«Cet accord est passé par toutes les procédures légales… ». Ces propos rapportés ce 22 juin, par le Bureau de presse de la Présidence de la République, ont été prononcés par le ministre guinéen des Mines, Mohamed Lamine Fofana, au sujet de l’accord minier de 25 millions de dollars signé entre l’Etat guinéen et une société sud-africaine. AfricaLog.com des extraits de l’article de Bassény Sylla du bureau de presse de la présidence et du quotidien gouvernemental, Horoya, accompagné des propos du ministre de l’Economie et des Finances, Kerfalla Yansané qui a apposé sa signature sur «la convention de prêt», obtenue après la signature d’un «Protocole d’accord» entre l’Etat guinéen, représenté par le ministre guinéen des Mines et M. Walter Hennig, fondateur de la société sud-africaine, Floras Bell Limited. Cette signature a été récemment dénoncée par le célèbre journal britannique, Sunday Times. AfricaLog.com vous livre le contenu de ce protocole d’accord.
«Cet accord est passé par toutes les procédures légales… », est l’intitulé de l’article du Bureau de presse de la Présidence de la République dont voici des extraits:
«Suite à la publication d’un article du Sunday Times, au sujet d’un accord de prêt de 25 millions de dollars signé par la Société guinéenne de patrimoine minier (SOGUIPAMI) et Palladino, affirmant que Palladino pourrait prendre une participation de 30% dans cette société et que la Guinée a violé ses obligations vis-à-vis des institutions financières internationales, le ministre des Mines et de la Géologie a apporté des précisions pour éclairer la lanterne des uns et des autres sur ce sujet.
Tout d’abord, Mohamed Lamine Fofana, ministre des Mines, a fait savoir que l’article du Sunday Times contient un certain nombre d’inexactitudes concernant les conditions et le statut de l’accord de prêt signé en avril 2011.
Le chef du département des Mines et de la Géologie a ensuite précisé que cet accord qu’il a qualifié de commercial, n’était pas secret en ce sens qu’il est passé par toutes les procédures légales (…) Poursuivant, le ministre Fofana a affirmé que cet accord n’affecte pas la République de Guinée dans ses obligations vis-à-vis des institutions financières internationales telles que le FMI et la Banque Mondiale. Car, selon lui, cet accord est signé du nom d’une entité paraétatique qui est la SOGUIPAMI. Dans le même ordre d’idées, Mohamed Lamine Fofana a expliqué que ce prêt n’est pas automatiquement convertible en une participation de 30% dans la SOGUIPAMI en cas de défaut d’honorer la convention (…) Au regard de ce qui précède, le ministre des Mines et de la Géologie a rassuré de la possibilité du gouvernement à rembourser ce prêt à travers les conditions qu’il a évoquées: «L’accord de prêt a été signé moins de quatre mois après que le premier gouvernement démocratiquement élu de la Guinée soit entré en fonction. A l’époque, les conditions offertes par Palladino ont été considérés comme favorables par rapport à la situation financière de la Guinée. Cependant, la Guinée a entamé un programme de restructuration économique qui a reçu les éloges des institutions financières internationales. Ceci a rapidement amélioré notre cote de crédit. Une fois que nous aurons atteint le point d’achèvement PPTE (Pays Pauvres Très Endettés) cette année, nous serons en mesure d’obtenir des financements des marchés de capitaux internationaux. D'un point de vue commercial, il est de bon sens de rembourser un prêt dont les conditions financières ne nous conviennent plus désormais».
Le 18 juin, le ministre guinéen de l’Economie et des Finances, Kerfalla Yansané, a profité de la cérémonie de présentation des Perspectives Economiques de l’Afrique Subsaharienne, organisée par la représentation résidente du FMI. Une présentation qui a été faite au département des Finances par Abdoul Aziz Wane, représentant du FMI.
Le Ministre Kerfalla Yansané avait déclaré, ce 18 juin: «Pour que l’Etat soit membre des investissements, c’est SOGUIPAMI qui sera à côté de Rio Tinto comme partenaire pour réussir ces infrastructures ferroviaires et faire en sorte que l’Etat ait son mot à dire dans ce secteur. Alors, j’ai compris que le ministère des Mines avait eu des contacts avec des partenaires qui cherchaient, plus tard, à être plus ou moins associés au développement de notre secteur, et donc ils ont prêté ces 25 millions pour SOGUIPAMI. Naturellement la règle veut qu’aucune entité extérieure ne puisse être actionnaire dans SOGUIPAMI, sauf l’Etat. Maintenant SOGUIPAMI peut créer des filiales dans la bauxite, dans le fer, dans l’or et des entités extérieures peuvent être actionnaires dans ces filiales, mais pas dans SOGUIPAMI. Alors, peut-être que ces partenaires-là avaient d’autres visées que cela, mais je pense qu’ils se trompent.
De toutes les façons, on a ordonné que SOGUIPAMI les rembourse pour que l’affaire s’arrête là. Parce que pour qu’un partenaire soit un bon partenaire, il faut d’abord qu’il ait loyauté. Alors si on se met à faire du chantage à gauche et à droite, et malheureusement mal repris par nos médias, qui peut-être n’ont pas cherché à s’informer, dans ces conditions on arrête les frais. En tous cas, le gouvernement a ordonné à SOGUIPAMI de rembourser les 25 millions qui n’ont pas été encore utilisés. Je pense donc de ce côté-là, il n’y a pas de problème.»
M. Yansané a été interrompu par M. Abdourahamane Sano, ancien ministre de l’Agriculture et de l’Elevage du gouvernement de la Transition, dirigé par Kabiné Komara, sous l’ère du CNDD (Conseil national pour la démocratie et le développement). «Cette affaire est extrêmement importante qu’elle nécessite une intervention d’urgence du gouvernement… » a dit M. Sano au ministre des Finances, M. Yansané qui a questionné: Qu’est-ce que vous appelez intervention d’urgence du gouvernement?
M. Sano de répondre: «C’est une communication. Parce que, vous savez, ce que la presse a laissé transparaître, c’est un document où il y a votre signature.»
M. Yansané de préciser: «Le ministre des Finances approuve les contrats passés par l’Etat, mais il ne les initie pas. L’initiation ne vient pas de lui».
Abdourahamane Sano continue: «Nous, approuvons cela. C’est pourquoi nous trouvons cela tout à fait normal, parce qu’il y a que la signature du ministre des Finances qui engage l’Etat dans ce genre de dossier. Là où le problème est important, c’est que, lorsqu’on veut donner à une société étrangère le droit de propriété à travers une structure aussi travestie que sous-tendue sur les richesses de la nation, ça revient à ce moment-là, pas ce que vous expliquez, mais ce qui se passe dans la réalité qui se trouve être un engagement contractuel de l’Etat vis-à-vis du tiers. Nous, nous estimons qu’il aurait été important que vous nous donniez l’information. Ce que vous dites-là nous soulage aujourd’hui, mais il faut le dire à l’opinion».
M. Kerfalla Yansané: «Je vous rassure que ce matin, nous avons eu un conseil des ministres. Et l’intervention que j’ai faite, c’est de demander au ministre des Mines de donner l’information aux Guinéens. Parce qu’il rentre de Londres où il est parti donner les informations. J’ai dit que ce n’est pas suffisant, il faut également qu’il informe les Guinéens sur exactement ce qui s’est passé. Donc, le Président lui a ordonné de faire cette communication. Je pense que dans les jours à venir, il va faire cette communication.»
Mais le ministre a éveillé des interrogations en affirmant: «De toutes les façons, les 25 millions sont venus avant les 700 millions. Donc, l’Etat avait besoin de mettre en place la SOGUIPAMI pour qu’elle puisse le représenter dans les différentes discussions. Les 700 millions (de Rio Tinto : Ndlr) étant là, on a aucun problème de dire à la SOGUIPAMI de rembourser les 25 millions. Nous, on peut lui donner cet argent-là pour qu’il puisse fonctionner. Il n’y a pas de problème. Donc, aujourd’hui (18 juin : Ndlr), on a demandé au ministre des Mines de faire des communications pour informer l’opinion nationale sur ce qui s’est passé…»
Le Bureau de presse de la Présidence de la République a communiqué le 22 juin, mais Il reste des zones d’ombres à éclairer.
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