Brésil est le deuxième pays noir du monde, derrière le Nigeria.
"Je pense que Dilma suivra la même politique mais avec moins d'intensité que Lula", a déclaré à l'AFP Pio Penna Filho, expert de l'Afrique à l'Université de Brasilia.
D'après lui, l'Angola, le Nigeria et l'Afrique du Sud sont les pays qui pourraient devenir les partenaires stratégiques du Brésil au cours des prochaines années.
L'Afrique du Sud est partenaire du Brésil aussi bien dans le bloc des pays émergents des BRICS (avec la Russie, l'Inde et la Chine) que dans l'IBSA, qui groupe les trois géants de l'hémisphère sud (avec l'Inde).
L'Angola, pays lusophone, partage des liens culturels avec le Brésil: beaucoup des Brésiliens afro-descendants ont des esclaves angolais pour ancêtres.
Ces six dernières années, Brasilia a octroyé plus de trois milliards de dollars de crédits à l'Angola, essentiellement pour des projets de reconstruction de routes et de ponts après la guerre civile.
Au Nigeria, premier producteur de brut de l'Afrique, la compagnie pétrolière brésilienne Petrobras a investi des centaines de millions de dollars dans les secteurs du charbon, du pétrole, du gaz naturel et en énergies alternatives.
Petrobras est présente également en Angola, au Bénin, en Libye, en Namibie et en Tanzanie.
Parmi les entreprises brésiliennes actives sur le continent africain figurent aussi le constructeur Odebrecht en Angola et le géant minier Vale, qui a ouvert une nouvelle mine de charbon de 1,7 milliard de dollars au Mozambique en mai. Vale prévoit d'investir jusqu'à 20 milliards de dollars en Afrique au cours des cinq prochaines années. – AfricaLog avec AFP