Le président gabonais Ali Bongo, reçu jeudi à Paris par le président français François Hollande qu'il rencontrait pour la première fois, a affirmé que la Françafrique était une question qui n'existe pas, tout en soulignant la formidable amitié franco-gabonaise.
Dans la cour de l'Elysée, la presse l'interrogeait sur la persistance de la Françafrique, réseaux d'influences mêlant politique, affaires et affairisme entre Paris et ses anciennes colonies en Afrique, dont le défunt Omar Bongo était un pilier.
Il est étonnant que chaque fois que nous nous rencontrons, vous me posiez cette question-là sur la Françafrique, a répondu Ali Bongo, élu en 2009 lors d'un scrutin contesté, après le décès de son père qui s'était maintenu à la présidence pendant 42 ans.
Vous me parlez de quelque chose que je ne connais pas (...) Souvent les médias ou les associations veulent nous ramener à une question qui pour moi n'existe pas, a-t-il dit.
Nous sommes aujourd'hui au XXIe siècle et les questions entre pays ne peuvent pas être traitées comme il y a 50 ans. Les évolutions sont nécessaires et je m'inscris totalement dans l'évolution de nos rapports, a ajouté M. Bongo.
Il a qualifié son entrevue avec François Hollande de rencontre classique entre chefs d'Etat pour faire le point sur la coopération. Notre souci est toujours de voir si cette coopération peut être renforcée, quelles sont ses faiblesses, ses forces. Evidemment, chaque homme a son style et donc, les choses pourront être dites ou faites différemment, mais le fond reste cette formidable amitié entre nos deux pays et nos deux peuples, a-t-il dit.
La France est le principal partenaire économique du Gabon, pays riche en pétrole, bois et minerais. Les groupes Total, Eramet, Bolloré et Rougier, notamment, y sont très présents.
La présidence française a indiqué, dans un communiqué très sobre, que l'entretien avait permis d'examiner les domaines où (le partenariat franco-gabonais) pourrait être renforcé, en particulier en matière de développement économique et de protection de l'environnement.
Selon l'Elysée, François Hollande a pu souligner les principes qu'il souhaite voir guider les relations entre la France et le Gabon, notamment un dialogue exigeant sur les questions de gouvernance, de lutte contre la corruption et de pluralisme démocratique.
Selon Paris, il aussi été question de l'accompagnement de la croissance du Gabon, de la concertation sur les enjeux de paix et de sécurité et du développement de la francophonie.
Jeudi, une trentaine de personnes ont manifesté à Paris, aux cris de Bongo dictateur, Hollande complice en réclamant une politique de la France en Afrique responsable et transparente. Elles vont voulu se rendre devant un hôtel particulier appartenant, selon elles, aux autorités gabonaises, pour dénoncer le scandale des biens mal acquis mais en ont été empêchées par les forces de l'ordre.
Deux juges français enquêtent depuis décembre 2010 sur les conditions dans lesquelles divers chefs d'Etat (Cameroun, Guinée équatoriale, Congo-Brazzaville, Gabon), et donc le défunt Omar Bongo, ont acquis un important patrimoine en France.
Interrogé sur cette enquête, Ali Bongo a répété: ça ne me concerne pas. – AfricaLog avec agence