La visite au Zimbabwe du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, jeudi et vendredi, a pris des allures de défi commun avec son homologue zimbabwéen Robert Mugabe face à un Occident qualifié de "satanique", prêt à "accaparer les ressources mondiales".
"Nos pays ont une expérience amère de l'intervention des grandes puissances (...) qui essaient d'accaparer les ressources mondiales", a lancé le leader iranien en inaugurant vendredi une foire commerciale dans la seconde ville du pays, Bulawayo (sud-ouest).
"Mais les Nations du monde, dont le Zimbabwe et l'Iran, ont décidé de tenir bon", a-t-il poursuivi devant des centaines de personnes, dont de nombreux représentants de la communauté musulmane du Zimbabwe.
Le président Mugabe, 86 ans, se tenait à ses côtés sur l'estrade mais n'a pas pris la parole. Les dirigeants, tous les deux dans le collimateur de l'Occident, avaient auparavant fait le tour des stands de la Foire en se tenant par la main.
La veille, lors d'un dîner officiel à Harare, ils avaient exprimé haut et fort leur soutien mutuel, condamnant les sanctions "sataniques" et "injustes" prises contre eux par les "colonialistes".
"A cause des positions de principes qu'ils ont pris nationalement et à l'étranger, le Zimbabwe et l'Iran sont tous deux injustement vilipendés et punis par les pays occidentaux", avait affirmé M. Mugabe, au pouvoir depuis l'indépendance du pays il y a trente ans.
Les proches du président zimbabwéen, accusés de nombreuses violations des droits de l'Homme, sont frappés par des sanctions occidentales depuis la réélection contestée du chef de l'Etat en 2002.
Bruxelles et Washington viennent de prolonger ces mesures (gels des avoirs et interdiction d'entrée sur leur sol) pour un an, estimant insuffisants les progrès enregistrés depuis la formation d'un gouvernement d'union en février 2009.
"Soyez assuré, camarade président, du soutien continu du Zimbabwe à la juste cause iranienne sur la question nucléaire", avait ajouté le président Mugabe.
En 2001, son gouvernement avait annoncé vouloir exploiter un gisement d'uranium découvert dans la vallée du Zambèze (nord) au début des années 1980, afin de produire de l'énergie.
Rien ne s'est passé depuis. Selon les experts, ces réserves sont à trop faible teneur en oxyde d'uranium pour justifier leur exploitation. Quant à la construction d'une centrale nucléaire, elle est exclue dans une économie en ruine.
Le Conseil de sécurité de l'ONU discute d'un éventuel renforcement de ses sanctions envers l'Iran, les puissances occidentales soupçonnant Téhéran de vouloir se doter d'une arme atomique sous couvert d'un programme nucléaire civil, ce que l'Iran dément.
Le vice-président des Etats-Unis, Joe Biden, avait affirmé jeudi que la Chine allait "accepter des sanctions" économiques contre l'Iran, isolant comme jamais auparavant les dirigeants de la République islamique.
M. Ahmadinejad a quitté vendredi le Zimbabwe pour l'Ouganda, qui siège au Conseil de sécurité de l'ONU, pour évoquer cette question.
Le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), qui partage depuis un an le pouvoir à Harare avec le président Mugabe, a boycotté la visite, la qualifiant de "scandale politique colossal". Selon le parti, "inviter l'homme fort d'Iran à un forum d'investisseurs, c'est comme inviter un moustique à soigner le paludisme".
Le Zimbabwe a désespérément besoin de massives injections de capital étranger, ce que les investisseurs et donateurs se refusent à faire tant que persiste l'instabilité politique à Harare. - AFP