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Après la stupeur, la colère et la douleur à Bombay

Nov 29, 2008

La stupeur a fait place à la colère et à la douleur, samedi, après ce que la presse indienne décrit comme le "11-Septembre" de l'Inde - les attaques coordonnées lancées mercredi soir à Bombay, qui ont fait dans les 195 morts.

Les membres des commandos et les secouristes en étaient encore à dégager les débris de trois jours de carnage et d'incendie, lorsqu'une cinquantaine de manifestants se sont rassemblés près de l'hôtel de luxe Taj Mahal, dont certaines parties étaient toujours fumantes.

"Nos soldats sont arrivés et le Pakistan s'est enfui", ont-ils hurlé en brandissant leurs poings en l'air. L'un d'eux agitait un drapeau de l'Union indienne.

Les autorités indiennes ont imputé les attaques coordonnées à des "éléments" venant du Pakistan, et d'après divers éléments de l'enquête, les islamistes ont probablement conçu leur plan d'attaque dans ce pays-là.

Pour les proches des victimes, la réalité des attaques, c'est à la morgue d'un hôpital de Bombay qu'ils l'ont découverte. "Pendant trois jours, nous avons eu diverses informations sur ma soeur. En fin de compte, aujourd'hui, lorsque je l'ai vue, elle était défigurée", déclare un proche de la journaliste Sabina Saikia, qui a été tuée à l'intérieur du Taj Mahal.

Samedi, un texto collectif reçu sur les téléphones portables à Bombay appelait la population à s'habiller de noir dimanche en signe de deuil. De nombreux Indiens ont allumé samedi des bougies dans toutes les villes du pays en hommage aux défunts.

Ailleurs en Inde, des milliers de personnes ont pleuré la vingtaine de policiers et de soldats qui ont péri dans les fusillades contre les extrémistes musulmans qui ont transformé certains quartiers de Bombay - la grande gare, deux hôtels de luxe et les abords du Café Leopold - en une zone de guerre.

Les victimes ont eu droit, lors des cérémonies funéraires, aux honneurs militaires.

"C'est une journée de deuil pour tous les hommes qui l'ont payé de leur vie", a déclaré aux journalistes le chef de la police de l'Etat de Maharashtra, A.N. Roy. Les soldats et policiers morts ont eu droit à des obsèques avec tous les honneurs.

La télévision indienne a montré leurs cercueils recouverts de drapeaux indiens transportés dans des cortèges hauts en couleurs. Des orchestres militaires ont joué et 21 coups de canon ont retenti en leur honneur.

La presse écrite indienne parle d'un "11-Septembre" pour l'Inde - allusion aux attentats qui ont fait près de 3.000 morts à New York et Washington en 2001.

"Est-ce que les patrons des services de sécurité (...) doivent rester en sécurité à leurs postes lorsque des agents et des civils risquent leur vie à cause de leur incompétence?", s'interroge le Times of India dans son éditorial.

Pour le Hindustan Times, "L'Inde est attaquée. L'idée même de l'Inde est attaquée. Il ne sert plus à rien de se voiler la face".

Pendant ce temps-là, la politique continue. Des élections locales avaient lieu samedi à New Delhi et la classe politique prépare les élections législatives nationales, qui doivent avoir lieu d'ici le mois de mai.

Ainsi le parti nationaliste hindou BJP, principale formation de l'opposition, a-t-il publié des encarts publicitaires en première page de certains quotidiens, accusant la coalition au pouvoir d'être incapable de défendre le pays.

"La terreur brutale frappe à volonté. Un gouvernement faible, sans volonté et incapable. Combattez le terrorisme, votez BJP!", lit-on dans l'un des encarts, où l'on voit une tache de sang sur fond noir.

Le Parti du Congrès, principal élément de la coalition au pouvoir, a tenu à riposter : "Vingt jours de campagne mensongère ne peuvent pas remplacer dix ans de développement. Décidez!" – Reuters