A la fin des années 60, Steve Biko, brillant intellectuel, mit la main à la pâte, divulguant sur l'ensemble du territoire sud-africain, l'idéologie de la Conscience noire. Importée des Etats-Unis, elle se présentait comme non violente et visait à rendre sa dignité et son identité à la population noire. C'est à la même année qu'il fit ses premiers pas en politique sur le campus universitaire de Durban-West Ville où il contribua à la création du syndicat étudiant noire Saso.
Né à King Williams Town, dans la province du Cap en 1946, il intègre l'Union nationale des Etudiants d'Afrique du Sud dominée par des libéraux blancs, qu'il quitte en 1968 pour devenir le premier président de la South African Students Organisation. En 1972, le symbole de la lutte anti-apartheid entame les travaux pour les "programmes de la communauté " à Durban. Son activisme donne des insomnies aux autorités sud-africaines. Un an plus tard, il est frappé d'un ordre de bannissement avec d'autres leaders. Il reste imperturbable.
Obsédé qu'il est, il continue, à mener ses activités en vue de terrasser l'apartheid. En 1975, il fonde le Zimele Trust Fund, un fonds d'aide aux prisonniers politiques et à leurs familles, et le Ginsberg Educational Trust, organisme d'assistance aux étudiants noirs. Le leader de la Conscience noire fut incarcéré quatre fois. En 1974, il est accusé d'avoir violé son ordre de bannissement. Trois ans après, on lui reproche d'avoir incité des témoins à modifier leurs témoignages.
C'est que des jeunes avaient été torturés par la police et contraints de signer des aveux qu'ils n'avaient pu lire. Steve n'ayant pas apprécié cet état de chose leur avait conseillé de révéler au juge l'exactitude de ce qu'ils avaient vécu. Il est mis aux arrêts pour l'ultime fois, avec Peter Jones, militant de la BPC, aussi banni en août 1977. Le 12 septembre de la même année, après 16 jours de détention sans procès, il décède à la prison de Pretoria.
Mensonges
Pour éviter des manifestations populaires, les autorités sud-africaines se dédisent sur l'origine de cette mort. C'est le cas de Jimmy Kruger, ministre de la police, qui affirme une chose et son contraire. Selon lui, Steve est mort suite à une grève de la faim de cinq jours, par la suite, il a succombé à ses blessures qu'il aurait eues lors d'un affrontement avec la police de sécurité. Les médecins sont mis à contribution pour casser la stupeur et la révolte générales. "Perdant brusquement le contrôle de lui-même, Steve aurait été blessé à la tête alors qu'il tentait d'envoyer une chaise sur l'un de ses gardiens. Avant d'être maîtrisé et emmené à l'hôpital de la prison de Port Elisabeth, puis à celle de Pretoria où il devait décéder le 12 septembre" indique la version officielle.
Pourtant, plusieurs mois plus tard, l'enquête révèle que Steve avait été gardé nu dans sa cellule pendant une grande partie de sa détention et enchaîné aux mains et aux pieds. Il fut attaché à une grille métallique et soumis à un interrogatoire pendant 22 heures consécutives au cours desquelles, il fut battu, torturé et reçu plusieurs coups à la tête qui provoquèrent des lésions fatales au cerveau. Lorsqu'il tomba dans le coma, Steve fut jeté à l'arrière d'une Land-Rover et emmené à Pretoria sur une distance de 1200 km, où il mourut quelques heures après son arrivée.
A la dimension de l'homme, des obsèques grandioses furent organisées pour lui rendre un dernier hommage. Les dirigeants sud-africains de l’après apartheid ont réédité vingt ans après. Nelson Mandela a inauguré une statue du leader du mouvement de la Conscience noire. - AfricaLog