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Des élections tests du dernier mandat de Blaise Compaoré

Dec 02, 2012
Des élections tests du dernier mandat de Blaise Compaoré

Les Burkinabè ont voté dimanche dans le calme pour des législatives et des municipales à valeur de test pour le régime de Blaise Compaoré, ébranlé l'an dernier par des troubles et suspendu à la question de la succession du président en 2015.

Les bureaux de vote ont commencé à fermer à 18H00 (locales et GMT). Le dépouillement des voix a progressivement démarré dans la foulée, en vue des résultats attendus d'ici jeudi.

Ces scrutins sont "importants pour la promotion de la démocratie", a déclaré lors du vote le président Compaoré, au pouvoir depuis le coup d'Etat militaire de 1987.

Seuls quelques incidents ont été rapportés par la radio nationale: des urnes volées, saccagées ou brûlées dans un village de la municipalité de Banfora (sud-ouest) ou à Zorgho (nord-est), des bulletins de vote dérobés à Fada N'Gourma (est). Le manque de bulletins dans certains bureaux a retardé les opérations de vote, notamment à Ouagadougou, et les agents de sécurité ont parfois été jugés en nombre insuffisant.

Dans l'ensemble, il n'y a pas eu de "tensions particulières", a souligné un membre d'une mission d'observation étrangère.

Quelque 4,3 millions de personnes étaient appelées aux urnes pour élire 127 députés et environ 18.600 conseillers municipaux, qui choisiront les maires à travers le pays.

Si le puissant Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, au pouvoir) partait grand favori, ces scrutins avaient valeur de test, étant les premiers depuis la crise du premier semestre 2011 dans ce pays pauvre d'Afrique de l'Ouest. Une vague de mutineries, en même temps que de violentes manifestations populaires, avait alors failli emporter le régime.

Ces troubles, "je ne souhaite même pas que ça arrive à un ennemi. Ca a peut-être mis le pays en retard d'un ou deux ans", a confié une électrice, Amina Dermé, mère de famille de 53 ans.

C'était aussi dimanche le dernier grand rendez-vous électoral avant 2015, terme normal du dernier mandat du président.

Sa succession hante le "pays des hommes intègres" (Burkina Faso, en langues locales). Certains de ses partisans poussent M. Compaoré à une révision de la Constitution pour lui permettre de se représenter. Mais il est aussi soupçonné de vouloir passer le relais à son frère cadet et conseiller François Compaoré.

Candidat aux législatives dans la capitale, "François" est depuis quelques mois le nouvel homme fort du CDP. Au nom du "renouvellement", de nombreux caciques ont été congédiés des instances du parti, avant d'être privés d'investitures pour dimanche.
"trop d'injustices"
Ce que beaucoup considèrent comme une "purge" a suscité de fortes tensions au sein du

camp au pouvoir, même si elles se sont peu exprimées publiquement: la politique va de pair avec le secret à Ouagadougou.

Le CDP détenait 73 sièges - sans compter les 26 de ses alliés - sur les 111 de l'Assemblée nationale sortante. Il dirige aussi l'écrasante majorité des 351 communes.

Les opposants partaient encore une fois en rangs dispersés et avaient donc peu de chances de troubler le jeu. Le classement entre partis d'opposition à l'issue du vote permettra en tout cas de savoir si, à l'Assemblée, Bénéwendé Stanislas Sankara demeure le chef de file des anti-Compaoré.

Mohamed Zongo, chauffeur de 27 ans, est de ceux qui ont "voté pour le changement": "il y a trop d'injustices dans ce pays".

Après avoir crié constamment à la fraude lors des élections, comme à la présidentielle de 2010, l'opposition peut se féliciter que l'enregistrement des électeurs ait été réalisé selon un système biométrique, comme elle le réclamait.

Depuis la fin des troubles de l'an dernier, le pouvoir a su reprendre les choses en main, mais le front social s'est ranimé récemment dans ce pays où près de la moitié des quelque 16 millions d'habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté.

Tourné dimanche vers ses enjeux intérieurs, le Burkina est aussi très impliqué dans une crise régionale sans précédent: Blaise Compaoré est le médiateur de l'Afrique de l'Ouest au Mali voisin, dont le Nord est contrôlé par des islamistes armés, notamment Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). – AfricaLog avec agence

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