Déjà en campagne sans le dire depuis plusieurs semaines, Nicolas Sarkozy officialisera mercredi son entrée dans la course pour la présidentielle française des 22 avril et 6 mai, duel annoncé entre lui et le socialiste François Hollande, largement favori dans les sondages.
Il est «temps que cela arrive (...). Je préfère qu'il entre en campagne et que les choses deviennent claires»: comme le centriste François Bayrou, les candidats déclarés à la présidentielle, et leur entourage, se félicitent de l'annonce imminente de la candidature de Nicolas Sarkozy, marquant le début de la phase active de la campagne.
La candidature de Nicolas Sarkozy était certes un secret de polichinelle, mais la date précise et la forme de la déclaration ont fait l'objet de spéculations entretenues par son entourage.
Jusqu'à ce qu'une source proche de la présidence annonce que c'est bien mercredi soir que le chef de l'État annoncera sa candidature sur la chaîne de télévision privée TF1.
Le président espère ainsi voler la vedette à son adversaire socialiste, François Hollande, qui tiendra au même moment une grande réunion publique, la deuxième du genre, à Rouen (nord-ouest), sa ville natale.
«Chacun savait déjà qu'il était candidat, ça ne change rien à la situation, ça ne change rien à ma propre campagne», a aussitôt réagi François Hollande.
L'annonce de candidature de Nicolas Sarkozy devrait être suivie jeudi d'un premier déplacement en province, à Annecy (centre-est), avant une première grande réunion de campagne dimanche à Marseille (sud-est).
La ministre de l'Écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, 38 ans, une des étoiles montantes de la droite, sera la porte-parole de campagne de Nicolas Sarkozy, selon la source proche de la présidence.
«Quel que soit le moment de sa déclaration, le président de la République entame l'une des reconquêtes les plus difficiles» pour un président sortant, soulignait mardi le quotidien Le Figaro (droite).
En effet, après avoir envisagé de ne se déclarer qu'à la dernière minute, mi-mars, à peine plus d'un mois avant le premier tour, comme l'avait fait avec succès en 1988 l'ancien président socialiste François Mitterrand, Nicolas Sarkozy a dû changer sa stratégie et accélérer son calendrier.
Avec 25% des intentions de vote au premier tour, il ne décolle pas dans les sondages. Il est encore donné largement distancé par François Hollande (30%), et il reste menacé par la candidate d'extrême droite Marine Le Pen (17,5%).
Et au deuxième tour, il est sévèrement battu par le candidat socialiste (57,5%), selon une enquête de l'institut Ifop publiée mardi.
Esquissant les grandes lignes de son programme, Nicolas Sarkozy a donné la semaine dernière le ton de sa ligne politique pour l'élection: opposition au droit de vote des étrangers hors Union européenne, refus du mariage homosexuel, réforme restreignant les droits des chômeurs, appel aux valeurs du travail, de la famille.
Il a aussitôt été accusé par ses adversaires de «braconner sur les terres de la droite extrême». Et François Hollande en a profité pour mieux marquer sa différence.
«Le rôle d'un candidat, ce n'est pas de faire du bruit, ce n'est pas de diviser, ce n'est pas de stigmatiser, ce n'est pas d'opposer, ce n'est pas de désigner un adversaire en plus dans le pays», a-t-il commenté, promettant de nouveau, s'il était élu, de «réunir tous les Français».
À l'approche de sa candidature, le président sortant a enregistré lundi le ralliement de Christine Boutin, représentante du courant de la droite chrétienne, qui a salué les «valeurs» communes qu'elle porte avec le président. Un autre ralliement à droite est attendu dans les prochains jours, celui de l'ancien ministre de la Défense Hervé Morin (centre-droit). – AfricaLog avec agence