Après l’attaque du vendredi 8 juin à l’Ouest de la Côte d’Ivoire, le gouvernement libérien vient de prendre des mesures visant la sécurisation de la frontière commune entre les deux pays. On se souvient que le bilan de l’attaque était de 13 morts dont sept (07) casques bleus de l’ONUCI.
Parmi les mesures, le pays d’Ellen Johnson Searlef lance un mandat d’arrêt contre Blé Goudé et 9 chefs de guerre. La mesure a été annoncée lors d’une conférence de presse par Lewis Brown, Ministre libérien de l’Information, qui a affirmé à cette occasion que dix (10) personnes dont Charles Blé Goudé, sont activement recherchées par les services secrets libériens: «Nous avons demandé à ces dix personnes de se rendre aux Forces de sécurité».
Au cours de cette rencontre du 14 juin, le Ministre libérien a fait savoir que quarante et un (41) Libériens soupçonnés d’être impliqués dans les violences postélectorales en 2011, seront extradés vers la Côte d’Ivoire. Ces personnes a-t-il indiqué, doivent être entendues le 21 juin [Déjà fait. Voir image] lors d’une audition spéciale à Monrovia sur leur rôle dans ces violences: «Après leur audition, les suspects seront mis dans un avion pour la Côte d’Ivoire où ils seront jugés pour leur rôle dans la crise post électorale dans ce pays [Côte d’Ivoire, NDLR]».
Après sa décision de fermer ses frontières avec la Côte d’Ivoire dès le samedi 9 juin, le Liberia tente ainsi, tant bien que mal, de montrer patte blanche dans une situation où la Présidente Ellen Sirleaf, se dit ‘’préoccupée’’: «Je suis restée en contact personnel avec le Président Ouattara et les deux pays [Libéria et Côte d’Ivoire, NDLR] de concert afin de pouvoir résoudre le problème».
Charles Blé Goudé réagit: «C’est une accusation irresponsable et fantaisiste»
Ci-dessous, l’intégralité de la réaction du leader de la ‘’galaxie patriotique’’, Charles Blé Goudé, suite au mandat d’arrêt lancé contre lui par le Ministre libérien de l’information.
«Dans une déclaration rendue publique jeudi 14 juin 2012, le Ministre libérien de l’Information m’a mis en cause dans les récentes attaques dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire.
Face à ce que je qualifie d’accusation irresponsable et fantaisiste, je voudrais faire la mise au point suivante afin d’éclairer l’opinion nationale et internationale.
Faire la politique n’est pas forcément synonyme de déstabiliser un pays, à plus forte raison le mien. Les pratiques putschistes sont aux antipodes de la philosophie qui fonde mon engagement en politique. Mon unique arme de combat demeure la parole. C’est pourquoi, dix années durant, les jeunes Ivoiriens et moi avions organisé des manifestations de rue pour dénoncer la prise du pouvoir par les armes.
Le COJEP, dont je suis le président, loin d’être une milice, est un mouvement responsable. C’est pourquoi, après avoir, pendant un certain temps, écouté et lu toutes les contrevérités à mon encontre depuis la crise post électorale, j’ai décidé, cette fois-ci de dire non, à l’étiquette de déstabilisateur et de putschiste, que tiennent forcément à me coller mes détracteurs. Ils savent très bien qu’il n’existe aucun lien entre les récentes attaques survenues dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire et ma personne.
Cette campagne de diabolisation de ma personne à l’échelle internationale aux fins de justifier la traque contre mes proches et moi, puis motiver un mandat d’arrêt de l’ONU contre moi, est tout simplement de mauvais goût.
Comme il fallait trouver un bouc émissaire pour dédouaner le Libéria face à son voisin qui le soupçonne, le Ministre de l’information dudit pays s’est vu obligé de prendre un raccourci malencontreux qui consiste à associer mon nom aux récentes attaques à la frontière ivoiro-libérienne.
Il serait honnête et humble de la part du Ministre de l’Information du Libéria d’avouer aux autorités ivoiriennes l’impuissance de son pays face aux mouvements subversifs des bandes armées libériennes qui échappent à leur contrôle, au lieu de salir l’image d’honnêtes citoyens.
C’est le lieu de rappeler à ceux qui tentent de tordre le cou à l’histoire récente de la Côte d’Ivoire sous nos yeux, que Charles Blé Goudé refuse d’être ce qu’ils veulent forcément qu’il soit. Il restera toujours lui-même, c’est-à-dire un jeune leader opposé aux armes comme moyen d’accession au pouvoir ; un jeune leader dont seule la force de mobilisation des masses populaires est son arme politique dans son pays. Pour le reste, je demeure attaché au retour de la paix en Côte d’Ivoire.
Je ne suis aucunement lié aux récentes attaques dans l’ouest de mon pays et souhaite vivre mon exil forcé dans la dignité, en me tenant loin, bien loin de toute pratique putschiste.
Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire et garde son peuple.
Le 14 Juin 2012. Charles Blé Goudé»
Selon Nick Kaufman (avocat international), Conseil de Blé Goudé, «Monsieur Charles Blé Goudé se sent diffamé par les accusations graves et non fondées émises contre sa personne, dans la précipitation par les autorités libériennes. Ces allégations légères s'éloignent violemment des enquêtes en cours menées par L'ONUCI en vue d'éclairer l'opinion sur cette affaire qui a ému plus d'uns».
C’est pourquoi, l’avocat de M. Blé Goudé intime au Gouvernement libérien «des excuses publiques» à l’endroit de son client: «Au regard de ce qui précède, nous exigeons des excuse publiques de la part des autorités libériennes, car nous refusons désormais que n'importe qui dise n'importe quoi à l'encontre de mon client».
Nick Kaufman de rassurer en guise de conclusion: «Pour le reste, Monsieur Charles Blé Goudé demeure attaché au retour de la Paix dans son pays et reste à la disposition du peuple de Côte d'ivoire».
L'Intelligent d'Abidjan et AfricaLog
Post scriptum d’AfricaLog avec Agence: Aux dernières nouvelles, les quarante et un Ivoiriens accusés d`être impliqués dans les violences post-électorales de 2011 en Côte d`Ivoire ont été extradés [ce] samedi [23 juin, NDLR] du Liberia vers leur pays.
L'extradition s`est faite par la route dans la ville frontalière de Toe's Town (nord-est du Liberia), conformément à une décision d`un tribunal libérien qui avait autorisé jeudi le gouvernement à procéder au renvoi de ces hommes en Côte d`Ivoire où ils devraient être jugés.
Le convoi des Ivoiriens, menottés et embarqués dans des camions escortés par des éléments armés de la Mission de l'ONU au Liberia (Minul) et de la police, a quitté à l'aube la ville de Zwedru (sud-est), où les accusés étaient emprisonnés, pour se rendre 45 km plus au nord, à Toe's Town.
Le jour des extraditions n'avait pas été annoncé à l'avance, car selon un responsable libérien, «les parents des 41 Ivoiriens au Liberia avaient menacé de mettre en place des barrages le long de la route (Zwedru-Toe's Town) pour arrêter le convoi».
Ces ivoiriens sont accusés d`avoir été impliqués dans la crise post-électorale ivoirienne (décembre 2010-avril 2011) qui a fait quelque 3.000 morts après le refus du président sortant Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire d`Alassane Ouattara à la présidentielle de novembre 2010.
M. Gbagbo, arrêté le 11 avril 2011 à Abidjan, est détenu à La Haye par la Cour pénale internationale (CPI) qui le soupçonne d`être "co-auteur indirect" de crimes contre l`humanité pour son rôle pendant la crise.
L'extradition de ces 41 Ivoiriens survient peu après une récente recrudescence des violences dans l`ouest de la Côte d`Ivoire, frontalière du Liberia, qui a été la cible d`une série d`attaques meurtrières ayant provoqué quelque 12.000 déplacés selon l`ONU.
Ces attaques ont été attribuées par le pouvoir d'Alassane Ouattara à des éléments armés basés au Liberia et fidèles à Laurent Gbagbo. L'une d'elles, commise le 8 juin, avait fait 18 morts, dont sept Casques bleus nigériens.
L'armée ivoirienne a depuis lors affirmé avoir déployé plusieurs centaines d'hommes dans la zone et reçu un soutien accru de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci).
Mais un "climat de peur" s'est installé dans l'ouest ivoirien après ces attaques, selon l'ONU qui a appelé les autorités ivoiriennes à "garantir la sécurité".
Le gouvernement libérien a de son côté annoncé que dix personnes étaient recherchées après cette série d`attaques, dont Charles Blé Goudé, leader des "jeunes patriotes", une organisation pro-Gbagbo, introuvable depuis la chute de l`ex-président.
Blé Goudé, qui était un personnage clé du régime du chef de l'Etat déchu, a catégoriquement démenti dans un communiqué toute implication dans ces violences (Voir plus haut).