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Jean-Marie Doré revient sur un évènement douloureux de la transition

Aug 24, 2012
Jean-Marie Doré revient sur un évènement douloureux de la transition

Au cours de sa conférence de presse du lundi, 20 août, au siège de son parti, Union pour le Progrès de la Guinée, Jean-Marie Doré a donné des explications sur «l’empoisonnement de l’eau» des militants du RPG-arc-en-ciel, qui accueillaient le candidat Alpha Condé, le 22 octobre 2010 au Palais du peuple à Conakry. Il réfute les accusations portées sur l’UFDG qui avait été accusée par le RPG d’avoir été derrière cet empoisonnement. C’est un acte qui serait organisé de haut niveau, mais dont il n’est pas encore prêt à livrer l’information. On se souvient que Jean-Marie Doré, alors Premier ministre de la transition, avait relevé de ses fonctions la directrice générale de l’hôpital Ignace Deen d’alors, Mme Fatoumata Binta «Bambadion» Diallo.

C’est l’hôpital Ignace Deen qui a accueilli les supposés victimes de l’empoisonnement. Mme Diallo avait nié l’existence d’un quelconque produit toxique de l’eau incriminée et a dit que les victimes ne faisaient qu’une simulation de douleur. Ces propos ont suscité la colère des proches des victimes qui voulaient la peau de la directrice.

Jean-Marie Doré, pour calmer l’ardeur des mécontents, avait relevé de ses fonctions Mme Diallo.
AfricaLog.com vous livre l’intégralité des propos du 20 août, de l’ancien Premier ministre de la transition, Jean-Marie Doré: «Sur cette histoire d’empoisonnement, aucun commerçant n’était impliqué dans cette affaire. J’ai des informations précises. Quand vous êtes Premier ministre en Guinée, vous gérez les services de renseignements. C’est moi qui ai empêché le développement de cette affaire. Le Général Baldé (actuel Haut commandant de la Gendarmerie Ndlr) et le Général Toto (actuel ministre d’Etat de la sécurité Ndlr) m’appellent de toute urgence à 19h de venir à l’hôpital Ignace Deen. Je demande ce qui se passe. Ils me disent de venir tout de suite, qu’ils n’ont pas le temps de m’expliquer. Sur place, le Général Baldé me décrit de façon précise la situation : « Des enfants sont ici, apparemment ils ont été empoisonnés » m’a-t-il dit. Le Général Baldé est encore à l’état-major de la Gendarmerie, Général Toto aussi. Vous pouvez aller leur demander. On avait de la peine à s’entendre parce que les femmes de Kaloum venaient torse nu, mouchoir attaché sur le pagne pour demander le lynchage de la directrice de l’hôpital qui était une Peuhle. Elles disaient que c’est elle qui a empoisonné leurs enfants et elle continue à dire qu’ils font de la comédie. Le mot «comédie» là, je crois que c’est un mot malheureux que la directrice avait prononcé. Ça a donné lieu à une interprétation et les gens ont dit que c’est certainement l’UFDG qui a empoisonné l’eau. C’était automatique, hein ! Si c’étaient des enfants de l’UFDG qui étaient dans cet état, on allait accuser le RPG-arc-en-ciel. Mais en l’occurrence, comme ce sont les militants du RPG qui souffraient, on a dit que c’est l’UFDG. Ce n’était pas vrai ! C’était ni l’UFDG ni le RPG et ce n’est pas de la comédie, il y avait vraiment empoisonnement. Mais ce n’était pas là-bas qu’il fallait se déterminer sur la question. Pour le moment, il fallait désarmer les femmes qui voulaient lyncher la directrice. Et cette affaire-là, allait constituer le départ de la guerre civile. Il faut vous maîtriser quand on parle de la Guinée. De plus en plus on était débordé, tout Kaloum s’était vidé et se trouvait à l’hôpital. Il fallait réfléchir en vitesse pour désarmer la foule. Alors, une idée m’a traversé la tête, il faut agir sur la directrice. J’ai prié les femmes de m’accorder deux minutes. J’ai dit que cette affaire sera réglée, les coupables seront châtiés, mais en attendant, je suspends de ses fonctions la directrice de l’hôpital. Et je l’ai remplacée provisoirement par son adjoint. Pour notre bonheur, il se trouvait que ce dernier était un Malinké. Cela a donné espoir aux manifestants qui ont applaudi et la foule s’est dispersée. C’est la première étape. La deuxième, je ne vous la dirai pas. Moi je suis un homme d’Etat responsable. Après, j’ai fait des prélèvements pour l’OMS : les crachats, les vomissures des enfants, etc. pour voir la substance qui a provoqué cela. Les enfants étaient prostrés, on avait peur que l’un d’entre eux meurt, parce que ça allait être le détonateur pour l’éclatement de la Guinée. Heureusement, cette nuit-là, personne n’est mort. Mais j’ai renoncé dans l’immédiat à envoyer les échantillons, parce que j’ai compris d’où venait le coup. Et j’étais dans l’incapacité d’agir sur la source qui avait provoqué cela. Gouverner c’est très difficile. C’est pourquoi il y a des secrets dans l’Etat. Il faut mettre longtemps avant de les divulguer. Si vous les divulguer maintenant, vous allez en sens contraire de ce que vous souhaitez. Je connais qui avait empoisonné l’eau au Palais du peuple. Ce n’est pas l’UFDG, ce n’est pas le RPG, ce n’est pas l’UFR, ce n’était personne d’autre. Et je n’ai jamais dit à aucun moment, je dénis, je conteste, je m’inscris en faux contre celui qui a dit que j’ai accusé les commerçants. Aucun commerçant, ni peuhl, ni soussou, ni malinké, ni forestier n’était impliqué dans cette affaire. C’est une affaire qui s’est concoctée à Conakry, à des niveaux que vous ne pouvez jamais savoir avant longtemps».

Jean-Marie Doré a promis de tenir dans les prochains jours, une conférence de presse sur la gestion de la Transition par Sékouba Konaté et son équipe. Alors, attendons!

Après avoir exprimé sa colère sur le massacre de Zogota, Jean-Marie Doré a bien voulu aussi parler de la répression des habitants de Siguiri qui manifestaient contre l’insécurité, c’était le 7 août dernier. Quoique le Préfet qu’il pointait du doigt ait été relevé de ses fonctions, les habitants de Siguiri continuent à réclamer le départ des commandants des Rangers, de la gendarmerie et du juge de paix, au risque de se faire entendre. Jean-Marie Doré a condamné cette répression en ces termes qu’AfricaLog.com, vous livre en intégralité.

«Chaque fois que les Rangers de Siguiri sortaient faire la ronde, cette nuit-là, il y a des grands vols qui se commettaient au détriment des commerçants. C’est pourquoi les jeunes de Siguiri et les commerçants sont allés voir le préfet. Ils ont dit au préfet : comme les voleurs attendent seulement que les Rangers sortent faire la patrouille pour voler, nous voulons nous organiser avec les policiers et les gendarmes pour faire des rondes communes, mais il faut que les Rangers restent au camp, puisqu’ils attirent les voleurs. Le préfet, M. Sidiki Kaba, les a regardés avec mépris. Mais les gens ont insisté : M. le préfet, nous ne voulons plus que les Rangers fassent la patrouille. Le Préfet a passé outre à la mise en garde. Si un préfet ignore l’opinion de ses administrés alors je ne sais pas qui il va gérer. Il doit être, 24heures sur 24, aux écoutes de ses populations et il adapte son discours en fonction de ce qu’il entend. Si les discours sont contre la loi, il passe par les canaux sociaux pour expliquer que ce que vous demandez n’est pas possible. Mais il méprise la mise en garde la population de Siguiri. Et puis un jour, les Rangers sortent encore. Et comme le miel attire les abeilles, les voleurs aussi sont dans le sillage des Rangers, ils viennent et s’attaquent à un magasin d’un commerçant qui vend les machines qui détectent l’or. Comme vous le savez, depuis des siècles, le Bouré travaille l’or. Les gens de Siguiri ne connaissent que l’orpaillage, c’est leur métier. Vous ne pouvez pas empêcher un homme du Bouré de chercher l’or. Alors si vous dites à un ressortissant de Siguiri de ne pas chercher l’or, de ne pas aimer l’or, c’est comme si vous interdisez aux gens de Boulbinet (Kaloum) d’aller pêcher du poisson ou aux paysans de Macenta d’aller récolter le vin de palme…

Mais depuis un an et demi, on interdit aux gens de Siguiri d’aller faire l’orpaillage. Ce n’est pas normal. Je m’insurge contre cela. Il faut que les gens de Siguiri fassent le métier de leurs ancêtres. Parce que c’est toujours moderne. La production de Siguiri contribue à alimenter en devises la Banque centrale. Je ne vois pas comment on peut justifier d’interdire à des gens qui font un métier millénaire. Parce que l’or que Kankou Moussa, dont on parle tant, amenait à la Mecque est venu du Bouré. Comment on peut demander ces gens-là d’arrêter ce métier? On leur dit non seulement d’arrêter mais ils ont acheté des machines dont l’unité coûte 65 millions de francs guinéens qui font beaucoup d’argent de la poche d’un habitant de la localité de Siguiri. Les voleurs, cette nuit-là, ont emporté 70 machines. Les gens viennent demander au Préfet de chasser les Rangers, mais celui-ci les répond arrogamment; alors ils lui rentrent dans le buffet. Heureusement qu’il était véloce. Il a réussi à échapper à la jeunesse, en fuyant à Kankan.»

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