Nicolas Sarkozy a annoncé dimanche les dernières réformes de son mandat pour tenter de renverser la tendance face au socialiste François Hollande, largement favori de la prochaine présidentielle en France, se posant quasiment en candidat sans en faire la déclaration formelle.
«J'ai un rendez-vous avec les Français, je ne m'y déroberai pas, et franchement, ça approche». Au bout d'une heure d'émission télévisée retransmise par plusieurs télévisions, le chef de l'État a, comme jamais, confirmé la conviction du monde politico-médiatique qu'il briguerait un second mandat aux scrutins des 22 avril et 6 mai.
Disant être dans un état d'esprit «déterminé», il a cependant a refusé d'officialiser cette candidature, se contentant de relever qu'il y avait «une date limite» qui est fixée au 16 mars.
Dimanche, il a préféré se présenter en président «responsable» pour relancer le match face à François Hollande, donné gagnant à la présidentielle avec 60% des voix (sondage CSA), et montrer que jusqu'au bout il était capable de prendre des mesures impopulaires mais nécessaires selon lui pour sortir le pays de la crise.
Comme prévu, il a annoncé une augmentation à compter du 1er octobre de la TVA de 1,6 points de pourcentage à 21,2% pour compenser un allègement des charges sociales pesant sur les entreprises et doper la «compétitivité», surtout dans l'industrie.
L'objectif de cette TVA dite sociale est d'alléger le coût du travail en faisant financer par les consommateurs une partie de la protection sociale, actuellement à la charge des seuls employeurs et travailleurs.
Cette réforme, qui va amputer le pouvoir d'achat, suscite de nombreuses critiques.
Samedi, François Hollande a dénoncé «un mauvais principe et un mauvais instrument». Dans la majorité aussi, ministres et députés s'inquiètent des effets d'une mesure qui pourrait coûter des sièges aux législatives de juin. «C'est un suicide politique», a soupiré le député du parti de la majorité UMP Lionnel Luca.
Le président français a également annoncé que la France se doterait en août d'une taxe de 0,1% sur les transactions financières. Il s'agit par cette taxe de créer un mécanisme destiné à la fois à décourager la spéculation et à apporter de nouvelles ressources fiscales.
«Ce que nous voulons c'est provoquer un choc, montrer l'exemple», a-t-il expliqué. «Il est évident qu'à la minute où l'Europe se sera dotée d'une taxe, nous rejoindrons le groupe européen».
Nicolas Sarkozy, qui a aussi annoncé des mesures en faveur du logement et des jeunes, espère de ce paquet un choc positif dans l'opinion et s'ériger en président du «courage». Un peu à l'image de l'ex-chancelier allemand Gerhard Schröder, qui avait lancé dans les années 2000 une série de mesures impopulaires pour muscler l'industrie et redresser les finances de son pays, avant d'être battu de justesse par Angela Merkel en 2005. Par deux fois, M. Sarkozy a d'ailleurs fait allusion à M. Schröder lors de sa prestation.
Le président vient de traverser une passe particulièrement mauvaise avec la perte il y a une quinzaine de jours de la note AAA chez Standard and Poor's, l'un des trois grandes agences de notation, et la publication des plus mauvais chiffres du chômage en 12 ans (le taux frôle la barre des 10%), tandis que le pays entre en récession.
Il doit aussi faire face à la relance réussie de la campagne de François Hollande, qui a marqué des points sur sa crédibilité après avoir organisé son premier grand meeting, annoncé son programme et participé à une émission télévisée.
De la réforme des retraites à la réduction des dépenses publiques, Nicolas Sarkozy en a ainsi profité pour louer son bilan à la tête de la France, qui «jamais dans son histoire ne s'est trouvée dans cette situation de crise», a-t-il dit.
S'il a refusé de s'épancher sur ses «états d'âme» comme il l'a fait récemment devant des journalistes, il a reconnu une fois de plus avoir des «regrets». «Est-ce que je m'en expliquerai ? Oui», a-t-il promis. – AfricaLog avec agence