L'ambassadeur russe à l'ONU a accusé mercredi le gouvernement libyen d'abriter un camp d'entraînement pour des rebelles syriens qui ont mené des actions contre le régime de Damas.
«Nous avons reçu des informations selon lesquelles il existe en Libye, avec le plein soutien des autorités, un centre d'entraînement spécial pour des rebelles syriens; ces personnes sont ensuite envoyées en Syrie pour attaquer le gouvernement en place», a lancé Vitali Tchourkine lors d'une réunion du Conseil de sécurité dédiée à la Libye, en présence du Premier ministre par intérim Abdel Rahim al-Kib.
«Cette situation est totalement inacceptable sur le plan légal et de telles activités sapent la stabilité au Moyen-Orient», a renchéri l'ambassadeur provoquant la fureur du responsable libyen.
Le diplomate a par ailleurs souligné que son pays était certain que l'organisation extrémiste «Al-Qaïda est présente en Syrie». «D'où cette question à présent: est-ce que l'exportation de la rébellion (syrienne) va se transformer en une exportation du terrorisme?»
La Russie, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU et alliée de Damas, tout comme la Chine, a déjà bloqué deux résolutions des Occidentaux condamnant la répression de la rébellion par le régime de Bachar al-Assad.
Selon un nouveau bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les violences dans le pays ont fait 8458 morts depuis le début de la révolte il y a un an.
M. Tchourkine a par ailleurs demandé une nouvelle fois que l'OTAN présente ses excuses pour des attaques lancées l'an dernier contre le régime de Mouammar Kadhafi en Libye et qui s'étaient soldées par la mort de civils.
Mais le Premier ministre libyen a assuré que l'enquête avait déjà été menée, ajoutant: «Cette question, qui touche au sang des Libyens, ne devrait pas devenir une affaire de propagande politique utilisée par un pays contre un autre».
«J'espère, a-t-il dit, qu'on n'évoque pas cette question pour empêcher la communauté internationale d'intervenir dans les affaires d'autres pays où la population est massacrée», a-t-il ajouté en réference implicite à la Syrie.
Le premier ministre libyen n'a pas répondu aux accusations russes sur l'entrainement des opposants syriens.
L'ambassadrice américaine Susan Rice a déclaré à la presse que «la Russie, un des principaux fournisseurs d'armes à la Syrie, ne manque pas d'air d'accuser la Libye ou tout autre pays de vendre des armes sans discernement à l'opposition -- si c'est bien en fait la vérité».
La Russie devrait «commencer par examiner sa propre responsabilité» dans le dossier syrien, a-t-elle ajouté.
La Libye a annoncé fin février une aide humanitaire de 100 millions de dollars aux Syriens pour soutenir leur combat pour la liberté contre «le régime dictatorial» de Bachar al-Assad. – AfricaLog avec agence