Le président guinéen Alpha Condé s'est félicité vendredi du fait que le nouveau président français, le socialiste François Hollande, n'ait pas de réseaux en Afrique, estimant que cela le rendrait plus attentif à l'évolution des peuples africains.
Le président Hollande, en tant que membre de l'Internationale socialiste, a fréquenté beaucoup de partis africains. Je crois qu'il connaît suffisamment l'Afrique. Qu'il n'ait pas de réseaux en Afrique, tant mieux pour nous!, a déclaré l'ancien opposant guinéen au micro de Radio France International (RFI).
Interrogé pour savoir si cela lui donnait une certaine virginité vis-à-vis de la Françafrique - ce mélange d'influences occultes, mêlant chasses gardées commerciales et de clauses politiques secrètes, qui a caractérisé les relations entre Paris et ses anciennes colonies depuis les années 60 - il a répondu: Bien sûr!.
J'ai dit simplement que (l'ex-Premier ministre socialiste Lionel) Jospin (1997-2002) n'avait pas de réseaux, Hollande n'a pas de réseaux. Donc ils n'ont pas de contacts, ils ont les mains beaucoup plus libres. J'espère que ça le rendra plus attentif à l'évolution des peuples africains, a expliqué le président guinéen.
Le premier gouvernement du quinquennat de François Hollande a vu la disparition du portefeuille de la Coopération, trop longtemps associé à la Françafrique selon le nouveau pouvoir, au profit d'un ministère du Développement confié à Pascal Canfin, un jeune député européen écologiste, spécialisé dans la lutte contre les paradis fiscaux.
Evoquant les relations entre la France et le continent, Alpha Condé a dit attendre davantage de concertation.
Tout n'a pas été correct, il y a beaucoup de choses à redresser. Mais ça, c'est normal dans les rapports entre Etats. Nous attendons de la France qu'elle soit notre avocat dans certaines instances internationales et qu'elle s'intéresse davantage aux pays démocratiques, a déclaré le président guinéen.
Interrogé sur le nouveau report, sine die, des élections législatives attendues depuis un an et qui avaient finalement été fixées au 8 juillet, Alpha Condé rejette toute responsabilité.
D'abord, je n'ai pas reporté les élections. En Guinée, la Céni (Commission électorale) propose un programme, une date. Mais il revient au président de la république de fixer la date. J'avais dit à tout le monde que je ne confirmerai une date que si j'ai la certitude que toutes les conditions techniques sont réunies pour organiser les élections, a-t-il expliqué.
L'opposition a lancé jeudi une journée ville morte à Conakry, pour exiger un dialogue franc avec le pouvoir du président Condé sur la tenue d'élections législatives transparentes. – AfricaLog avec agence