Des réactions attristées ont accueilli mardi l'annonce du décès de Danielle Mitterrand, la veuve de l'ancien président socialiste également connue pour sa vie militante, décédée dans la nuit à l'âge de 87 ans.
Admise vendredi à l'hôpital Georges-Pompidou, à Paris, elle avait été placée en coma artificiel dimanche.
Née le 29 octobre 1924 à Verdun, dans la Meuse, Danielle Mitterrand souffrait de problèmes respiratoires. Elle avait déjà été hospitalisée en septembre.
Femme de conviction, l'ancienne première dame s'est mobilisée toute sa vie contre la pauvreté et pour les droits de l'homme, prenant partie pour les causes kurde et tibétaine. Elle est aussi apparue aux côtés du leader cubain Fidel Castro.
"Avec Danielle Mitterrand, une grande dame vient de disparaître", a déclaré à la presse le candidat du PS à l'élection présidentielle de 2012, François Hollande.
Le député de Corrèze, qui avait vu la défunte cet été, a salué ses combats et son "regard lumineux, exigeant, mobilisé, qui faisait qu'au terme de son existence, elle se battait".
Pour la première secrétaire du PS, Martine Aubry, "Danielle Mitterrand avait la force, la noblesse et la générosité des êtres que l'on pensait éternels".
Le terme de "femme courage" est revenu dans la bouche de plusieurs ténors du PS, tel l'ancien ministre Jack Lang.
Pour Ségolène Royal, Danielle Mitterrand était "une femme remarquable qui a traversé des souffrances, des vicissitudes, des difficultés et qui a toujours su garder la tête haute, donc c'est un exemple aussi pour les femmes".
Le président Nicolas Sarkozy a salué la mémoire d'un être déterminé à "faire entendre la voix de ceux que personne ne voulait entendre".
"A côté d'un destin exceptionnel elle a su faire preuve d'une indépendance d'esprit, d'une volonté et d'une dignité exceptionnelle", dit un communiqué de l'Elysée. "A sa juste place elle a donc su, aussi, servir la France que nous aimons".
Engagé à droite à la différence de sa tante, le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand, a déclaré sur BFM-TV : "On pouvait ne pas être d'accord avec elle, mais on ne pouvait pas ne pas la respecter et ne pas l'estimer".
RÉSISTANCE
Engagée à l'âge de 17 ans dans la Résistance, Danielle Gouze rencontre en 1944 François Mitterrand qui sous le nom de code "François Morland" anime en Bourgogne un réseau de résistance.
En octobre 1944, après la Libération, Danielle Gouze épouse François Mitterrand à Paris. Ils auront trois enfants : Pascal décédé peu après sa naissance, Jean-Christophe et Gilbert.
Elle partagera ensuite sa vie entre la Nièvre, où François Mitterrand est élu député en 1946, et Paris où il entame une carrière ministérielle.
Le 10 mai 1981, après deux échecs en 1965 et en 1974, François Mitterrand est élu président de la République. Danielle Mitterrand devient ainsi "première dame de France".
Contrairement aux épouses des précédents présidents de la République, Danielle Mitterrand s'engage, notamment en politique internationale.
Ses prises de position tiers-mondistes, qui parfois mettront François Mitterrand dans l'embarras, la conduiront à créer en 1986 la fondation France-Libertés, une organisation humanitaire non gouvernementale.
Elle n'hésitera pas non plus à intervenir en politique intérieure, critiquant le Premier ministre de cohabitation Jacques Chirac ou bien encore plus tard, lors du second septennat de son époux, la politique d'immigration menée par Charles Pasqua alors ministre de l'Intérieur.
Après la mort de François Mitterrand en janvier 1996, dont les obsèques seront marquées par la présence à ses côtés de la compagne cachée du défunt, Anne Pingeot, avec laquelle il eut une fille, Mazarine, Danielle Mitterrand continuera de militer.
Au sein de sa fondation mais aussi en prônant le "non" au référendum sur le projet de Constitution européenne en 2005. En 2007, elle soutiendra la socialiste Ségolène Royal durant la campagne présidentielle.
La même année, elle publiait son autobiographie sous le titre "Le livre de ma mémoire". – Avec Reuters