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Après Zogota, une autre répression à Siguiri, 1 mort 3 blessés

Aug 08, 2012
Après Zogota, une autre répression à Siguiri, 1 mort 3 blessés

Dans la nuit du lundi 6 au mardi 7 août, la ville aurifère de Siguiri, située à 800 kilomètres à l’extrême est de Conakry, était en ébullition. La population locale a saccagé la résidence du Préfet et demandé le départ des agents de la gendarmerie et de la police de leur localité. La manifestation fait suite à une série d’actes de vandalisme et de vol de coffres-forts, orchestrée par des présumés bandits dans la nuit du lundi 6 au mardi 7 août dans la ville de Siguiri. Ces présumés bandits puissamment armés selon les témoins, ont également emporté des onces d’or, dont il est difficile de préciser la quantité réelle. L’appel au secours lancé par les victimes auprès des agents de forces de l’ordre et de sécurité n’a pas été entendu, a-t-on appris de sources concordantes jointes au téléphone par AfricaLog.com à Conakry.

Excédés, les citoyens de la ville se sont dirigés vers les locaux des services de sécurité, notamment celui du Commandant des Commandos Rangers, pour une visite pas du tout catho. Mais les agents des forces de l’ordre et de sécurité qui se défendaient en disant n’avoir pas reçu d’ordre d’intervenir, ont réprimé la manifestation en tirant à balles réelles sur les manifestants en colère. Le bilan fait état d’un mort, trois blessés dont un grièvement.

Un habitant de Siguiri a confié que le préfet, Aboubacar Sidiki Kaba, appelé au téléphone pour donner l’ordre aux agents de sécurité d’intervenir, a déclaré aux citoyens qu’il est en déplacement. «C’est après cela que la population a saccagé sa résidence située dans la zone administrative de la ville» a affirmé un autre témoin. Mais le préfet qui s’est confié à un confrère de la place a déclaré que les commerçants victimes de l’attaque nocturne se sont rendus chez lui à 6 heures, pour lui demander de l’aide. Il leur aurait donné rendez-vous à son bureau. Mais peu avant 8 heures, dit-il, il a aperçu la foule en colère qui est venue saccager sa résidence. A la question de savoir pourquoi les commerçants l’en veulent, M. Kaba accuse des personnes malintentionnées à vouloir sa peau. Sinon, argue-t-il, il a beaucoup fait pour la préfecture de Siguiri. Et de rapporter que les agents de la Police et de la Gendarmerie de sa zone sont mal équipés.

Un citoyen de Siguiri, lui accuse les autorités d’avoir été les auteurs du pillage de la résidence du Préfet, Aboubacar Sidiki Kaba, du fait qu’ils sont indifférents aux séries d’attaques nocturnes dont sont souvent victimes les commerçants. Et que les autorités de Siguiri n’ont pas donné l’ordre aux policiers et gendarmes pour intervenir, c’est pourquoi la population a saccagé la résidence du préfet et celle du commandant des commandos Rangers de Siguiri.

Dans la matinée de ce 8 août, un confrère de la radio locale de Siguiri a confié que les commerçants n’ont pas ouvert leurs boutiques. Quoique le ministre délégué à la sécurité, Mouramany Cissé et le gouverneur de Kankan, Nawa Damey aient tenté de calmer les ardeurs, hier, 7 août en y effectuant une visite.

La répression des manifestants de Siguiri, écœurés contre le laxisme des autorités locales face à l’insécurité qu’ils vivent au quotidien, fait suite à une autre répression intervenue dans la zone forestière du sud-ouest de la Guinée, précisément dans la localité de Zogota, à 40 kilomètres du centre ville de la préfecture de N’Zérékoré. Là, dans la nuit du vendredi 3 au samedi 4 août, des hommes armés (militaires et gendarmes) venus de N’Zérékoré ont tiré à balles réelles sur des jeunes manifestants. Lesquels réclamaient une embauche dans la mine d’extraction de fer de la compagnie minière Vale. Le bilan officiel établi par les autorités de N’Zérékoré a fait état de 5 morts, de nombreux blessés graves et des dégâts matériels importants. Un autre bilan a fait état de 7 morts. Parmi les morts, le chef du village, Niankoye Kolié, (en casquette sur la photo avec les membres de sa famille).

Des blessés de Zogota auraient été refoulés des centres de soins de N’Zérékoré, alors que les interpellés, sont détenus dans les prisons de N’Zérékoré dans des « conditions inhumaines », ont rapporté de sources dignes de foi. (Sur une photo du rapport de l’ONG Avocats Sans Frontières-Guinée, cinq corps sans vie et criblés de balles sont exposés à même le sol, dont l’un est complètement nu avec un visage ensanglanté).

Après cet événement, la réaction du Président Alpha Condé qu’AfricaLog.com vous a rapportée n’avait pas tardée.

Suite à la répression dans la zone minière de Siguiri, le porte-parole du gouvernement guinéen et ministre de la communication, Dirus Dialé Doré a «banalisé» les incidents en affirmant que la police et la gendarmerie n’ont rien à se reprocher, avant d’affirmer que l’impunité est combattue dans le pays. Voici un long extrait de son entretien avec la BBC (British Broadcasting Corporation).

«D’après les témoignages, dans les deux incidents (Siguiri et Zogota Ndlr), il s’agit des forces de l’ordre qui ont tiré sur la population qui a enregistré des morts parmi elle. Est-ce que c’est une information qui vous parait plausible?

Dirus Dialé Doré: Non ! Par exemple à Zogota, les services de sécurité se sont déployés pour ramener plutôt le calme.

Est-ce que les forces de l’ordre n’utilisent leurs armes avec trop de zèle?

Je ne crois pas. Vous savez que depuis les événements de janvier-février 2007, l’Etat a été fortement ébranlé et donc aujourd’hui tout l’effort est fait pour restaurer l’autorité de l’Etat. Ceci ne va pas sans provoquer des mécontentements de part et d’autre. Parfois, il arrive que les populations mêmes s’en prennent aux forces de l’ordre mais nous faisons en sorte que la compréhension soit restaurée entre la population et les forces de l’ordre. D’abord l’armée est complètement retirée dans les casernes. Ce qui est un acte réussi. Puisque l’armée n’est plus mêlée aux opérations liées aux forces de l’ordre…

Qu’est-ce que vous répondez à ceux qui critiquent le gouvernement pour son absence de réaction vis-à-vis d’événements comme ceux-là?

C’est extrêmement sévère pour ne pas dire injuste. Suite aux évènements de Zogota, une délégation du gouvernement s’est rendue à N’Zérékoré…

D’accord, mais peut-être que c’est parce que les enquêtes tombent souvent dans l’oubli dans ces genres de situation…

Il y a réellement un progrès. Le climat d’insécurité qui régnait en Guinée est aujourd’hui un peu derrière nous. Même dans le cas présent, des enquêtes vont être menées».

Sauf que pour situer les responsabilités et punir les auteurs on pourra toujours attendre, estiment des observateurs. Du fait que beaucoup de présumés auteurs du massacre du 28 septembre 2009 qui a fait 157 morts selon les Nations-Unies, se sont retrouvés promus dans le gouvernement d’Alpha Condé.

AfricaLog.com

 

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