«L'élection du Président Alpha Condé étant truffée d’irrégularités, rend de facto illégitime sa mandature» relève-t-il.
Ceux qui pensent «que je suis le plus grand extrémiste du pays, ignorent que depuis 20 ans au pays, nous nous sommes battus sur le terrain» fait-il remarquer.
Comme annoncé dans notre précédent article, le 1er Vice-président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) a effectivement animé une conférence-débat dans la capitale de l’Hexagone, Paris le dimanche 24 juin dernier.
A l’entame, Bah Oury a exprimé son amertume «face au blocage économique de la Guinée en dépit de son potentiel agricole, hydro énergétique et minier. Un avenir industriel qui pouvait être avantageusement comparé à celui de l’Allemagne et de la France sur le plan minier et la Côte d’Ivoire sur le plan agricole et la Guinée pouvait être en mesure de couvrir le besoin hydroélectrique des pays de la sous région ouest africaine».
L’orateur de regretter que «la pauvreté guinéenne figure en première place dans les rapports les plus exhaustifs des organisations internationales: l’indice du développement durable classe la Guinée comme étant des plus faibles du monde. Ce qui explique le nombre pléthorique de Guinéens à l’étranger fuyant ainsi la misère et les dérives autoritaires des gouvernements successifs».
Abordant le volet de la Présidentielle de 2010, Bah Oury dira que «l'élection du Président Alpha Condé étant truffée d’irrégularités, rend de facto illégitime sa mandature. Ces irrégularités sont dues en grande partie au manque d’impartialité des acteurs de la seconde phase de la transition».
Il a accusé la CENI et les autorités de la transition comme étant à la base de «l’impasse» que connait la Guinée. Ce qui, affirme-t-il, constitue «un véritable fardeau pour un pays qui vient de loin et de surcroit géré par un Président qui se réclame démocrate mais constate fort malheureusement qu'il ne manifeste ni de la volonté politique pour une bonne gouvernance ni l'expression d'un besoin de réconciliation nationale» avant de marteler que: «La voie empruntée par le nouveau chef de l'État est aux antipodes de l'indispensable réconciliation».
L’exilé politique sous le régime d’Alpha Condé a, d’autre part, dénoncé «la volonté exprimée par Alpha Condé lors de son investiture de ramener la Guinée là où Sékou Touré l'avait laissée». C'est-à-dire, «un pays qui ressemble à un goulag tropical pourvu si nécessaire de camps de concentration selon ses mots» dixit Bah Oury.
Le 1er Vice-président du parti que dirige Cellou Dalein Diallo regrette par ailleurs «la volonté de faire du RPG un parti-État, les balivernes et autres subterfuges pour retarder le processus de démocratisation amorcé au prix de grands sacrifices». Il cite comme méfaits subis par des Guinéens: assassinats, arrestations arbitraires de civils et militaires, tortures.
Il a dans son adresse, fustigé «la création d'une milice privée constituée de "donzos" [chasseurs traditionnels, NDLR] dont l'unique mission est l'exécution de sales besognes» comme «des répressions sanglantes de manifestants».
M. Bah a soutenu ses accusations à l’encontre du régime de Conakry en citant des propos qu’il attribue au Professeur Alpha Condé qui les aurait tenus au Palais "Sèkhutureya" le 15 novembre 2011 à la faveur de sa rencontre avec les principaux leaders des partis politiques: «J’ai moi-même donné des instructions pour aller mâter les manifestants à Bambéto. J'assume la responsabilité de la mort des manifestants tués».
Bah Oury affirme que «le plan économique se caractérise par l’extrême pauvreté des Guinéens à tous les niveaux» en citant «la corruption qui s'enracine marquée notamment par l'affairisme de la classe dirigeante et l'opacité de la gestion financière du gouvernement d'Alpha Condé» avec le cas des «25 millions de dollars US».
Bah Oury a conclu son intervention en mettant en garde ses militants «face au piège de renferment communautaire que le pouvoir veut conforter» en assurant que «la bataille actuelle n’est pas une bataille entre les ethnies minoritaires et majoritaires ou entre les ethnies, mais une bataille entre les forces de chargement démocratiques et celles de l’immobilisme. C’est la bataille entre ceux qui aiment leur pays et qui sont fiers d’être Guinéens et ceux qui méprisent leur pays. La bataille de ceux qui mettent en avant l’intérêt de leur pays et ceux qui privilégient l’intérêt personnel».
Il a invité toutes les forces vives du pays à marcher main dans la main afin du triomphe de la démocratie.
Ce que beaucoup ont qualifié de "fausse note" au cours de son exposé, c’est que Bah Oury a soigneusement évité les sujets d’actualité comme ses relations avec le Président de son parti, les récents échanges entre militants et autres cadres de l’UFDG comme entre lui et Oumar Wann qui l’avait même accusé d’être impliqué dans l’attaque du domicile privé du Président Alpha Condé le 19 juin 2011, la réaction du Président du parti à ces attaques, sa sortie pour regretter, lui, Bah Oury, l’appel à la discipline au sein du parti par Cellou Dalein. Bref, il a occulté les sujets qui fâchent, comme le dirait l’autre.
Curiosités journalistiques obligent, Bah Oury sera assailli de questions aussi bien d’homme de médias que des quelques représentants de partis politiques présents sur les lieux.
Sur ses relations avec son Président du parti Cellou Dalein Diallo, l’homme optera pour une explication évasive en évoquant sa différence de parcours politique avec Cellou: lui, ayant forgé son «parcours pendant ses études en France» et quant à Cellou Dalein, c’est, dit-il, «un haut fonctionnaire de l’administration guinéenne» qui, en raison de «ses compétences techniques, s'est vu confier de grandes responsabilités».
Autre précision de Bah Oury: «J’ai pu lire dans certains medias notamment Jeune Afrique que Bah Oury est le responsable de l’échec de Cellou Dalein Diallo, que je suis le plus grand extrémiste du pays, sabre entre les mains prêtes à égorger. Mais les gens ignorent que depuis 20 ans au pays, nous nous sommes battus sur le terrain».
Pour ce qui est de sa probable participation à la préparation de l’attaque contre le domicile privé du Président Alpha Condé le 19 juillet 2011, Bah Oury se dit «confiant en l’impartialité de la justice guinéenne».
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