Quelques heures après leur arrivée aux Etats-Unis, l'imam radical Abou Hamza Al-Masri et quatre autres suspects de terrorisme extradés de Grande-Bretagne, ont été présentés samedi devant des tribunaux fédéraux américains.
Déféré devant un tribunal fédéral de Manhattan à New York, Abou Hamza n'a pas dit s'il plaidait coupable ou non des chefs qui lui sont reprochés. Il est accusé aux Etats-Unis d'avoir tenté de mettre en place un camp d'entraînement d'Al-Qaïda dans l'Oregon (nord-ouest du pays). Les autorités américaines le soupçonnent également d'avoir aidé des islamistes qui ont enlevé 16 touristes étrangers au Yémen en 1998. Trois touristes britanniques et un Australien avaient été tués lors d'une fusillade entre les forces de sécurité et les ravisseurs. Il lui est aussi reproché d'avoir participé à l'organisation de l'entraînement de djihadistes en Afghanistan.
Abou Hamza a été transféré à New York avec Khaled al-Fawwaz et Adel Abdul Bary. Les autres suspects Syed Talha Ahsan et Babar Ahmad ont plaidé non coupable devant la Cour fédérale de New Haven, dans le Connecticut, samedi matin.
Les cinq hommes avaient été extradés vendredi soir de Grande-Bretagne après que la Haute Cour britannique a jugé qu'ils n'avaient plus de recours possibles pour éviter un procès aux Etats-Unis, a fait savoir Scotland Yard.
Le procureur du tribunal fédéral de New York Preet Bharara a considéré ces extraditions comme un "tournant, à un moment où notre nation s'efforce d'éradiquer le terrorisme". "Selon l'accusation, ce sont ces hommes qui étaient au centre des actes de terrorisme menés par al-Quaïda, qui ont causé des bains de sang, qui ont provoqué la mort de personnes, qui ont brisé des familles" a-t-il ajouté.
Les suspects avaient été transférés vendredi soir de la prison de Long Lartin vers une base aérienne de l'est de l'Angleterre, où deux avions des autorités américaines les attendaient. Le convoi a décollé peu avant minuit, a précisé la police britannique.
"Je suis ravi qu'Abou Hamza soit maintenant hors de ce pays", a déclaré le Premier ministre britannique David Cameron. "Comme tout le monde, j'en ai assez de ces gens qui viennent ici, menacent notre pays, restent aux frais des contribuables sans que l'on puisse s'en débarrasser", a-t-il ajouté. "Je suis ravi que nous ayons réussi à envoyer cette personne dans un pays où il sera traduit en justice" a ajouté le Premier ministre.
Quelques heures plus tôt, les juges John Thomas et Dunan Ouseley de la Haute cour avaient rejeté l'ultime recours d'Abou Hamza Al-Masri, Khaled al-Fawwaz, Babar Ahmad, Adel Abdul Bary et Syed Talha Ahsan, qui ont lutté contre cette extradition durant 14 ans.
Ils avaient tous les cinq tenté d'échapper à leur extradition en faisant part de leurs inquiétudes quant au respect des droits de l'Homme et aux conditions de détention qu'ils risquaient de trouver aux Etats-Unis. Les cours européenne et britannique avaient jugé qu'ils pouvaient être extradés pour être poursuivis, mais les suspects avaient déposé un dernier recours devant la Haute Cour.
Abou Hamza était l'un des imams radicaux les plus connus de Grande-Bretagne. Originaire d'Egypte, il officiait à la mosquée de Finsbury Park à Londres. Il est borgne et muni de crochets à la place des mains, qu'il affirme avoir perdues en combattant les troupes soviétiques en Afghanistan dans les années 1980.
La mosquée de Finsbury Park, qui s'était radicalisée sous Abou Hamza, a notamment accueilli Zacarias Moussaoui, le Français condamné à la prison à perpétuité aux Etats-Unis pour complot en liaison avec les attentats du 11 septembre 2001, et Richard Reid, le Britannique qui avait tenté de faire exploser une charge dissimulée dans sa chaussure à bord d'un vol transatlantique. - AfricaLog avec agence