L'exécution prévue mercredi en Géorgie d'un condamné attardé mental a été reportée en raison d'un changement dans la procédure d'injection létale, tandis que celle d'un détenu souffrant du même handicap reste programmée au Texas, a-t-on appris mardi auprès des autorités pénitentiaires.
La mise à mort de Warren Hill, un Noir américain condamné à la peine capitale pour le meurtre d'un co-détenu, a été reportée à lundi en Géorgie (sud-est), a annoncé mardi, dans un communiqué, le directeur des prisons de l'Etat.
Hill, 52 ans dont 21 dans le couloir de la mort, doit être le premier exécuté en Géorgie par l'injection létale d'un seul produit, le pentobarbital, contre trois auparavant.
S'appuyant sur l'expérience d'autres Etats et le témoignage d'experts médicaux, le produit s'est montré efficace, a déclaré le directeur Brian Owens. Les services (pénitentiaires) s'engagent à exécuter la décision du tribunal de la manière la plus responsable et professionnelle qui soit.
Doté d'un QI inférieur à la normale, Warren Hill a été diagnostiqué avec un retard mental par plusieurs experts de l'Etat et les tribunaux. Il s'est vu cependant refuser la clémence lundi par le Comité des grâces de Géorgie et son avocat a aussitôt introduit un recours devant la Cour suprême des Etats-Unis.
Dans l'Etat du Texas, l'exécution de Yokamon Hearn, 34 ans, reste programmée pour mercredi en dépit de preuves d'un désordre mental depuis son enfance, selon le Centre d'information sur la peine capitale (DPIC).
Ce Noir américain, dans le couloir de la mort depuis 1998 pour meurtre, a été diagnostiqué avec un handicap dénommé syndrome de l'alcoolisme foetal (Fetal Alcohol Syndrome), quand sa mère buvait tellement qu'elle en est morte pendant sa grossesse, selon ce centre d'experts opposés à la peine de mort.
En 2002, la Cour suprême des Etats-Unis a interdit l'exécution de condamnés attardés mentaux car leur handicap ferait courir le risque d'une exécution arbitraire. Mais elle a laissé chaque Etat fixer les conditions requises pour déterminer ce type de handicap.
La Géorgie exige que le retard mental soit prouvé au-delà d'un doute raisonnable.
Warren Hill a une longue histoire familiale de capacité intellectuelle diminuée et a survécu à une violence domestique chronique exercée par sa mère et son père alcoolique, selon Eric Jacobson, directeur du Conseil sur les handicaps d'évolution de Géorgie (GCDD).
Plusieurs organisations et personnalités, dont l'ancien président américain Jimmy Carter, mais aussi la famille de la victime de Warren Hill, avaient appelé le Comité des grâces de Géorgie à commuer la condamnation à mort en réclusion criminelle à perpétuité.
A Genève, un expert de l'ONU a exhorté les deux Etats à suspendre les exécutions des deux hommes.
C'est une violation des protections (constitutionnelles) sur la peine de mort que d'imposer la punition suprême à des individus souffrant de handicaps psycho-sociaux, a dit Christof Heyns, le rapporteur spécial de l'Office du haut-commissaire aux droits de l'homme.
La France a exprimé sa préoccupation concernant la situation de Warren Hill et demandé que son exécution puisse être évitée tout en réitérant son appel à un moratoire universel sur la peine de mort. – AfricaLog avec agence