«Quiconque touche à cette CENI aujourd’hui, nous trouvera sur son chemin devant la Cour suprême», menace Lousény Camara. A travers deux communiqués présentés par son porte-parole, le Président de la République demande la suspension du processus de recensement. Ceci au regard des exigences de l’opposition radicale constituée du Collectif et de l’ADP.
Toutefois, il aura fallu le second communiqué pour que les recenseurs daignent respecter la demande présidentielle. Et là aussi, suite aux instructions du Président de la CENI. On entendait dans le milieu des recenseurs, qu’ils n’ont à obéir qu’au Président de l’institution en charge d’organiser les élections en République de Guinée.
Aujourd’hui, au regard des éléments d’information parvenus à la rédaction d’AfricaLog, on commence à comprendre ce dont semble fort Lousény Camara, Président de la CENI.
Tout est parti de la période de l’élection présidentielle. Lousény Camara, délégué de la Société civile au sein de la Commission Electorale Nationale Indépendante, passait des nuits et des nuits couché à même le sol sur le pagne des dames secrétaires de cette institution.
Quand on lui demandait la raison de ce comportement, sa réponse était la suivante: «laissez-moi sécuriser les résultats du vote».
Il fera savoir par la suite au candidat Alpha Condé «les manigances en cours pour lui ravir les voix» que ce dernier avait obtenues. Allant jusqu’à lui dire «la tentative de certains membres de la CENI d’empêcher» le passage d’Alpha Condé pour le second tour «au profit de Sidya Touré». Ce dernier qui était sûr d’être au second tour ne parviendra pas à digérer son échec. On connait la suite des choses avec la mobilisation des femmes pour injurier le Président de la transition, Sékouba Konaté en n’épargnant pas ses parents. Il aura fallu une médiation internationale pour sauver la suite de la transition.
Cette confiance née donc entre Lousény et Alpha va se renforcer au second tour de la présidentielle. Vice-président de la CENI aux côtés du Président, un malien proposé par l’OIF, Lousény Camara continuait "à veiller sur les résultats". Il faut souligner qu’il avait malheureusement agi avec un peu trop de zèle lors du premier tour au point d’être traduit en justice pour «détournement des voix de Cellou Dalein Diallo au niveau de certains bureaux de vote».
Il n’y a pas longtemps, il dira que c’était un jugement par défaut et qu’il a été finalement «blanchi par la justice dans cette affaire».
Du choix de la date du 8 juillet
En effet, lorsque les Commissaires se sont retrouvés pour le choix d’une date, c’est le 24 novembre qui était choisie et qui devait être proposée au Président de la République avec un chronogramme. Mais qui devaient être gardés "top secret" jusqu’après compte-rendu au Chef de l’Etat.
Malheureusement, un coup de fil parviendra à Lousény pour lui faire part du résultat de leur conclave. Comme réaction, il va se transporter quelque part au centre-ville pour refaire le travail et choisir à son seul niveau la date du 8 juillet.
D’où la désapprobation des autres Commissaires [les courageux] pour dire qu’ils n’ont pas été mêlés au choix de cette date. On connait la suite.
Fort désormais de ses relations avec le Président Alpha Condé
En rencontrant des politiciens, notamment de la mouvance, Lousény ne s’empêche même pas à menacer. On se souvient par exemple de sa rencontre avec le leader du PPRG. Ben Daouda Nansoko avait déclaré: «nous pensons qu’au lieu de se mettre hors de la CENI et parler de la CENI, la meilleure solution, c’est de venir à la CENI et partager avec vous. (…) Il est vrai que la CENI est constituée de Commissaires venant de diverses provenances (partis politiques, société civile, administration, etc.), mais dans le fonctionnement, chacun doit agir selon les attributions que lui confèrent les statuts et règlement intérieur de la CENI ». Et M. Nansoko de requinquer son hôte en ces termes: «Nous soutenons l’indépendance de la CENI. Nul n’a le droit de s’ingérer dans son fonctionnement».
Et ce jour, Lousény ne se privera de menacer: «Pour nous, quiconque touche à cette CENI aujourd’hui, aura touché à cette disposition de la Constitution et nous trouvera sur son chemin devant la Cour suprême. C’est clair et net. Nous, nous sommes prêts à tout moment parce que nous sommes forts de la Loi».
En effet, Lousény veut parler de l’article 155 de la Constitution qui stipule en son alinéa 4 que: «Le Conseil Economique et Social, Le Conseil National de la Communication et la Commission Electorale Nationale Indépendante, restent en place jusqu’à l’installation des institutions correspondantes».
Il faut dire que le Chef de l’Etat appelle affectueusement [peut-être] Lousény Camara, «mon Président têtu de la CENI». Il arriverait même que le Prof. Alpha Condé passe par une tierce personne pour infléchir Lousény dans ses prises de décisions. Information à vérifier.
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