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L'enquĂŞte sur la disparition de Ben Barka fait du surplace

Oct 04, 2009

Après la diffusion par Interpol de quatre mandats d'arrêt visant des dignitaires marocains, sa famille espérait que l'enquête sur la disparition de Mehdi Ben Barka allait enfin aboutir. Raté: la justice française a demandé leur suspension.

L'enquête sur la disparition de Mehdi Ben Barka est de nouveau au point mort après la suspension de quatre mandats d'arrêt internationaux demandée par la justice française, au grand dam de la famille de l'opposant marocain qui s'interroge sur la volonté de la France d'éclaircir cette affaire remontant à 1965.

Le parquet de Paris a en effet annoncé vendredi qu'il demandait la suspension de la diffusion de ces mandats visant quatre Marocains, dont le chef de la gendarmerie royale marocaine, Interpol exigeant des "précisions" qui doivent être fournies par le juge d'instruction.

Le ministère de la Justice avait pourtant donné il y a quelques jours son feu vert à ces mandats, relayés par Interpol au niveau international sous forme d'"avis de recherche internationaux à des fins d'extradition".

Ces mandats avaient été signés deux ans plus tôt, en octobre 2007, par le juge parisien Patrick Ramaël, alors que Nicolas Sarkozy était en visite au Maroc. Ils avaient à l'époque provoqué l'embarras de la délégation française.

"C'est une mascarade. Un même ministère qui se déjuge en 24 heures, c'est une manifestation flagrante et cynique de la raison d'Etat, s'est emporté Bechir Ben Barka, fils de l'opposant marocain. La ministre de la Justice a-t-elle été déjugée par l'Elysée?".

La Chancellerie a démenti toute intervention politique, par la voie de Guillaume Didier, porte-parole du ministère. "Interpol, constatant une insuffisance dans la rédaction de ces mandats, dit qu'ils ne sont pas exécutables en l'état, contraignant le parquet à demander la suspension de leur diffusion dans l'attente des compléments demandés", a-t-il expliqué.

A Lyon, au siège d'Interpol, on se refuse à toute explication: "Même si on demande des précisions, on n'a rien à ajouter et on ne fera pas de commentaires".

Pour l'avocat de la famille, Me Maurice Buttin, "depuis 44 ans il y a une complicité des deux côtés de la Méditerranée, au départ pour favoriser la disparition de Mehdi Ben Barka, maintenant pour empêcher la vérité d'éclore". Pour autant, l'avocat "ne désespère pas que l'enquête reparte d'ici quelques semaines".

Le Maroc, de son côté, n'a fait aucun commentaire officiel sur ce nouvel épisode, la presse faisant seulement allusion samedi à l'annonce de la diffusion des mandats, la demande de suspension étant intervenue trop tard vendredi.

Outre le chef de la gendarmerie royale marocaine, le général Hosni Benslimane, les mandats suspendus visent le général Abdelhak Kadiri, ancien patron des renseignements militaires, Miloud Tounsi, alias Larbi Chtouki, un membre présumé du commando marocain auteur de l'enlèvement, et Abdlehak Achaachi, agent du Cab 1, une unité secrète des services marocains.

Ce rebondissement intervient alors que le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux était revenu mardi d'une visite de trois jours au Maroc, où il s'était notamment entretenu avec son homologue Chakib Benmoussa.

Ben Barka, chef de file de l'opposition marocaine en exil et figure emblématique du tiers-mondisme, a disparu le 29 octobre 1965 devant la brasserie Lipp à Paris, lors d'une opération menée par les services marocains du roi Hassan II avec la complicité de policiers et de truands français.

Cette affaire n'a jamais été totalement élucidée malgré deux instructions judiciaires: le corps de Ben Barka n'a pas été retrouvé et les conditions de sa mort n'ont pas été établies. – L’Express

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