Le Congrès national africain (ANC), au pouvoir en Afrique du Sud, fêtait dimanche son centième anniversaire avec un grand meeting à Bloemfontein (centre), dont le point d'orgue devait être un grand discours du président Jacob Zuma.
Alors que la presse locale titrait plus que jamais dimanche sur les divisions du parti longtemps dirigé par Nelson Mandela, l'ANC cherchait à donner l'image d'une formation unie autour de Jacob Zuma.
Il devait définir la ligne du parti pour 2012, jusqu'au congrès de décembre au cours duquel il compte bien se succéder à lui-même. Ce qui devrait en principe lui permettre de rester président du pays en 2014.
«Il a déjà montré cette intention, parce qu'aucun autre dirigeant ne doit prendre la parole», critiquait Tefo Labaka, membre de la Ligue de jeunesse de l'ANC, une branche opposée à la direction de M. Zuma. «D'autres intervenants auraient pu lui voler la vedette».
«Nous sommes unis parce que nous devons nous unir pour ce centenaire. Mais je crois que nous serons très divisés après cet événement», ajoutait-il.
Les messages de félicitations arrivaient pour ce centenaire du plus vieux mouvement de libération d'Afrique, du président français Nicolas Sarkozy au Premier ministre David Cameron en passant par le père de l'indépendance zambienne Kenneth Kaunda.
«Plus jamais en Afrique du Sud vous ne verrez ces écriteaux: ''Européens seulement'', ''Non-Européens seulement'', ''Non-Européens et chiens interdits''. Toute l'Afrique du Sud est libre, maintenant. Nous avons notre dignité, en tant qu'êtres humains», a commenté Ahmed Kathrada, un vétéran du parti qui fut emprisonné par les anciennes autorités blanches aux côtés de Nelson Mandela.
La fête avait commencé dimanche par un service oecuménique mélangeant politique et religion dans la petite église de Bloemfontein où fut fondé l'ANC - à l'époque Congrès national indigène sud-africain (SANNC) - le 8 janvier 1912.
Un gros gâteau d'anniversaire
Les célébrations de samedi s'étaient achevées dans cette même église par une petite messe de minuit, après que Jacob Zuma y eut allumé la flamme du centenaire.
Cette flamme bénie par le prix Nobel de la paix Desmond Tutu devait arriver dans l'après-midi au stade de Bloemfontein, avant le discours du président Zuma, puis un spectacle résumant les cent ans de l'ANC en cent minutes. Sans oublier un gros gâteau d'anniversaire.
Le parti attendait 100 000 personnes, une foule habillée des couleurs de l'ANC - jaune, vert, noir - venue de tous le pays en bus ou en trains spéciaux.
Alors que le Free State Stadium - héritage de la Coupe du monde de football de 2010 - se remplissait, sous un soleil de plomb, les différentes factions se faisaient déjà entendre. Avec notamment un bruyant groupe de partisans du président de la Ligue de jeunesse, Julius Malema.
L'activité autour du stade contrastait avec le calme de Bloemfontein, où ne flottait pas spécialement une atmosphère de fête, quand bien même certaines rues ont été pavoisées.
À part un concert ouvert au public samedi et bien sûr la cérémonie au stade de dimanche après-midi, toutes les activités étaient d'ailleurs réservées aux initiés - dignitaires du régime, figure du parti, invités étrangers et journalistes -, et dûment protégées par des cordons de policiers.
Il faut dire aussi que les autorités devaient protéger quelques personnalités: si l'ANC n'a pas réuni 46 chefs d'État comme annoncé, elle en a quand même accueilli une bonne douzaine, notamment le roi du Lesotho voisin ou les présidents du Congo, de Madagascar, du Mozambique, de Namibie, de l'Ouganda ou de Zambie.
Icône de l'ANC, l'ancien président Nelson Mandela, âgé de 93 ans et dont la santé est fragile, n'a pas fait le déplacement. Mais la direction de l'ANC espérait qu'il pourrait enregistrer un message d'anniversaire.
La fête avait débuté vendredi par un tournoi de golf et s'était prolongée samedi avec des sacrifices traditionnels pour s'attirer les bonnes grâces des ancêtres, un spectacle de chants et danses et un dîner de gala. – AfricaLog avec agence