La victoire de Faure Gnassingbé, le président sortant du Togo, est contestée par l'opposition. Mais pas seulement. L'Union européenne a constaté des fraudes et la France tarde à féliciter le vainqueur.
Faut-il encore organiser des élections au Togo? Chaque scrutin se déroule invariablement selon le même scénario, depuis «l'ouverture démocratique» concédée au début des années 1990 par un pouvoir qui n'a jamais cessé d'être autocratique. Tricherie à grande échelle, vaines protestations d'opposants, manifestations réprimées par l'armée... La dernière présidentielle, le 4 mars, n'a pas dérogé à la règle.
Les observateurs de l'Union européenne ont émis des réserves sur le processus de collecte et de transmission des résultats du vote.
Selon le chef de la mission des observateurs européens, il est impossible de suivre la trace des résultats après leurs sorties des bureaux de vote.
La présidentielle de jeudi s'est déroulée dans un climat apaisé mais le principal parti de l'opposition dénonce des fraudes massives.
Le président sortant du Togo Faure Gnassingbé a remporté l'élection présidentielle du 4 mars avec 60,92% des voix, a annoncé samedi la Commission électorale nationale indépendante (Céni).
Faure Gnassingbé, 43 ans, a recueilli 1.243.O44 voix lors de ce scrutin à un tour, et son principal adversaire, l'opposant Jean-Pierre Fabre, 692.584 voix (33,94%), sur 2.040.546 suffrages exprimés, selon un document transmis à la presse par la Céni.
Le camp présidentiel et le principal parti d'opposition togolais ont chacun revendiqué vendredi la victoire à l'élection présidentielle, provoquant une montée de la tension dans le pays, en l'absence de tout résultat officiel plus de 24 heures après le scrutin.
"Sur la base du décompte provenant de diverses préfectures, le candidat de l'UFC a remporté en moyenne de 75 à 80% des suffrages", a déclaré Fabre.
"Nous en déduisons que nous avons remporté l'élection présidentielle du 4 mars 2010", a ajouté le candidat de l'Union des Forces pour le changement.
Le scrutin de jeudi est considéré comme un test pour la démocratie dans une région où violences et coups d'Etat se sont multipliés ces dernières années.
Le scrutin présidentiel du 4 mars marquant la fin du premier mandat du chef de l'Etat togolais sortant Faure Gnassingbé s'est achevé dans le calme, a constaté jeudi l'agence Xinhua dans la capitale togolaise.
Le peuple Togolais va élire aujourd’hui même son 5e président de la République. Des 7 candidats sur la ligne de départ et après deux semaines de campagne, deux principaux challengers se détachent du lot : Faure Gnassingbé et Jean-Pierre Fabre. Ce sera le choix entre la continuité dans la rupture et le changement radical.
Le défunt Gnassingbé Eyadéma, maître absolu du Togo de 1967 à 2005, hante toujours Lomé, cinq ans après sa mort. Son fils Faure, qui brigue jeudi un second mandat de président, tente de se démarquer, mais reste perçu comme le candidat d'un système perdurant depuis 43 ans.
"Même nos grands frères de plus de 40 ans n'ont connu que le régime du général Eyadéma et de son fils. Quel pays évolué peut encore accepter ça?", s'interroge Robert, électronicien de 38 ans, à la terrasse d'un restaurant populaire où les plats en inox débordent de "pâte" de maïs et d'igname pilé.
La principale coalition de l’opposition a démontré sa force de mobilisation électorale, mardi soir à Lomé, deux jours avant le scrutin présidentiel, en réunissant plus de 15.000 personnes chantant "43 ans (de pouvoir du RPT), ça suffit".
De son côté, le président sortant Faure Gnassingbé a de nouveau appelé les Togolais à ne pas contester les résultats du scrutin à venir, au cours dun grand meeting dans l’après-midi à Kara (420 km de Lomé), selon les médias locaux.