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Le pouvoir guinéen accusé de tentative d’assassinat de leaders politiques

Aug 28, 2012
Le pouvoir guinéen accusé de tentative d’assassinat de leaders politiques

Ce 27 août, les leaders du Collectifs des partis politiques pour la finalisation de la Transition et de l’Alliance pour la Démocratie et le Progrès, ADP ont été empêchés de faire leur marche pacifique qu’ils projetaient à Conakry et à N’Zérékoré depuis plus d’une semaine. Dès les premières heures de la matinée, quasiment tous les grands carrefours de la haute banlieue de Conakry étaient noirs d’agents de maintien d’ordre et de sécurité qui ont empêché tout regroupement de citoyens. Cela a fait remonter la colère des leaders qui voulaient faire une démonstration de force, a constaté AfricaLog.com sur place.

Aux environs de 10h, une vingtaine de policiers et de gendarmes ont pris d’assaut l’entrée du domicile de Cellou Dalein Diallo, président de l’UFDG (Union des forces démocratiques de Guinée), dès 9h 30 où il était avec Aboubacar Sylla de l’UFC, Etienne Soropogui des NFD, Charles Pascal Tonlo du PPG et d’autres. Les agents ont lancé des gaz lacrymogènes dans l’enceinte de la cour lorsque le cortège des leaders a pris la position de départ.

Auparavant, Sidya Touré de l’UFR a rejoint le domicile de Cellou Dalein Diallo à qui, il a apporté le soutien moral. Une voiture sonorisée appartenant à l’UFDG de la marque Nissan Patrol, immatriculée RC 6463 F est immobilisée, suite à une crevaison de son pneu devant, côté gauche. Elle sera remorquée quelques instants après, par l’un des pick-up des gendarmes avant d’être parquée dans la cour de l’escadron mobile numéro 3 de Matam. Mais les leaders qui tenaient vaille que vaille à sortir, ont bravé les gaz lacrymogènes. Leur cortège a pris son élan et a foncé droit vers le groupe d’agents qui voulaient leur barrer la sortie. Mais avec la vive allure du cortège, le groupe d’agents se divise en deux, et le cortège passe et emprunte la route Leprince, file à la vitesse supérieure, non sans se heurter à des obstacles au niveau des ronds-points de Bellevue, Hamdallaye, Bambéto et Coza pour se rendre chez Lansana Kouyaté, président du PEDN (Parti de l’espoir pour le développement national), après un passage à la vitesse de l’éclair du rond-point de Matoto.

Et là, Aboubacar Sylla, président de l’Union des forces du Changement, UFC a résumé les incidents survenus chez Cellou Dalein Diallo: «Comme vous le voyez, les vitres de nos véhicules ont été cassées, on nous a coupé le cortège, on nous a empêché d’évoluer, alors que la manifestation n’avait même pas commencé. On a vu des agents se comporter comme de véritables loubards en bloquant les gens, en tapant sur eux alors qu’ils n’ont commis aucun délit… » Et d’ajouter qu’il y a eu des arrestations dont le président du PUL, (Parti de l’Unité et de la liberté), Oumar Koura Bah au même titre que d’autres personnes.

Aboubacar Sylla affirme que c’est un recul à la démocratie. Il déclare que le pouvoir d’Alpha Condé a décidé de «museler les partis politiques en Guinée, sinon aucun officier de police ou de gendarmerie ne peut se permettre d’aller aussi loin s’il n’a pas reçu d’ordre de sa hiérarchie.»

Au domicile du leader du PEDN, les opposants se concertent durant de longues minutes, avant de former un cortège qui sort, prend le côté ouest de la corniche pour se rendre au rond point de Matoto, en vue de s’ébranler sur l’autoroute Fidel Castro (l’itinéraire défini au préalable) et atteindre l’esplanade du Stade du 28 septembre à Dixinn, retenu comme point de ralliement des manifestants. Mais des agents avaient encerclé la zone. A peine les leaders du Collectif et de l’ADP ont-ils franchi le portail du domicile de l’ancien Premier ministre Lansana Kouyaté, ils se heurtent à la ceinture de sécurité, formée par des agents armés de bombe à gaz lacrymogène et de matraques, qui lancent du gaz lacrymogène dans le tas de véhicules et partout dans le voisinage.

Le pare-brise de la voiture de Sidya Touré en prend un coup et éclate. La BMW blindée de Lansana Kouyaté en prend assez et porte des traces sur son côté droit et sur le capot. D’aucuns pensent que ce sont des traces de balles réelles.

En tous les cas, le cortège fait demi-tour, fonce dans la concession de Lansana Kouyaté. Ils sont poursuivis par des gaz lacrymogène et des projectiles. Panique total. Les habitants se terrent chez eux. Des témoins parlent de tirs à balles réelles sur le cortège. Des jeunes militants qui suivaient le cortège, les yeux larmoyants, se sont réfugiés dans le voisinage de M. Kouyaté. Des journalistes sont maltraités. Certains tentent de résister pour des photos, mais des agents les en empêchent et les menacent. Deux jeunes militants du PEDN, un certain Oumar Doumbouya et son frère Ben Doumbouya, sont interpellés avant d’être relâchés une heure et demie plus tard. Mais Oumar en est sorti avec des blessures à la figure et à son bras gauche. Il dit avoir été roué de coups avec des matraques.

Les leaders réagissent, amèrement. Cellou Dalein Diallo de l’UFDG déclare: «C’est un dispositif de sécurité mis en place pour empêcher les citoyens guinéens d’exercer les libertés qui leur sont reconnues par la Constitution de la République. Donc, ce sont eux qui violent la loi. Les agents à la solde d’Alpha Condé ont la volonté obstiné de restreindre les libertés des citoyens, les libertés de mouvement des leaders politiques. C’est une pratique courante chez Monsieur Alpha Condé, ce n’est pas une surprise. Il est resté fidèle à ses traditions, il ne veut pas que les Guinéens exercent leur droit, leur liberté. Mais nous, nous allons exiger que les Guinéens exercent les libertés qui leur sont reconnues par la constitution et les lois du pays.» Et d’accuser l’équipe du Président Alpha Condé d’avoir ordonné aux agents de sécurité de pulvériser sa maison du « gaz lacrymogène et à soumettre sa famille à des sévices.»

Son vice-président, Fodé Oussou Fofana ajoute: «C’est extraordinaire. Vous avez été témoins, vous l’avez vécu. Nous avons été tous gazés, maintenant on nous séquestre, on nous empêche de sortir du domicile de Lansana Kouyaté, c’est un recul de la démocratie. Je suis convaincu qu’après ça, ils vont venir nous arrêter un à un. Mais nous allons manifester…»

Juste après ses propos, une bombe à gaz lacrymogène tombe dans la cour. Les jeunes en colère injurient, protestent. Tout le monde a les yeux larmoyants.

Sidya Touré de l’UFR: «Je pense que vous êtes tous victimes. Des projectiles ont été lancés par les milices du RPG à qui on a donné des barres de fer pour taper des véhicules et par des gendarmes, dans l’objectif de nous blesser et peut-être même pire. Regardez nos véhicules! Nous n’avions jamais vu cela en Guinée. C’est la première fois que lors d’une manifestation comme celle-ci, on s’en prend directement aux leaders politiques, même au temps du Général Conté… Il faut que les institutions de la République se mettent en place.»

L’opposant dira que l’opposition va continuer à dénoncer la malgouvernance, l’insécurité, les forces de l’ordre qui agressent et tuent des villageois tranquilles à Zoghota, à Siguiri. La Guinée ne vit plus l’avènement d’une démocratie mais un système autocratique.

Mme Kouyaté Fanta, a affirmé: «Je dis au Professeur Alpha Condé, que ce n’est pas comme cela on installe une démocratie. La marche est une revendication pure et simple après des tentatives vaines de dialogue.» Mais elle reste convaincue que celui-ci reviendra à de meilleurs sentiments pour organiser les législatives, pour avoir été opposant des précédents régimes.

L’opposant, Faya Millimono, l’ex militant de la NGR remarque que les autorités guinéens ont donné ordre à tirer à balles réelles sur la «voiture dans laquelle se trouvaient les leaders: Cellou Dalein Diallo, Lansana Kouyaté et Sidya Touré.» Il déclare qu’actuellement la Guinée recule en matière de démocratie, de la liberté et des droits de l’homme. Il affirme qu’ils vont manifester. Avant d’annoncer que les leaders sont en «réunion de crise», à l’issue de laquelle ils vont réaffirmer leur position de marcher. Jusqu’à 18h, les leaders du Collectif et de l’ADP sont entrés dans des discussions en vue de produire une déclaration qui condamne la répression dont ils ont fait l’objet avec leurs militants. Ils sortaient de leur salle pour s’offrir un bain de foule et parler aux micros des journalistes.

Leur hôte, Lansana Kouyaté a déclaré: «Après les élections présidentielles, nous sommes aujourd’hui dans l’impasse. On a voulu marcher simplement, pour dénoncer le blocage pour que les élections législatives aient lieu et attirer l’attention du gouvernement sur la vie chère. Cela est notre droit. Rien ne nous arrêtera : ni les menaces, ni les tirs à balles réelles sur nos véhicules, on ira jusqu’au bout… »

Dans une déclaration l’opposition politique guinéenne réunie au sein du Collectif des partis politiques pour la finalisation de la Transition et de l’Alliance pour la Démocratie et du progrès, ADP a accusé le pouvoir de «tentative d’assassinat de leaders politiques» et annoncé le retrait de leurs représentants au sein de la CENI, l’organe chargé des élections, le CNT, l’organe qui joue le rôle de parlement et le retrait du gouvernement des ministres des Audits et du contrôle économique et celui des Plans, qui ont pour noms, respectivement, Aboubacar Sidiki Koulibaly et Souleymane Cissé. Ils sont issus du PEDN de Lansana Kouyaté, ancien allié du RPG-Arc-en-ciel qui a porté Alpha Condé au pouvoir.

AfricaLog.com

 

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