Neuf personnes condamnées à mort et détenues en Gambie, dont une femme, ont été fusillées dimanche, a annoncé lundi le ministère gambien de l'Intérieur en dépit de multiples protestations et appels à renoncer à ces exécutions de masse.
Après leur jugement et leur condamnation à mort par les tribunaux gambiens de juridiction compétente et à la suite de l'épuisement de leurs voies de recours, le ministère de l'Intérieur souhaite informer le public que les condamnés suivants ont été fusillés par un peloton d'exécution le dimanche 26 août 2012, écrit ce département dans un communiqué, qui publie une liste de neuf personnes, dont une femme et trois anciens militaires.
Cette annonce officielle intervient trois jours après l'annonce par Amnesty International de l'exécution de neuf condamnés à mort tard le jeudi 23 août, sur la base d'informations crédibles.
Aucune source en Gambie n'avait jusqu'alors confirmé ces exécutions, que le président gambien Yahya Jammeh avait lui-même annoncées pour avant mi-septembre dans un message à la Nation le 20 août.
Il n'avait précisé ni les dates, ni le nombre de personnes concernées. Mais dans un communiqué conjoint publié le 23 août, la Ligue sénégalaise des droits humains (LSDH), la Rencontre africaine des droits de l'Homme (Raddho) et la section sénégalaise d'Amnesty International, trois ONG basées à Dakar, avaient fait état de 47 condamnés à mort, dont une femme, détenus en Gambie.
L'annonce du projet d'exécutions des condamnés par Yahya Jammeh, qui dirige son pays d'une main de fer depuis 18 ans, ainsi que les informations d'Amnesty International avaient suscité l'émoi en Gambie et à l'étranger.
Plusieurs pays et institutions, dont l'Union africaine (UA) et l'Union européenne (UE), avaient exhorté les autorités gambiennes à renoncer aux exécutions programmées. Le président en exercice de l'UA, le chef de l'Etat béninois Thomas Yayi Boni, avait même dépêché à Banjul son ministre des Affaires étrangères, Nassirou Bako Arifari, pour demander à M. Jammeh de ne pas exécuter les condamnés à mort. Sans succès.
La République de Gambie est un Etat souverain qui, comme d'autres Etats souverains dans lesquels la peine de mort est appliquée, a le droit de mettre en oeuvre ses lois nationales tel que stipulé par sa Constitution, déclare le ministère gambien de l'Intérieur dans son communiqué lundi.
Il prévient l'opinion publique que la règle de droit ne sera compromise pour aucune raison concernant la paix, la stabilité, la protection des vies, des biens et de la liberté, et l'exhorte à respecter le droit fondamental de tous les citoyens et résidents de la République de Gambie.
Aucun acte de violence, aucune activité criminelle et d'indiscipline se traduisant par l'assassinat, de la trahison, de l'incendie criminel, du trafic de drogue et du trafic des être humains et toutes autres infractions passibles de peine de mort ne sera toléré. Par conséquent, toutes les peines prescrites par la loi seront appliquées à la lettre, y compris la peine de mort, prévient-il.
Selon le communiqué, les trois ex-militaires exécutés sont l'ancien lieutenant Lamin Jarjou et les ex-sergents Alieu Bah et Lamin Jammeh. Tous trois avaient été jugés pour plusieurs chefs d'accusation, dont trahison et assassinat et condamnés à mort en octobre 1998.
Ils avaient fait appel une fois mais, celui-ci ayant été rejeté, ils n'avaient pas introduit d'autre recours.
La femme fusillée en même temps qu'eux, Tabara Samba, avait été jugée et condamnée à mort en septembre 2007 pour avoir tué son mari parce que ce dernier avait pris une seconde épouse.
Plusieurs noms du communiqué du ministère de l'Intérieur figurent dans une liste publiée le 24 août par le journal privé sénégalais Le Quotidien, comprenant 47 personnes présentées comme des détenus de la prison gambienne de Mile 2 dans le couloir de la mort : 39 Gambiens, dont six officiers condamnés en juillet 2010 pour trahison et tentative de coup d'Etat en novembre 2008, trois Sénégalais dont Tabara Samba, un Bissau-Guinéen, deux Maliens et deux Nigérians. – AfricaLog avec agence