Les accusés renvoyés devant la Cour d’assises et le tribunal militaire. On se souvient qu’à l’annonce du non-lieu déclaré le 2 juillet 2012 au bénéfice des mis en cause de l’attaque de la résidence privée du Président Alpha Condé, sise à Kipé, le ministère public et le Chef de l’Etat en personne avait intenté un pourvoi en cassation de cette décision, le 6 juillet. Ce qui sera fait par la Cour suprême. Le Ministère public ayant à l’époque dénoncé des erreurs dans la décision de la Chambre de mise en accusation.
On a encore en mémoire les propos de Me Mory Doumbouya, un des membres du collectif des avocats du Président. Alpha Condé: «le 2 juillet passé [2012, NDLR], la Chambre d’accusation de la Cour a rendu un arrêt de non-lieu partiel et de renvoi en Cour d’assises dans ce dossier. En raison de certains manquements à la loi, la partie civile y compris le Pr. Alpha Condé se sont pourvus en cassation. Et à ce jour, tous les actes susceptibles d’être accomplis dans le cadre de ce pourvoi sont régulièrement déposés au greffe de la Cour».
Et l’avocat d’ajouter: «Imaginez, si les objectifs visés étaient atteints franchement, cette situation aurait plongé le peuple de Guinée dans un chaos total».
Réaction de l’un des avocats de la défense, Me Salifou Béavogui: «dans tous les cas, ce sont nos clients qui sont en prison. Ce sont eux qui continuent à souffrir alors que ce sont des innocents. C’est pourquoi nous, nous n’avons jamais voulu exercer de recours dilatoire. Puisque la liberté n’a pas de prix, la santé n’a pas de prix. Ce sont des pères de famille qui sont en prison. En tout cas, nous allons continuer à garder la sérénité et agir dans l’intérêt exclusif de nos clients. Nous n’allons exercer aucun recours qui soit de nature à les maintenir en prison. Sinon, le premier non-lieu qui a été prononcé pour 15, alors que nous devions avoir une quarantaine de non-lieux parce qu’l y a encore des personnes parmi elles qui ne connaissent rien dans cette affaire mais qui avaient été renvoyées. Nous avons accepté par ce que nous allons mettre à nue tout le montage qui a été dans cette affaire devant la Cour d’assises et le public le saura».
Depuis, les personnes soupçonnées continuent de croupir en prison. La Cour suprême qui a examiné le fond du dossier a rendu son verdict quelques jours plus tard en cassant l’arrêt de la Chambre de mise en accusation qui accordait le non-lieu à 15 des détenus de la maison centrale. Elle reprochait au juge de mise en accusation près la Cour d’appel de Conakry de «n’avoir pas statué sur les infractions de racisme et de régionalisme». La Cour signifiait également dans son verdict que «la Chambre de mise en accusation, en tant que juridiction de droit commun, ne devrait pas se prononcer sur cette affaire dite criminelle». Ce qui fera crier à «un procès politique».
Le mercredi 14 novembre 2012, un nouvel élément est intervenu dans le dossier avec la deuxième décision que la Chambre de mise en accusation a rendue. En effet, l’acte renvoie les accusés devant la Cour d’assises s et le tribunal militaire pour la simple raison que les inculpés sont dans leur majorité des militaires qui sont poursuivis pour «atteinte à la sûreté de l’Etat, tentative d’assassinat et détention illégale d’armes de guerre».
Peu après, les avocats de la défense étaient face à la presse à la Cour d’appel de Conakry. Me Salifou Béavogui va rappeler les motifs de rétention de ses clients : «il est retenu contre le Cdt Alpha Omar Barry dit AOB, Jean Guilavogui, Lt Mamadou Bobo Diallo, Emile Guilavogui, Lamine Diallo, les infractions d’association de malfaiteurs, assassinats, tentatives d’assassinats, attentat contre l’autorité de l’Etat, coups et blessures volontaires, destruction d’édifices mobiliers, détention illégale d’armes de guerre et de munitions, détention et consommation de chanvre indien».
Il va poursuivre: «Alpha Saliou Wan, colonel Algassimou Barry, capitaine Chérif Bah, Lt Mamadou Sadialiou Diallo sont poursuivis pour abstention délictueuse». Et d’ajouter: «Mme Fatou Badiar, est désormais poursuivie régionalisme, ethnocentrisme, racisme ». Avant de conclure qu’il est reproché : « la désertion au général Nouhou Thiam, au colonel Mamadouba Bondabon Camara, au colonel Sadou Diallo, au lieutenant Kémo Condé».
Pour Me Bassirou Barry, également de la défense, «si certains de nos clients sont détenus avec chef d’accusation, d’autres le sont sans aucun motif». Il cite des cas: «Lanciné Doumbouya rencontre le colonel Barry et lui dit exactement ceci : colonel Barry, je sors d’une réunion, on nous a informés que cette nuit, un coup d’Etat a échoué. C’est tout. Voilà pourquoi ils sont en prison depuis bientôt deux ans. Je terminerai par le cas du colonel Sow. Jusqu’au moment où je vous parle, personne ne sait pourquoi il est arrêté. Même la Chambre d’accusation est incapable de donner une explication sur son cas. Et je vous assure que malgré le dossier volumineux dont nous disposons, pas une fois, il n’est reproché nulle part quelque choses à Bah Oury».
En attendant de savoir la démarche qu’ils vont entreprendre, Me Salifou Béavogui est plus qu’amer et il l’a fait savoir aux journalistes: «Nous sommes vraiment dépassés par le traitement de ce dossier».
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