L'Afrique du Sud se prépare à rendre hommage jeudi aux 44 morts de la mine de Marikana (nord) mais la question des salaires n'est pas résolue et la grève a fait tâche d'huile.
Plusieurs centaines de foreurs ont débrayé mercredi pour réclamer des augmentations dans une autre mine de platine voisine appartenant à l'exploitant sud-africain Royal Bafokeng Platinum qui emploie 7.000 salariés près de Rustenburg, où la situation restait cependant calme.
Une autre mine de platine est aussi sous la pression de ses salariés à Thembelani, exploitée par le géant anglo-sud-africain Anglo American Platinum (Amplats) sommé de répondre d'ici vendredi à tout un cahier de doléances.
Attaqué sur la question sociale par le jeune tribun populiste Julius Malema, le président sud-africain Jacob Zuma est allé à la rencontre des mineurs de Marikana, théâtre d'une grève sanglante et où le travail est loin d'avoir repris.
S'adressant à une foule d'environ 2.000 mineurs et épouses de mineurs, il les a appelés au calme. Les affrontements sur ce site où le groupe britannique Lonmin extrait du platine ont fait 44 morts, dont 34 tombés sous les balles de la police jeudi dernier.
Le président a affirmé avoir entendu leur revendication de 12.500 rands de salaire mensuel (1.250 euros environ) sans faire aucune promesse, avant de critiquer la faiblesse des salaires du secteur minier, dans un meeting de l'ANC (Congrès national africain, parti au pouvoir) en soirée.
Il a assuré que l'ANC débattrait "pour voir comment tirer plus grand bénéfice du secteur" minier, lors de son congrès national en décembre, une échéance cruciale pour M. Zuma qui souhaite être réélu. M. Zuma a aussi jugé nécessaire "de promouvoir des manifestations pacifiques car elles sont plus efficaces".
Le président a aussi évoqué de possibles "sanctions" contres les compagnies minières qui ne respectent pas la directive sur l'amélioration des conditions de vie des mineurs, sanctions qui pourraient aller jusqu'à l'"annulation de leur permis d'exploitation".
La situation à Marikana, où aura lieu l'une des cérémonies d'hommage aux victimes jeudi, était calme. Plusieurs foreurs y sont toujours en grève, expliquant vouloir la libération des 259 mineurs arrêtés le 16 août et les hausses de salaires réclamées.
L'évêque Jo Seoka, qui joue les médiateurs, a déclaré lors d'un point presse qu'"en tant qu'église, nous ne pensons pas que les travailleurs demandent quelque chose d'impossible. C'est faisable".
La direction de Lonmin affirme que ses foreurs gagnent déjà l'équivalent de plus de 1.100 euros par mois avec les bonus.
Mardi, sous la pression politique, l'entreprise a consenti une trêve pendant la période de deuil national d'une semaine décrétée après la tuerie et levé sa menace de licencier les grévistes.
Il n'y aura pas d'obsèques collectives, les corps des grévistes tués ayant été rapatriés dans leurs familles, souvent loin de la mine située à une heure et demie de route à l'ouest de Johannesburg, la capitale économique.
Des cérémonies sont en revanche prévues au Cap, Johannesburg et Mthatha (Cap oriental), la ville la plus proche du village de Nelson Mandela, dans le sud rural du pays d'où de nombreux mineurs sont originaires.
La plupart des grévistes tués étaient des travailleurs d'autres régions. Un seul n'est pas sud-africain mais originaire du Lesotho, petit pays enclavé dans le vaste territoire sud-africain.
Les drapeaux sont en berne depuis lundi à la demande du président Zuma, dont le gouvernement est accusé de n'avoir pas anticipé le drame malgré des signes avant-coureurs, et qui est réduit aujourd'hui à faire de la gestion compassionnelle de la crise.
"Nous ne souhaitons pas que ces cérémonies d'hommage soient politisées (...) pour que les gens puissent se recueillir", a souligné M. Chabane.
Il n'a pas précisé si des membres du gouvernement seraient présents lors des cérémonies de jeudi.
Depuis des mois, la production de platine, dont l'Afrique du Sud est numéro un mondial, connaît de fortes tensions sociales auxquelles la crise mondiale n'est pas étrangère, mais qui illustrent aussi nombre de mauvaises pratiques sociales héritées du passé et qui persistent dans le secteur minier.
A Marikana, le drame s'est noué autour des revendications salariales de 3.000 foreurs, des hommes qui effectuent le travail le plus dangereux. Le conflit a été attisé par des rivalités intersyndicales. – AfricaLog avec agence