Un tribunal de Johannesburg a ajourné jeudi l'examen d'une plainte de l'ANC contre l'exposition d'un portrait du président Jacob Zuma exhibant son sexe, après quelques heures d'une audience interrompue quand l'avocat du parti au pouvoir a éclaté en sanglots.
Le tableau du peintre Brett Murray a été vandalisé et barbouillé de peinture mardi, si bien que la galerie privée qui exposait l'oeuvre a fermé ses portes.
L'ANC, le parti du président, a toutefois maintenu sa plainte contre l'artiste, contre la galerie, et contre un journal qui a publié une reproduction du tableau controversé.
Avant d'ajourner le procès sans fixer de date pour sa reprise, la juge Fayeeza Kathree-Setiloane a fait remarquer que l'oeuvre d'art en question avait déjà fait le tour du monde grâce à internet.
Cette image est déjà partout sur internet, a-t-elle noté, se demandant comment la Cour pourrait vérifier l'application d'une quelconque interdiction.
Les partisans du peintre estiment qu'il s'agit d'un procès de la liberté d'expression, alors que ses contradicteurs considèrent l'oeuvre comme une insulte au chef de l'Etat, chargée en outre de connotations racistes.
Les droits de Zuma à la dignité et à la vie privée ont été violés, a insisté l'avocat de l'ANC Gcina Malindi, qui a éclaté en sanglots en plein tribunal.
Ayant lui-même été torturé par les forces de l'apartheid, il a expliqué que faire référence à l'oppression de l'ancien régime de la minorité blanche qui a dominé l'Afrique du Sud jusqu'au début des années 1990 l'avait rendu particulièrement émotif.
A l'extérieur du tribunal bondé où étaient présentes des personnalités du parti et des enfants de Jacob Zuma, l'audience était retransmise sur grand écran, et quelques centaines de partisans de l'ANC chantaient et dansaient en suivant les débats.
Nous devons démolir cette galerie, qui a manqué de respect envers notre père, a indiqué Lucky Maile, un guérisseur traditionnel de 37 ans habillé de tissus aux couleurs de l'ANC.
Le secrétaire général de l'ANC Gwede Mantashe a appelé la foule à marcher contre la galerie mardi.
Le titre du tableau, The Spear (la lance), est une allusion à l'arme traditionnelle des guerriers zoulous et à la lance du logo de l'ANC, dont la branche militaire s'appelait Umkhonto weSizwe (Lance de la nation).
L'oeuvre détruite faisait directement référence à la vie sexuelle débridée du président Zuma --lui-même Zoulou--, âgé de 70 ans, qui a actuellement quatre femmes et 21 enfants, certains nés hors mariage. – AfricaLog avec agence