Par Dr. Donald Kaberuka
Pas tant que il y a des questions telles que les conflits violents et prolongés, la mauvaise
gouvernance, une ingérence extérieure excessive, et l'absence d'un espace politique
autonome. Seul, l'argent ne peut résoudre les problèmes de développement de l'Afrique.
Preuve, s'il en était besoin, est le fait que beaucoup des pays de l'Afrique qui sont riches en
ressources naturelles atteignent un score très faible dans le classement de l’indicateur de
développement humain.
Les défis du développement de l'Afrique sont à multiples facettes. L'histoire coloniale apparaît encore importante. L'argent ne peut pas effacer cette histoire. Cinq décennies après l'indépendance, nous sommes toujours aux prises avec la construction de l’État-nation. D'une part, des nations entières ont été séparées par des frontières artificielles pour former des pays indépendants, tandis que d'autre part, plusieurs Etats-nations ont été regroupés au sein de ces mêmes frontières artificiellement délimitées. A ce tableau déjà complexe a été ajouté l'impact des rivalités entre les grandes puissances durant la guerre froide, dont les effets ont touché l'Afrique.
Aucune somme d'argent ne peut bâtir la confiance endommagée entre un gouvernement et ses citoyens. Des décennies de gouvernance politique et économique défectueuse, et l'incapacité des gouvernements post-indépendance de tenir les promesses de l'indépendance ont généré la désillusion et conduit à des attentes insatisfaites, ouvrant la voie à la dictature, la disparition de l’état de droit, les conflits ethniques, et le chaos économique et social. Dans les cas extrêmes, ces conditions conduisent naturellement à une chaîne d'États faibles ou faillis. Cela dit, nous devons prendre conscience que l'argent est toujours nécessaire et que l'Afrique aura, pendant un certain temps, besoin de soutien externe au moyen de financements concessionnels, étant donné ses ressources limitées en épargne intérieure. Rappelez-vous, 40% des Africains vivent dans des États enclavés, souvent éloignés de 2000 km d'un port maritime. La construction d'infrastructures qui
relie les pays et d'élargissement du marché et de la diversité exigent des ressources importantes; de même que la lutte contre le SIDA et l'éducation des enfants de l'Afrique.
Le côté positif est que la nouvelle génération de dirigeants africains est déterminée à faire la différence. Au cours des deux dernières années, l'Afrique a accompli des progrès substantiels sur les plans économique et de la gouvernance. Nous sommes encouragés par les réformes macroéconomiques et structurelles fortes et soutenues d'une part, et par une meilleure gouvernance de l'autre. On s’oriente donc vers la réduction des risques et du coût des affaires, ce qui permet de stimuler les investissements nationaux et étrangers, seul moyen de créer de la richesse.
Enfin, on doit donner à l'Afrique une chance de bien s'intégrer à l'environnement commercial mondial afin de soutenir la croissance. Cela ne se produira pas si les engagements internationaux tels que ceux pris à Gleneagles, au sommet du G8 ne sont pas remplis. Le cycle de négociations commerciales de Doha doit réussir. Ces négociations ont été appelées un Cycle du Développement, car elles portent les intérêts des pays en développement comme ceux d'Afrique. Au bout du compte, nous sommes tous enfants de Dieu et il nous a donné un monde dans lequel nous sommes interdépendants.
Dr Donald Kaberuka est ancien président de la Banque africaine de développement et était
auparavant ministre des Finances du Rwanda.