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Jean-Marie Doré critique Lousény Camara

May 16, 2012

«Je prie le Chef de l’Etat, de ne pas faire en sorte que Lousény Camara apparaisse aux yeux des gens, une valeur supérieure à celle de la paix civile guinéenne…», dixit Jean-Marie Doré.

Lors de sa longue conférence de presse du 14 mai, Jean-Marie Doré, l’ancien Premier ministre de la Transition et président de l’UPG (Union pour le progrès de la Guinée), s’est montré très critique à l’endroit du président de la CENI (Commission électorale nationale indépendante), a constaté AfricaLog.com à Conakry.

En effet, Il a affirmé que la configuration actuelle de l’organe chargé des élections politiques et du referendum en Guinée est dépassée. Il n’a pas manqué de lancer un appel au Président guinéen, Alpha Condé, d’user de ses prérogatives en faveur de la paix civile nationale. Auparavant, Jean-Marie Doré a abordé notamment le sujet de la CENI et s’en est beaucoup expliqué en ces termes: «Au moment où nous mettions la CENI en place, nous étions dans le régime de Lansana Conté. Le PUP avait dix membres et l’ensemble des autres partis non alliés au PUP avait dix. Mais vous savez, le pouvoir exerce sur les hommes un certain attrait qui amenuise chez certains, la réflexion. Dès que Monsieur Alpha Condé a prêté serment, beaucoup des membres de la CENI ont viré au RPG-Arc-en-ciel. Donc, la CENI a perdu son caractère paritaire. Or, la CENI n’est la CENI que si elle a une structure paritaire».

Le président de l’UPG déclare que le président contesté de la CENI contre lequel il n’a pas manqué d’accuser d’avoir contribué à compliquer davantage les problèmes au sein de la CENI. Il l’a dit en rappelant qu’au regard des multiples critiques de l’opposition contre les décisions unilatérales de la CENI, Lousény Camara a toujours dit qu’il n’a même pas besoin des partis politiques pour organiser les élections. M. Doré pense que «ça, ce n’est pas normal! Lousény, c’est mon parent. Je l’aime beaucoup, mais, je condamne ce qu’il a dit. La CENI est le sous-produit inachevé du reste de la réflexion, la démarche et de l’effort continu des partis politiques depuis le 3 avril 1992, date des premiers agréments des partis politiques», a tenu à préciser l’ex Premier Ministre.

Abordant l’indépendance de la CENI, Jean-Marie Doré croit que celle-ci n’est point étrangère aux formations politiques dont il est l’un des leaders. «Toutes les institutions de la République sont interdépendantes et tout doit concourir à raffermir l’unité nationale. M. Lousény a posé des actes qui étaient très mauvais et ça fait jeter le doute dans l’esprit de toute la classe politique. Pourquoi le président de la CENI dit qu’il n’a pas besoin de consulter les partis politiques pour agir? Certainement qu’il a un deal avec le président de la République. Le doute qu’on entretenait à l’endroit de la CENI dans sa composition actuelle à cause des déclarations du président de la CENI, les gens ont commencé maintenant à douter du Chef de l’Etat. Ce qui est regrettable…»

Par ailleurs, Jean-Marie Doré ne se montre pas favorable à une recomposition de la CENI qui pourrait le nombre de ses membres passer de 25 actuellement à 169, «ce qui est impossible», déclare l’orateur. Et d’aborder le cas «Lousény» un peu en profondeur en ces termes: «Au premier tour des élections présidentielles, nous avons été contraints de faire venir un de nos frères maliens, mais qui n’est pas de nationalité guinéenne. Aujourd’hui, tenant compte du fait que les Guinéens ont été frustrés de voir que c’est un étranger qui vient arbitrer les problèmes dans notre pays, je crois qu’il est possible de trouver parmi les quatorze millions de Guinéens, quelqu’un qui peut gérer la phase des élections législatives sans qu’on touche au président de la CENI. On ne le met pas entre parenthèses. On fonctionne avec ce monsieur jusqu’à la proclamation des résultats des élections législatives. En ce moment, on n’a pas contredit le Chef de l’Etat, on n’a pas contredit les partis de l’opposition radicale».

De la volonté du pouvoir à détourner les voix des électeurs en faveur de la mouvance présidentielle en vue d’obtenir une majorité à la future Assemblée nationale. Jean-Marie Doré, avec verve déclare qu’il est criminel de vouloir détourner le choix d’un électeur: «Je trouve inacceptable qu’on ne puisse pas recenser normalement les Guinéens et qu’on leur laisse la liberté de choisir leurs députés. Certains disent oui, le nom d’un ministre se bouscule dans ma bouche, je ne le dirai pas maintenant sauf si je suis forcé, qui va à l’intérieur, à N’Zérékoré, à Faranah, partout, promener son ignorance et son imbécillité pour dire : tous ces partis qui se disputent-là, veulent aller créer des problèmes à Alpha Condé à l’Assemblée nationale. Que ce type-là soit maudit par tous les temps. C’est impossible qu’on soit député national pour aller créer des problèmes au gouvernement. Le gros pourvoyeur du travail des députés à l’Assemblée, c’est le gouvernement. Un député qui dit : moi je vais à l’Assemblée pour faire tomber le gouvernement, c’est un pauvre type ! Il n’a rien compris ! De l’autre côté, je ne comprends pas que le gouvernement aussi se laisse aller par des chants de mauvaises sirènes pour dire : ah ! si l’opposition vient en masse à l’Assemblée, c’est pour m’emmerder…Je prie, avec tout le respect qu’il a droit, le Chef de l’Etat, de ne pas faire en sorte que Lousény apparaisse aux yeux des gens comme ayant aux yeux du président une valeur supérieure à celle de la paix civile guinéenne. On peut le nommer ministre, ambassadeur, mais qu’il ne soit plus la pomme de discorde qui nous distrait et qui nous éloigne de l’essentiel. Le président n’a pas besoin d’avoir cent députés sur cent quatorze».

Parlant des élections législatives, le président de l’UPG affirme que la suspension des opérations de révision par la Présidence de la République atteste que rien n’est prêt, contrairement aux affirmations récentes du président de la CENI. Il réitère que l’opérateur Way Mark qui se trouve au cœur des débats entre pouvoir et opposition, aura été choisi sur la base du gré à gré, comme bien de projets du gouvernement. Il dit ne pas comprendre pourquoi on a reproché au gouvernement de transition qu’il a dirigé d’avoir passé des marchés gré à gré. Il a disserté sur le dossier Way Mark: «La Sagem a été cooptée à l’issue d’un appel d’offres organisé par le PNUD et il a établi le fichier qu’il fallait revoir à l’occasion de la révision. Puis, on a vu apparaître dans le paysage politique guinéen, Way Mark. Et on nous avait vanté tous les mérites de Way Mark : que la machine est plus efficiente, qu’elle va plus vite, qu’elle peut faire en même temps la carte d’identité et la carte d’électeur. Aujourd’hui, je crois que pour fermer la bouche et aux opposants et aux partisans du gouvernement, il aurait fallu faire venir Way Mark sur l’esplanade du Palais du peuple, pour faire la démonstration publique. Or, les productions que nous avons déjà par expériences sur le terrain, Way Mark enregistre soixante électeurs au maximum par jour. La Sagem fait au minimum cent cinquante. Plus grave, il est impossible de transférer les données de Sagem à Way Mark».

On le sait, l’audit du fichier électoral était l’un des rares points de consensus entre l’opposition et la mouvance, lors du dialogue politique du 25 décembre 2011 au 22 février 2012. Mais il reste encore inappliqué. Et Jean-Marie Doré en est irrité au point qu’il récuse carrément l’opérateur Way Mark au profit de la SAGEM qui a établi le fichier électoral qui a permis aux Guinéens d’élire leur Président en fin 2010: «Le rapport d’audit qu’on devait publier, qu’on devait donner à chaque citoyen guinéen, déclare Jean-Marie Doré, s’est caché comme un gris-gris de la forêt sacrée auquel les non initiés n’ont pas accès. À cause de ces données-là, Way Mark est disqualifié. Il faut faire venir la SAGEM. Si on défend l’intérêt de la Guinée, on ne doit pas accepter le débat sur le choix à faire entre Way Mark et la Sagem. Ça, c’est l’affirmation péremptoire et catégorique de notre parti. La machine de Way Mark n’est pas sécurisée. Elle permet d’autres formes de manipulation, notamment les inscriptions multiples».

C’est pourquoi, l’ancien Premier ministre, a appelé son ami et Président guinéen à accepter le dialogue pour dissiper les malentendus. Il l’a même supplié: «Sur tous les tons: amicalement, patriotiquement, démocratiquement pour qu’il appelle lui-même les leaders politiques, pour dissiper le malentendu.»

L’espoir est de voir ce énième appel lancé, tomber dans de bonnes oreilles pour la quiétude sociale en Guinée.

AfricaLog.com
 

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