Les États-Unis, alliés récents du Rwanda, ont suspendu leur aide-militaire à cet ex-protectorat belge en raison du soutien de Kigali, qui s'en défend, à la rébellion dans l'est de la République Démocratique du Congo (RDC) voisine.
«À la lumière d'informations selon lesquelles la Rwanda soutien des groupes armés en RDC, le département d'État a décidé qu'il ne pouvait plus fournir au Rwanda de financement militaire étranger pour l'année budgétaire en cours», selon un communiqué reçu dimanche.
Un porte-parole de la diplomatie américaine, Darby Holladay, a précisé que ces fonds de 200 000 dollars (164 000 euros) pour 2012 étaient destinés à une école militaire rwandaise. Washington «continuera» toutefois de contribuer à la formation de troupes rwandaises participant à des forces de maintien de la paix.
«Le gouvernement américain est profondément préoccupé par des preuves montrant que le Rwanda est impliqué dans le soutien aux rebelles congolais, dont ceux du M23», le Mouvement du 23 mars, a ajouté le département d'État.
Les États-Unis ont de nouveau enjoint leur allié de «cesser de soutenir» la rébellion en RDC qui «menace de déstabiliser la région» des Grands lacs.
Les mutins du M23 s'opposent depuis mai à l'armée congolaise dans l'est du Nord-Kivu où ils ont leurs bases dans ce secteur frontalier du Rwanda et de l'Ouganda. Ils viennent de prendre plusieurs localités de la province.
D'après un rapport d'experts de l'ONU rendu public fin juin, le M23 a reçu une aide directe de hauts responsables rwandais, sous forme d'armes, munitions et recrues. L'ONU accuse nommément le ministre de la Défense, le général James Kabarebe, et le chef d'état-major des armées, le général Charles Kayonga.
Le Rwanda et son président Paul Kagame ont toujours démenti tout soutien aux mutins.
Interrogée, la ministre des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo a déploré une décision de «nos amis américains» fondée sur de «mauvaises informations» et «factuellement fausse».
«Comme nous l'avons dit depuis le début, le Rwanda n'est ni la cause, ni le complice de l'instabilité dans l'est de la RDC», a-t-elle insisté. Elle a annoncé une rencontre avec des experts de l'ONU la semaine prochaine, au cours de laquelle Kigali «réfutera ligne par ligne» le rapport accusatoire de l'ONU.
Le M23 est issu d'une ancienne rébellion tutsi en RDC, le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP). Ces ex-insurgés ont été en principe intégrés à l'armée congolaise dans le cadre d'un accord de paix scellé avec Kinshasa le 23 mars 2009. Mais le M23 reproche au président congolais Joseph Kabila d'être revenu sur ce règlement et réclame son application complète.
Ce CNDP était déjà réputé soutenu par le Rwanda pour combattre, sur le sol congolais, des rebelles hutu rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).
Les FLDR sont en effet accusées par Kigali d'avoir participé au génocide des Tutsi par des extrémistes hutu au Rwanda en 1994 - 800 000 morts selon l'ONU - et de représenter toujours une menace militaire contre le régime du président Kagame.
Le Rwanda est une ancienne colonie allemande et ex-protectorat belge, indépendant depuis tout juste 50 ans. Depuis le génocide, les relations avec la France ont été tendues et même rompues entre 2006 et fin 2009, avant une détente fragile depuis début 2010, même si de graves accusations perdurent des deux côtés. – AfricaLog avec agence