Le président gambien Yahya Jammeh a remporté l'élection présidentielle à tour unique de jeudi avec 72% des voix, le taux de participation ayant été de 83%, a annoncé vendredi à Banjul le chef de la Commission électorale indépendante (IEC).
L'opposant Ousainou Darboe est arrivé deuxième avec 17% des voix, devant Hamat Bah, classé dernier avec 11% des voix, a expliqué à la presse Moustapha Carayol, président de l'IEC, qui a affirmé: «Je déclare par conséquent le président Jammeh vainqueur de l'élection présidentielle de 2011».
Au total, 657 904 électeurs ont voté, sur près de 797 000 Gambiens inscrits, portant le taux de participation à 83%, a indiqué M. Carayol.
Les résultats ont été aussitôt rejetés par Ousainou Darboe, 63 ans, responsable du Parti démocratique uni (UDP), qui a dénoncé des fraudes.
L'UDP rejette avec véhémence et sans condition les résultats" du scrutin, qui "sont faux, frauduleux et constituent une tromperie (...) de la volonté du peuple", a déclaré à la presse M. Darboe.
Après la conférence de presse de l'opposant, des membres de forces de sécurité, en armes, étaient visibles autour de sa résidence, à Banjul.
Leader et candidat de l'Alliance patriotique pour la réorientation et la construction (APRC), Yahya Jammeh, 46 ans, va ainsi effectuer son quatrième mandat de cinq ans à la tête de ce pays de quelque 1,7 million d'habitants.
Porté au pouvoir en 1994 par un coup d'État militaire sans effusion de sang, il avait été élu pour la première fois président en 1996, réélu en 2001 puis en 2006.
Il avait régulièrement affirmé être sûr de sa victoire à la présidentielle de jeudi. «Ai-je l'air d'un perdant? Je ne peux perdre en aucune manière, à moins que vous me disiez que les Gambiens sont fous!», avait-il lancé à la presse après avoir voté.
Ousainou Darboe, avocat de 63 ans, responsable du Parti démocratique uni (UDP, principale formation de l'opposition), se présentait pour la quatrième fois à une élection présidentielle.
Hamat Bah, enseignant de 51 ans reconverti dans l'hôtellerie, est battu pour la troisième fois à la présidentielle. Pour le scrutin de jeudi, il était soutenu par le Front uni, coalition formée par quatre formations de l'opposition: le Parti de la réconciliation nationale (NRP), le Parti pour la démocratie et le progrès de la Gambie (GPDP), l'Alliance nationale pour la démocratie et le développement (NADD) et l'Organisation démocratique pour l'indépendance et le socialisme (PDOIS).
La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CÉDÉAO) avait décidé de ne pas envoyer d'observateurs en Gambie, estimant que les conditions d'une élection «libre, juste et transparente» n'étaient pas réunies.
Yahya Jammeh, qui affirme avoir des «dons» pour guérir divers maux, dont le sida, a régulièrement été critiqué par des ONG pour les violations des droits de l'homme durant son mandat: son régime est accusé notamment de disparitions forcées, d'assassinats, d'exécutions extrajudiciaires et harcèlement de la presse, accusations qu'il a régulièrement balayées.
«Moi, en tant que président, je m'en fous de ce que les autres disent. Ce qui m'importe, c'est le développement de ce pays. (...) En 17 ans, j'ai fait plus que les Britanniques n'ont pu faire en 400 ans», avait encore affirmé l'ex-militaire putschiste jeudi à sa sortie du bureau de vote.
La Gambie est une ancienne colonie britannique. – AfricaLog avec AFP