Le président de la CENI, Lounsény Camara note des «avancées significatives». Alors que l’opposition politique continue à réclamer sa démission à la tête de la Commission électorale nationale indépendante, CENI, Lounsény Camara multiplie ses sorties médiatiques pour promouvoir le processus électoral. Après sa conférence du 1er mars dernier, le Président de l’organe chargé des élections et du Référendum en Guinée est sorti ce 2 avril, pour faire le bilan à mi-parcours des activités de la CENI qui devront aboutir, selon lui, à la tenue des élections législatives le 8 juillet prochain.
Durant le mois de mars beaucoup d’activités ont été réalisées. Il y a eu «un léger retard» par rapport à certaines activités mais il y a des «avancées significatives», a indiqué le président de la CENI qui a également rassuré que la date du 8 juillet sera respectée par l’institution qu’il pilote pour la tenue des élections législatives. Il martèle que la CENI «ne fixe pas une date pour le simple plaisir de la fixer. On ne fonctionne pas comme un roitelet. Tout ce que nous disons, vient de la base» et de promettre de venir annoncer que la date du 8 juillet ne sera pas tenable lorsqu’il l’aura constaté au moment opportun. A l’heure actuelle, il rassure qu’avec le rythme actuel, malgré le retard de deux mois enregistrés suite à la tenue du dialogue politique inclusif du 27 janvier 2011 au 22 février 2012 qui a interrompu ses activités, la CENI organisera le scrutin législatif à la date du 8 juillet 2012.
«Nous mesurons à sa juste valeur, l’espoir que le peuple, le gouvernement et la classe politique fondent sur nous pour l’organisation d’élections, libres transparentes et crédibles en vue de mettre fin à cette Transition qui n’a que trop duré», a réitéré le Président de la CENI.
Le budget de la CENI estimé à 260 milliards de francs guinéens serait même disponible. En tous cas le Président de la CENI a déclaré que le Ministre des Finances, Kerfalla Yansané, l’a rassuré de la disponibilité de 97 milliards dans la Loi de finance dans son volet «Elections». Or, des leaders politiques de l’opposition ont récemment déclaré que la Loi de Finances n’avait pas inscrit dans le budget électoral un montant pour la CENI. Ce qu’a démenti catégoriquement le Président de la CENI.
Quel est le niveau de décaissement des fonds alloués à la CENI?
«Epargnez-moi de cette question» a répondu, Lounsény Camara. Lequel a égrené les activités qui auraient été réalisées par son institution. Il s’agit entre autres de la mise en place d’un dispositif structurel et opérationnel de conduite du processus avec la participation des partis politiques et des partenaires. Le dispositif structurel comprendrait une cellule technique d’action de suivi du processus électoral qui a pour tâche d’analyser toutes les questions essentielles liées au processus, de les étudier, de les analyser et de les soumettre à la plénière de la CENI ou à son bureau pour adoption. Il existe également une cellule de communication, de sensibilisation et d’information chargée de la conception et de la diffusion de la politique de communication de la CENI sur ces différents domaines. M. Camara a indiqué qu’il y a aussi une cellule de formation et d’accréditation qui a pour objectif de renforcer les capacités techniques et organisationnelles de l’ensemble des acteurs du processus électoral. Dans ce domaine, Lounsény Camara souligne que la CENI travaille avec les représentants de la mouvance, du centre et des partenaires techniques, mais «nous attendons toujours ceux de l’opposition, notamment ceux du Collectif et de l’ADP.»
Il dit avoir procédé à un léger réaménagement des démembrements de la CENI à travers le pays, mais «sans pour autant déranger la représentativité de base qui a prévalu à leur mise en place en 2008». Cela serait conforme à «la loi et des contraintes liées à une parfaite organisation des élections législatives», argue Lounsény Camara. Mais l’opposition réunie au sein du Collectif des partis politiques pour la finalisation de la Transition et de l’Alliance pour la Démocratie et le Progrès continuent à accuser l’administration d’Alpha Condé et la CENI d’avoir complètement remplacé leurs représentants au sein des démembrements de la CENI au niveau des préfectures, sous-préfectures et communautés rurales du pays.
Toujours est-il que, l’activité aura été rendue possible grâce au soutien du Ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation, MATD. S’agissant de la mise en place des CARLE (Commission administrative de révision des listes électorales), le président de la CENI a souligné que la loi guinéenne indique que ce sont les partis engagés qui désignent leurs représentants dans lesdites commissions. «Mais ne connaissant pas à ce jour ces partis engagés, nous avons demandé aux alliances de désigner leurs représentants pour le compte des différents blocs», a-t-il dit, avant d’évoquer l’obtention de 2050 kits et accessoires octroyés à la CENI par le gouvernement.
Il soulignera que l’opposition a appelé les leaders politiques de l’ADP et du Collectif à s’impliquer dans le processus au lieu de s’écarter et attendre le lendemain des législatives pour contester les résultats.
Lounsény Camara a indiqué qu’une revue du découpage administratif a été opérée par une mission conjointe du ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation et de la Commission électorale nationale indépendante. «Cette opération répondait au soucis de la CENI de créer une relation fonctionnelle entre l’organisation territoriale et le découpage électoral dont le but est de rapprocher l’électeur de son bureau de vote», soutient le président de la CENI.
M. Camara a fustigé les critiques acerbes menées contre le représentant résident du PNUD, Anthony Kwaku Boamah-Ohemeng, que l’opposition soupçonne de rouler pour le pouvoir en appuyant techniquement et financièrement la CENI sans la consulter. Certains opposants ont carrément accusé le patron du PNUD-Guinée de militer au RPG-Arc-en-ciel. Mais Lounsény Camara a demandé aux critiques de bien vouloir épargner «ce partenaire qui a tout abandonné pour venir aider la Guinée. Soyons humble de ne pas cracher sur le visage des partenaires», a-t-il plaidé en faveur du diplomate. Avant de condamner fermement ce qu’il a appelé campagne de dénigrement contre le Système des Nations-Unies en Guinée, à travers le Représentant résident du PNUD.
L’Audit du fichier électoral?
C’est une opération qui aurait été rendue possible grâce au concours du PNUD qui a lancé un avis d’appel d’offre auquel dix-sept experts ont soumissionné, mais trois d’entre eux ont été sélectionnés et mis à la disposition de la CENI. «L’audit est aujourd’hui en cours et un premier rapport est déjà disponible. Ce rapport, obéissant aux exigences des accords entre la mouvance, l’opposition et le centre contenus dans les recommandations du cadre de dialogue politique inclusif, a examiné minutieusement la fiabilité du fichier existant, son intégrité, sa sécurité et sa transférabilité.»
Lounsény Camara accuse: «Pendant le dialogue, le comité de rédaction du guide d’élaboration des TDR en vue de l’audit du fichier électoral avait recommandé le choix du PNUD comme institution chargée de la présélection des auditeurs du fichier. Ce comité comprenait entre autres : Dr Zalikatou Diallo, Dr Faya Millimono, M. Camara Abdoulaye, M. Mbemba Kamano, tous du Collectif et de l’ADP. Nous comprenons aujourd’hui très mal que les mêmes (Collectif et ADP, ndlr) s’en prennent aussi violemment au même PNUD à travers le coordonnateur du système des Nations Unies en Guinée pour son appui technique à la CENI.» Et de s’interroger : «Qui avait sélectionné la SAGEM? Qui avait signé le contrat de SAGEM en lieu et place du gouvernement ? Nous pensons quant à nous, que le PNUD n’a fait que ce qu’on lui a demandé de faire dans le strict cadre de sa mission d’assistance technique à la CENI», martèle Lounsény Camara.
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