Comment la Présidence de la République a-t-elle accueilli cette victoire? Le Chef de cabinet du Président de la République et porte-parole de la présidence s’empresse de donner, avant le message traditionnel de félicitations du Président Alpha Condé, l’espérance guinéenne.
- Naby Youssouf Kiridi Bangoura: Déjà, le premier principe qu’il faut observer chez le Professeur Alpha Condé, c’est la non ingérence dans les affaires intérieures d’un pays quel qu’il soit. Aussi important soit le pays comme la France. Et c’est une règle générale des relations internationales que le Président de la République observe.
Par ailleurs, monsieur le Président de la République est un leader de longue date de l’internationale socialiste. A travers cette organisation et à travers tout son parcours politique, il a des liens spécifiques avec tous les partis d’obédience socialiste et socio-démocrate de par le monde dont le parti socialiste français. Et, en tant que dirigeant du Rassemblement du Peuple de Guinée, il a rencontré plusieurs fois le Président François Hollande qui, lui-même, dirigeait le Parti Socialiste français. Et je sais qu’en cela, il y a une communauté de vues de la manière dont on doit établir l’équité et la coresponsabilité dans la gestion des affaires du monde et le respect de la sécurité de chaque Etat mais aussi le partage des valeurs universelles dans les relations internationales.
- Alpha Condé, un interlocuteur dans les relations entre l’Afrique et la France?
Par contre, il se peut que spécifiquement, le Président de la République de Guinée aujourd’hui, a des relations de compagnonnage politique avec ceux qui sont arrivés aux affaires en France à partir d’hier [dimanche, 6 mai 2012, ndlr]. Et en cela, le Président peut être un bon interlocuteur pour que la France comprenne mieux les enjeux du développement en Afrique, l’impact de la mondialisation sur l’Afrique, la démocratisation de l’Afrique mais aussi le respect des intérêts propres aux pays francophones ou non.
- La Guinée entend-elle jouer un rôle particulier en cette nouvelle phase?
- Naby Youssouf Kiridi Bangoura: Je crois que c’est en cela que l’arrivée au pouvoir du Président François Hollande peut permettre à la Guinée de jouer un nouveau rôle dans les relations franco-africaines.
Encore une fois, les relations d’Etat sont basées sur des principes qui sont connus. Les Etats ont des intérêts. La Guinée et la France ont des intérêts partagés dans beaucoup de domaines et le rapprochement ou la proximité entre les deux Chefs d’Etat va faciliter la gestion de ces intérêts communs et de ces valeurs communes. Mais quand deux Chefs d’Etat se connaissent, quand deux Chefs d’Etat ont travaillé ensemble sur des valeurs, sur des projets ; quand ils sont amenés à ce niveau-là de s’occuper des mêmes dossiers, c’est vrai, les choses vont plus facilement.
Les intérêts des pays sont autant dans la gestion des problèmes intérieurs que dans la gestion des problèmes extérieurs. C’est la France qui déterminera ses propres intérêts et son propre agenda, comme la Guinée l’a déjà fait. Maintenant s’il y a convergence de vues et d’intérêts dans ces agendas-là, c’est ce qui amènera les deux Chefs d’Etat à utiliser leurs connaissances mutuelles, l’un de l’autre, pour aller plus vite.
- Quelle attente de la Guinée avec l’arrivée de François Hollande au pouvoir?
- Naby Youssouf Kiridi Bangoura: Encore une fois, nous n’attendons de la France que ce que nous attendons de tous les pays du monde: le respect des valeurs communes et aussi le partage d’une certaine vision des relations entre l’Afrique et l’Europe, entre la France et la Guinée.
Et je crois qu’il n’y a pas de rêve ou d’attentes particulières de notre côté. Il y a simplement la volonté de saisir une opportunité pour approfondir les relations entre la France et la Guinée, entre l’Afrique et l’Europe et mieux défendre la présence africaine dans le débat mondial, mieux défendre la position de l’Union Africaine et de la CEDEAO face à la France, face à l’Europe, face aux Nations Unies.
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