Président sortant de la Commission de l'Union africaine (UA) et candidat à sa propre succession face à la Sud-africaine Nkosazana Dlamini-Zuma, le Gabonais Jean Ping a dressé dimanche à l'ouverture du 18e sommet de l'organisation, le bilan de son premier mandat mené dans des conditions parfois difficiles mais ponctué de succès.
Sous son mandat inauguré en 2008, la Commission de l'UA "a su conforter son leadership dans la gestion des crises qui continuent d'affliger le continent", a souligné l'ex-ministre gabonais des Affaires étrangères en présence de plus d'une vingtaine de chefs d'Etat présents dans la capitale éthiopienne pour leur premier sommet annuel de l'année 2012.
A titre d'illustration, les initiatives prises pour la stabilisation de la Somalie, le renforcement des relations entre le Soudan et le Sud-Soudan, et la lutte contre la rébellion ougandaise de l'Armée de libération du Seigneur (LRA) représente à son avis un motif de satisfaction pour une tâche qui, au départ, " n'avait rien de facile".
Pour Jean Ping, pour le première fois des deux décennies, "une véritable perspective de sortie de crise" se dessine en Somalie, où "plusieurs de nos soldats, de jeunes Burundais et Ougandais, mais aussi Kenyans et Ethiopiens, œuvrant aux côtés de leurs frères somaliens, ont fait le sacrifice suprême au service de la paix et de la réconciliation".
"En Somalie, la force de soutien à la paix de l'UA a accompli, dans des conditions particulièrement difficiles, un travail dont toute l'Afrique doit être fière. Jamais les perspectives de paix n'ont paru aussi grandes en Somalie", a martelé le chef de l'instance exécutive de l'UA.
Preuve des efforts de la Commission de l'UA dans le règlement des crises et des conflits sur le continent, la Somalie a connu le déploiement par la Brigade régionale de l'Afrique de l'Est, d'officiers d'état-major auprès de la Mission de l'Union africaine en Somalie (Amisom).
"Il s'agit du tout premier déploiement d'éléments de la Force africaine en attente, qui atteindra sa pleine capacité opérationnelle en 2015", a précisé Jean Ping pour qui, par ailleurs, "le Burundi, la République centrafricaine, les Comores, la République démocratique du Congo et le Liberia, malgré les difficultés et quelquefois les reculs, ont franchi des étapes décisives dans leur quête d'une paix durable".
Le Soudan avec son voisin nouvellement indépendant du Sud- Soudan, la Côte d'Ivoire et le Darfour (vaste province occidentale soudanaise) avec l'adoption d'un accord de paix à Doha au Qatar sont d'autres terrains d'intervention de la Commission de l'UA, a en outre démontré Jean Ping, citant en plus les pays affectés par les atrocités de la LRA et ayant lancé une initiative régionale en vue de l'élimination de ce groupe terroriste.
"Pour consolider les gains enregistrés, a-t-il dit, la Commission a intensifié ses efforts dans le domaine de la reconstruction et du développement post-conflit. En particulier, nous avons dépêché, dans les différents pays concernés, des missions d'évaluation des besoins pour ouvrir la voie au lancement d'une Initiative africaine de solidarité".
"Il s'agit d'une démarche novatrice visant à mobiliser, au sein du continent, une assistance multiforme en faveur des pays sortant de conflits. Il s'agit de faire en sorte que "l'Afrique aide l'Afrique". Cette Initiative sera formellement lancée par une conférence de solidarité à Lilongwe (au Malawi, ndlr), en marge du prochain sommet de notre Union", a-t-il poursuivi, comme s'il se situait dans la perspective de sa réélection.
Elu en 2008 pour un premier mandat de quatre ans suite à la décision de se retirer de l'ex-président malien Alpha Oumar Konaré pour des divergences de vues avec les leaders africains, l'ex- ministre gabonais dont la candidature pour sa réélection est une fois de plus soutenue au premier chef par l'Afrique centrale, sa région d'origine, est rivalisé par la ministre sud-africaine de l'Intérieur, Nkosazana Clarice Dlamini-Zuma, ex-épouse du président Jacob Zuma.
La campagne est apparue ces deniers temps acharnée avec l'intensification par l'Afrique du Sud de son offensive diplomatique témoignée dans nombre de capitales africaines par l'envoi d'émissaires en vue de s'offrir des soutiens. Au 18e sommet de l'Union africaine à Addis-Abeba, le président Zuma et sa ministre des Affaires étrangères Maite Nkoana-Mashabane multiplient les contacts. Secret et à la majorité des deux tiers des Etats membres de l'UA ayant droit de vote, soit 36 voix requises sur 53 pays, le scrutin pour départager les deux candidats est annoncé lundi matin entre 9h00 et 13h00 locales ( 6h00 et 10h00 GMT), selon des sources de la Commission. Les observateurs prédisent une bataille serrée qui pourrait se dénouer au moins au second tour, en raison d'une "campagne agressive" menée par l'Afrique du Sud. – AfricaLog avec agence