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Marche étouffée: Des tirs sur le véhicule de Lansana Kouyaté

Aug 27, 2012
 Marche étouffée: Des tirs sur le véhicule de Lansana Kouyaté

Les leaders de l’opposition ont voulu forcer la situation et passer à l’acte d’une manifestation qu’elle qualifie de «pacifique» en dépit de l’interdiction du pouvoir. Ils se feront finalement prendre dans leur propre piège. Car, durant toute la journée, nos leaders politiques seront toujours confinés chez le Président du PEDN, Lansana Kouyaté. Et ce, pas de gaité de cœur, car le domicile de M. Kouyaté est dans un cul-de-sac dans la Commune de Matoto.

On aura même frôlé le pire lorsqu’il y a eu des tirs de la part des forces de l’ordre. N’eut été le blindage du véhicule de Lansana Kouyaté, véhicule dans lequel se trouvaient Sidya, Cellou et Kouyaté, on aurait assisté au pire.


 

Nous avons pu joindre certains leaders et ministres du pouvoir pour en savoir un peu plus.

Lansana Kouyaté décrit en ces termes l’atmosphère:

«Autour de chez moi, les forces de l’ordre sont massivement déployées. On a essuyé des tirs de gaz lacrymogènes. Il y a eu beaucoup d’impacts sur le véhicule où nous étions. N’eut été la résistance de ce véhicule, peut-être que le pire serait arrivé. La voiture sera bien naturellement, expertisée pour se faire l’idée de la nature des attaques. Il y a eu beaucoup de gaz lacrymogènes jetés ici, dans la cour. C’est très regrettable car c’est une agression contre des leaders qui n’avaient d’autres intentions que de manifester pacifiquement pour exprimer ce qu’ils pensent réellement de la situation de blocage actuel ».

Des circonstances d’attaque de la voiture de M. Kouyaté:

«On est entré dans le véhicule, je vous signale qu’il y a beaucoup de blessés aussi. Celui qui s’occupe de la maintenance et qui était dans la voiture de précurseur, a été sérieusement bastonné ; il a un bras fracturé.
Deuxièmement, il y a eu beaucoup d’impacts sur la voiture où nous étions tous, c’est-à-dire Sidya, Cellou et moi-même. On a dû faire retour parce qu’on prenait la voiture pour venir au lieu de rencontre avec les manifestants et marcher maintenant pour le point de ralliement. On s’est heurté aux forces de sécurité qui ont commencé par nous jeter d’abord du gaz lacrymogène et ensuite, à tirer sérieusement sur nos voitures. Beaucoup de voitures ont eu à passer : celle de Cellou, celle de Sidya et ma voiture de précurseur aussi.
Quant à la voiture où on était, il y a eu beaucoup de tirs là-dessus. La presse déjà qui est là a dû faire le film de tout ça».

Des enseignements à tirer de l’acte que semble avoir posé le pouvoir:

«Nous sommes justement en train d’en discuter. C’est un acte inqualifiable du fait de la démocratie et de la liberté d’expression, ce pourquoi tout ce monde s’est battu durant tant de temps».

Message à l’endroit des autorités:

«C’est de leur demander de savoir raison gardée. C’est leur demander d’être en adéquation avec ce qu’elles ont elles-mêmes promis. Le Président Alpha s’est lui-même longtemps pour cette démocratie. Aujourd’hui nous pensons à feu Siradiou [Diallo], feu Bâ Mamadou, tous ceux avec lesquels il s’est battu pour aboutir à une démocratie véritable. Mais malheureusement, on est loin du compte».

Appel à Alpha Condé:

«Ce que je lui demande, à lui personnellement, c’est de pouvoir respecter le combat qu’il a mené. Aujourd’hui qu’il est à la tête de l’Etat, essayer de comprendre que l’opposition s’oppose quand elle a la raison de s’opposer».

De son côté, Sidya Touré de confier:

«Ecoutez, nous sommes en concertation pour savoir quelle stratégie il faut adopter. Nous avons été pris de court par la violence totale. Si tu veux des réactions des gens qui sont habillés comme des policiers, je ne sais pas très bien.
Mais, c’est la première fois que dans les manifestations en Guinée, depuis plus de 10 ans, que l’on a une agression directe vis-à-vis des leaders de partis politiques. Ça, c’est la première fois. Des gens habillés en civil pour se faire passer de militants, alors qu’ils n’en sont pas ! Alors, nous estimons que nous avons franchi une étape aujourd’hui ».

Comme première réaction, les leaders politiques ont annoncé la décision de retirer leurs ministres du gouvernement du Premier ministre Mohamed Saïd Fofana, leurs représentants de la CENI, du CNT bref, de toutes les institutions républicaines.

Joint au téléphone, le Ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation a déclaré:

«Je lance un appel à l’opposition de renoncer à ses marches qui n’ont pas de sens».

Dr Alhassane Condé de poursuivre: «Je demande à l’Etat d’organiser les élections législatives».

Toutefois, le Ministre prévient: «Il est formellement interdit à quiconque de manifester. Et celui qui le fait, trouvera la justice sur son chemin».

Par rapport à l’attaque du domicile de Cellou Dalein Diallo de l’UFDG par des jets de pierres et de gaz lacrymogène, le porte-parole par intérim du gouvernement, Albert Damantang Camara apporte un démenti:

«Nous avons vérifié cette information lorsqu’on l’a apprise, mais elle n’a pas été confirmée ni par la police ni par la gendarmerie. Par contre, ce qu’on sait, qu’il y a eu des affrontements et des jets de gaz lacrymogènes au niveau du carrefour échangeur à Dixinn et n’étant pas loin du domicile de M. Dalein, peut-être qu’il y a eu confusion à ce niveau. Mais, toujours est-il que nous n’avons pas eu d’informations qui corroborent cette autre information».

Albert Damantang réagit également par rapport à la décision de l’opposition de retirer ses hommes des différentes institutions républicaines:

«C’est dommage parce que participer à un gouvernement, c’est participer à la gestion d’un pays. Participer à la CENI ou au CNT, vous me donnez d’ailleurs cette exclusivité, c’est participer également à la mise en place d’une démocratie. S’en exclure, c’est prendre une responsabilité dont ils sont les seuls à assumer. Je ne peux qu’en prendre acte et le gouvernement également».

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