Les enquêteurs poursuivaient vendredi leurs saisies records dans le somptueux hôtel particulier parisien, véritable "caverne d'Ali Baba", longtemps propriété de la famille du président de Guinée équatoriale Teodoro Obiang Nguema, dans le cadre de l'affaire des "biens mal acquis".
Sur les cinq étages de cette immense propriété de plusieurs milliers de m2 avenue Foch (XVIe), ils continuaient vendredi après-midi de recenser et placer sous séquestre mobiliers de prestige et biens précieux, tels des grands crus (Petrus, Romanée Conti..) d'une valeur de plusieurs milliers d'euros la bouteille.
Entamé mardi, le travail de fourmi des enquêteurs pourrait se prolonger la semaine prochaine pour une perquisition qualifiée de "record" par sa durée par des sources judiciaires et policières.
Les enquêteurs sont tombés sur "une caverne d'Ali Baba", selon l'expression de l'un d'entre eux. Ils ont saisi une horloge d'une valeur de trois millions d'euros, a ainsi révélé une source proche de l'enquête.
L'hôtel particulier, riche de 101 pièces, est évalué à plus de 500 millions d'euros et l'ensemble du mobilier pourrait dépasser les 40 millions d'euros.
L'opération est conduite par les deux juges d'instruction chargés du dossier des biens mal acquis et des policiers de l'Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF).
Les juges Roger Le Loire et René Grouman enquêtent depuis décembre 2010 sur les conditions dans lesquelles trois chefs d'Etat africains, Denis Sassou Nguesso du Congo, Teodoro Obiang Nguema et le défunt président gabonais Omar Bongo Ondimba, ont acquis un important patrimoine immobilier et mobilier en France. Une affaire surnommée des "biens mal acquis".
Les enquêteurs soupçonnent que ces biens ont été acquis à partir de détournements de fonds publics. En septembre 2011, la justice avait déjà saisi onze voitures de luxe (Ferrari, Bugatti, etc.) de Teodorin Obiang, fils du président équato-guinéen-guinéen dans ce même hôtel particulier de l'avenue Foch.
Ils ont obtenu récemment de pouvoir enquêter sur les acquisitions réalisées par les chefs d'Etat et leurs proches après le dépôt de la plainte en 2008 par l'ONG Transparency International France.
La saisie en cours est vivement contestée par la Guinée Equatoriale, la présidence ayant fait part jeudi de sa "totale indignation" devant ce qu'elle estime être une "illégitime persécution".
Les avocats du président et de son fils ont également protesté, estimant que l'immeuble n'était plus propriété de la famille du président depuis octobre et qu'il appartient désormais à l'Etat équato-guinéen.
"C'est une mission diplomatique. Nous contestons absolument les opérations qui sont en train de s'y dérouler", avait déclaré mardi Me Olivier Pardo, avocat du président Obiang.
Le Quai d'Orsay avait assuré que "cet appartement relève du droit commun".
Considéré comme un des chefs d'Etat les plus riches du monde, Teodoro Obiang, 69 ans, dirige d'une main de fer depuis 1979 son petit pays, troisième producteur de pétrole d'Afrique subsaharienne, mais dont la majorité de la population est dans la pauvreté.
Pressenti par son père pour lui succéder, Teodorin fait depuis plusieurs années l'objet d'enquêtes pour blanchiment et corruption aux Etats-Unis, où ce quadragénaire a longtemps mené une vie de playboy fortuné en Californie.
De son côté, le département américain de la Justice avait annoncé en octobre "la confiscation de 70 millions de dollars d'actifs appartenant à Teodorin en Californie, dont un domaine de 30 millions de dollars à Malibu, un jet de 38,5 millions de dollars, plusieurs voitures de luxe", ainsi "qu'un gant blanc couvert de cristaux de Michael Jackson". – AfricaLog avec agence