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Rio+20: Pour un dévelopement véritablement durable

Jun 30, 2012
Rio+20: Pour un dévelopement véritablement durable

Par Ndaba Obadias

Dans le jargon des Nations-Unies, les termes peuvent parfois être difficiles à définir, et perdent souvent leur sens au milieu d’interminables négociations. Le terme «développement durable» n’est pas très différent. Il est censé englober les aspects sociaux, économiques et environnementaux de la prospérité et du développement humain. Dans la perspective de la conférence des Nations Unies pour le développement durable, Rio +20, il y a eu beaucoup de tapage autour des questions environnementales du changement climatique et des solutions de l’ «économie verte». Cette orientation oublie les deux autres piliers, pourtant tout aussi importants, du développement durable.

Bien sûr les humains doivent prendre soin de l’environnement et utiliser les
ressources de façon à les préserver pour les générations futures. Toutefois,
cela ne doit pas exclure les moyens par lesquels des milliards de personnes
pourraient et devraient se sortir de la pauvreté. S’attaquer à des problèmes
urgents de l’environnement nécessite des solutions humaines, et pour
parvenir à cette fin, les gens ont besoin d’être en bonne santé, bien logés,
et éduqués. Par conséquent, le développement durable ne peut être atteint en
se contentant de se concentrer sur l’environnement seul : il doit placer la
personne au centre. De cette façon, même l’« économie verte » aura un sens
raisonnable, car elle est destinée à répondre aux besoins de l’homme.

Et, avouons-le, la pauvreté pollue aussi : elle pollue non seulement
l’environnement mais aussi la santé, l’éducation, et, par conséquent, le
développement lui-même. L’agence internationale de l’énergie estime que près
de 1,3 milliards de personnes, soit près de 20% de la population mondiale,
n’ont pas accès à l’électricité. Pour s’éclairer, la plupart de ces
personnes comptent, au mieux, sur le kérosène, et, au pire, sur le bois ou
le charbon de bois. Selon l’Organisation mondiale de la santé, la pollution
de l’air intérieur causée par ces méthodes d’éclairage provoque 2 millions
de morts chaque année. Les enfants des ménages sans accès à l’électricité
n’auront pas accès à une éducation de qualité. L’accès insuffisant à des
sources d’éclairage nuit à la lecture et, en retour, obère le potentiel et
la productivité future de ces jeunes esprits. Le passage à des sources
d’énergie efficaces qui sont moins nocives pour la santé humaine est
primordial à la protection de l’environnement. Cela signifie également
d’énormes améliorations dans le domaine social ainsi que le bien-être
économique des populations pauvres du monde. Sauver l’environnement par
l’intermédiaire de l’« économie verte », le nouveau slogan de la
soutenabilité économique, exige des économies hautement développées. Les «
solutions vertes » proposées tels que panneaux solaires, biocarburants et
éoliennes sont tout simplement hors de portée pour les pays pauvres.

L’Allemagne, premier producteur mondial d’énergie solaire, aurait dépensé
130 milliards de dollars, financés principalement par le biais de
subventions publiques, dans de l’énergie valant… 12 milliards de dollars.
Cela a été possible parce que les Allemands ont, grosso modo, d’abord pu
répondre à leurs besoins de base. Combien de pays peuvent se permettre un
tel luxe?

L’incapacité de milliards d’êtres humains à satisfaire leurs besoins
fondamentaux, y compris en termes d’accès à l’eau potable, d’assainissement,
de nutrition, de soins de santé de base, de logement et d’éducation,
signifie une incapacité à protéger l’environnement. Les objectifs escomptés
du développement durable (pour remplacer les Objectifs de Développement du
Millénaire au moment de leur expiration en 2015) devraient faciliter et non
pas entraver la façon dont tous les gens peuvent, et devraient, répondre à
ces besoins de base. Heureusement, cela est compatible avec la protection de
l’environnement. Avec ces besoins satisfaits, chaque personne aura la
capacité et la responsabilité de s’engager dans des pratiques respectueuses
de l’environnement.

Pour que Rio +20 ait un sens, on devrait commencer avec l’essentiel : les
besoins réels des personnes et la reconnaissance que chaque personne (en
particulier chez les jeunes), si elle en a les moyens, a le potentiel pour
résoudre les problèmes économiques et environnementaux. « L’avenir que nous
voulons » restera lettre morte si les préoccupations de la majorité des
habitants de la terre ne sont pas une priorité absolue. Oui, nous avons
besoin de protéger l’environnement, mais de manière plus importante, les
gens devraient être autorisés à utiliser les outils disponibles pour se
sortir du trou de la pauvreté. Le résultat ne sera pas simplement l’accès à
l’électricité et une éducation de qualité, mais leur fournira aussi de
nouveaux outils pour mieux protéger l’environnement. Cela signifie que des
pays comme l’Éthiopie, le Ghana, le Népal, ou Haïti devraient être autorisés
à construire des barrages et même utiliser des combustibles fossiles pour
produire de l’électricité pour leur peuple.

Les riches ont prospéré sans se soucier de l’environnement : pourquoi
restreindre aux pauvres l’utilisation des outils accessibles et abordables
pour prendre le même chemin? Pour atteindre les objectifs écologiques, les
pays développés tentent de compenser la charge de leurs propres émissions de
carbone sur les nations en développement, même quand ils ne peuvent
atteindre eux-mêmes ces objectifs.

En outre, la population croissante du monde ne doit pas être vue ni comme un
fardeau pour l’environnement, ni comme un chiffre à réduire, mais plutôt
comme un énorme potentiel à exploiter dans le but de sauver l’environnement.
Il est ironique de constater que les pays riches considèrent encore les
autres peuples comme une menace pour l’environnement, alors qu’ils luttent
pour inverser le déclin de leurs propres populations.

Le développement économique et social constitue une préoccupation majeure
pour la majorité des êtres humains : Rio +20 et les futurs sommets devraient
en tenir compte. Comprendre l’interdépendance des trois piliers du
développement durable et le rôle central de la personne humaine pour
s’occuper d’environnement permettra de déterminer si Rio +20 a échoué ou
réussi à satisfaire les besoins humains d’aujourd’hui et de demain.

Obadias Ndaba est président de l’Alliance Mondiale de la Jeunesse, une
organisation internationale avec statut consultatif auprès de l’Organisation
des Nations Unies et l’Union européenne. Cet article a paru originellement
en anglais sur National Review.

Publié en collaboration avec UnMondeLibre.org

 

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