L'ex-Premier ministre camerounais Inoni Ephraïm et l'ancien ministre de l'Administration territoriale et de la Décentralisation (Intérieur) Marafa Hamidou Yaya ont été arrêtés et écroués lundi à Yaoundé dans deux affaires distinctes de corruption.
De sources judiciaires, l'ex-chef de gouvernement devrait répondre des faits de malversations financières dans le cadre d'une transaction pour le compte de la défunte compagnie aérienne Camair.
De son côté, l'ancien ministre de l'Intérieur a été écroué dans le cadre de l'affaire Albatros, du nom d'un avion présidentiel acquis à grands frais, et qui avait présenté des défaillances peu après son acquisition en 2004.
M. Inoni Ephraïm, qui a été auditionné par un juge d'instruction avant d'être transféré à la prison, est le premier ex-Premier ministre à être écroué dans le cadre de la campagne de lutte contre la corruption au Cameroun, l'opération Epervier.
Avant lui, deux anciens patrons de la Camair, Paul Gamo Hamani et Yves Michel Fotso, avaient été arrêtés puis inculpés de détournement de fonds publics respectivement en 2009 et 2010.
M. Marafa, quant à lui, limogé de son poste de ministre lors du remaniement gouvernemental de décembre 2011, avait précédemment occupé le poste stratégique de secrétaire général à la présidence. Il y avait précédé Jean-Marie Atangana Mebara, arrêté en 2008 dans le cadre de la même affaire Albatros et dont le procès, en mars, est en attente de jugement.
Membre très influent du régime du président Paul Biya, 79 ans, au pouvoir depuis 1982, M. Marafa a été présenté à un moment par la presse camerounaise comme son dauphin.
Le Boeing présidentiel, vieux et en mauvais état selon une enquête officielle, s'était révélé défaillant dès son vol inaugural entre Douala, la capitale économique, et Paris, en 2004, alors qu'il transportait la famille présidentielle. M. Biya avait dû emprunter un autre appareil pour le trajet de retour.
Pressé par les bailleurs de fonds internationaux, le gouvernement camerounais a lancé en 2006 une campagne de lutte contre la corruption dans le cadre de laquelle plusieurs personnalités, dont dix anciens ministres (M. Marafa compris), ont été arrêtées et condamnées, pour certaines, à de lourdes peines de prison. Un des ex-membres du gouvernement est décédé en détention.
Au Cameroun, certains détracteurs de cette opération l'assimilent à une action d'épuration politique ciblant principalement les personnalités qui visent la présidence. Mais pour le gouvernement, elle s'inscrit dans une démarche d'assainissement des moeurs des gestionnaires publics. Elle ne saurait en aucune façon être assimilée à une opération de nature politique. – AfricaLog avec agence