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Accusé de jouer le jeu du pouvoir, le CNT répond à Sidya Touré

Jun 23, 2012
Accusé de jouer le jeu du pouvoir,  le CNT répond à Sidya Touré

Le 21 juin, Hadja Rabiatou Sérah Diallo, présidente du Conseil national de Transition (CNT), accusée de jouer le jeu du pouvoir, a réuni, près de 4heures, tous ses membres ou presque à l’Hémicycle du Palais du peuple, a vécu AfricaLog.com à Conakry. Objectif, discuter des sujets brulants de l’actualité guinéenne, dont entre autres la crise à la CENI, l’organisation des élections législatives, la tentative de détournement des 13 milliards de francs guinéens et le contrat des 25 millions de dollars signés entre l’Etat Guinéen et une société de droit sud-africain.

Les commentaires ne tarissent pas ces derniers temps pour lancer des flèches tous azimuts au CNT, qui fait office de parlement en Guinée.

Le CNT répond à Sidya Touré

L’un des points à l’ordre du jour porte sur la gestion du fonds que la CENI a destiné à la commission CENI du CNT pour la présidentielle de 2010 dans le cadre de la supervision. Mission qui a été confiée à M. Aliou Barry, directeur général de State view international (institut de sondage) actuellement hors du pays. Celui-ci doit s’expliquer et fournir le rapport financier au CNT et les membres du CNT d’attendre son retour pour l’examen dudit rapport.

Quant au point relatif à la déclaration de Sidya Touré qui a demandé la suppression du CNT, Rabiatou Sérah Diallo et son équipe ont décidé de ne pas lui répondre. Au nom de la loi de la liberté d’opinion et d’expression. Mais, ont-ils souligné qu’il n’y a «aucune procédure de destitution du CNT. Le CNT partira le jour où sera installé la nouvelle Assemblée nationale», a répondu El Hadj Salifou Sylla, ancien ministre de la Justice. El Hadj Sékou Beca Bangoura, un autre conseiller, a regretté que de tels propos «viennent de Sidya Touré. C’est décevant de sa part». Mais la commission communication du CNT est accusée de n’avoir pas joué son rôle après cette déclaration, sinon, personne, ne «peut prétendre que le CNT ne fonctionne pas». «Le travail de la commission communication est reconnue sur le plan international» a lancé le confrère Fodé Bouya Fofana.

«Au sein du CNT, on a peur de contrarier les gens»

La GECI de Fodé Mohamed Soumah et la NGR de Ibrahima Abe Sylla ont interpellé le CNT pour qu’il prenne ses responsabilités face à la crise actuelle. Me Mohamed Traoré, demande à ses collègues de ne point se laisser abattre par les propos des deux leaders. «Moi, je pense qu’il ne faut pas s’émouvoir des déclarations d’un parti politique, si tant est vrai que nous devons promouvoir la liberté d’expression. Ils n’ont fait que nous rappeler ce que nous devons faire. J’ai l’impression qu’au sein du CNT qu’on a peur de contrarier les gens. Nous tombons dans la complaisance pour ne pas frustrer tel ou tel, et voilà que les conséquences d’une telle attitude nous reviennent. Nous avons une certaine frilosité. Essayons de coller à nos textes», a-t-il dit.

La position que le CNT doit prendre face aux malversations financières en cours en Guinée? Les conseillers sont d’accord pour inviter les ministres de l’Economie et des Finances ainsi que celui des Mines, pour qu’ils s’expliquent devant le CNT. La question soulevée par Rabiatou Sérah Diallo de savoir s’il faut poser des questions orales ou écrites aux ministres a eu des réponses partagées. Mais le CNT est d’accord à adresser une lettre au Premier ministre Mohamed Saïd Fofana pour demander la présence de deux de ses ministres.

Du projet de loi sur une CENI apolitique

La CENI qui divise la mouvance et l’opposition qui fait perdurer la crise en Guinée au point que des observateurs croient que l’organisation des législatives serait incertaine en 2012, a occupé l’essentiel des débats de la plénière. Un CNT qui est fortement demandé de sortir de sa torpeur en vue de débloquer la situation, en jouant le rôle qui est le sien. Faut-il sortir de ses tiroirs poussiéreux son projet de loi sur la CENI apolitique (rejeté par l’Exécutif et par la classe politique)? Ou bien faudrait-il restructurer la CENI pour réussir les législatives? Que faire pour sortir de la crise actuelle?

Lors de la plénière, Hadja Rabiatou Sérah a demandé aux membres de faire des propositions permettant au gouvernement d’organiser les élections législatives avant la fin de 2012. D’autant que le CNT ne doit pas être «complice de cette crise», a-t-elle affirmé.

Du projet de loi sur une CENI apolitique. «Nous avons la lettre du ministre de l’Administration du territoire» précise la présidente du CNT. La CENI a dit qu’elle reste l’organe qui doit organiser les élections politiques et le Référendum en Guinée jusqu’à la mise en place de l’Assemblée nationale élue. Les partis politiques n’ont pas souhaité voir une CENI au sein de laquelle ils ne sont représentés. «Or, ce n’était pas une proposition du CNT, puisque nous avons amené des missionnaires au niveau de la sous-région, pour voir comment une CENI indépendante fonctionne, qui sont ses membres. C’est sur la base de ces informations recueillies que nous avons travaillé,» dit Rabiatou Sérah.

El Hadj Salifou Sylla a fait remarquer que le projet de loi du CNT sur une CENI apolitique a connu une fuite avant d’être soumis en plénière. Pour lui, ce travail peut reprendre, et que l’élaboration de ladite loi ne bloque en rien le processus électoral.

«Nous devons voir le juste milieu», quitte, après, à élaborer une loi sur la nouvelle CENI. Restructurer ou recomposer la CENI, c’est prendre une position pour ou contre les différentes tendances politiques, renchérit un autre. Pour El Hadj Mohamed Mansour Fadiga, estime que le CNT doit proposer une loi de sortie de crise, comme c’est sa mission, sans se soucier du qu’en dira-t-on.

«Même Dieu n’a pas satisfait tout le monde». «Que le CNT prenne la loi objective», a souligné Mohamed Aly Thiam, alias Eric. Boubacar Siddighy Diallo, lui, a proposé une CENI politique, puisque ni la mouvance, ni la classe politique ne veulent d’une CENI apolitique. Une CENI apolitique, oui, mais pour l’avenir, propose Amadou Tham Camara, qui estime qu’il faut une CENI consensuelle qui reflète le paysage politique actuel de la Guinée pour terminer la Transition qui n’a que trop duré.

La transition perdure, cela n’honore pas. Le CNT est plein de gens qui roulent aveuglément pour un camp ou un autre. Nous devons accomplir notre mission et contribuer à la sortie de crise, dénonce Mme Jeanne Wilkinson. Un certain M. Diaby a, lui, philosophé: «Le secret du succès, c’est de faire ce qu’il faut faire au moment de le faire.»

El Hadj Sékou Beca Bangoura résume. «Je crois, à la décharge des partis politiques, il n’y a que trente partis représentés au sein du CNT. Si nous étions démocrates, on aurait soumis la question au vote. Vous verrez que les partis politiques seraient enterrés. Parce que si on extrait les trente des 159, il va rester 129. Si ça ne bouge pas, ce sera dans le camp des 129, sinon c’est simple.»

Rabiatou Sérah Diallo a conclu les débats en proposant que le projet de loi du CNT sur la CENI apolitique soit remis sur table, qu’elle repasse en commissions, et que celles-ci proposent également des pistes de sortie de crise pour «réussir l’organisation des élections législatives cette année».

Le projet sera soumis à la plénière pour amendement et adoption avant d’être remis au Président, Alpha Condé. Que le Président de la République promulgue ou pas ledit projet, le CNT, aura accompli une de ses missions vis-à-vis de la Guinée. Cette proposition soumise au vote, a été approuvée à la majorité contre 6 abstentions et 61 absents.

La présidente du CNT a demandé aux membres du CNT d’accélérer le pas. Elle dit ne pas souhaiter un autre 28 septembre en Guinée.

«La transition n’est pas encore terminée. Nous avons résolu les problèmes par consensus. Le pays est fragile. Mettons la balle à terre. Le CNT jouera son rôle… Je mets le feu sous la marmite pour donner à manger, mais je ne mettrai pas le feu dans le pays» a dit Rabiatou Sérah Diallo, en guise de réponse aux nombreuses critiques portées sur elle par les médias et des observateurs.

Ces derniers pensent que cela est devenu son slogan habituel. Les mêmes croient qu’elle est dans la poche du Président Alpha Condé, au point qu’elle feint d’ignorer les affaires sulfureuses que celui-ci et son équipe orchestrent sans être interpellés par le CNT qui joue le rôle de contre-pouvoir.

AfricaLog.com
 

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