Le président français Emmanuel Macron est arrivé mardi à Abuja, la capitale fédérale du Nigeria, où il a donné une conférence de presse coinjointe avec son homologue Muhammadu Buhari et a insisté sur les questions de sécurité, mais aussi sur la "vivacité" culturelle de l'Afrique, dont le Nigeria est la "vitrine".
Dans la lutte contre l'insurrection jihadiste de Boko Haram, M. Macron a réitéré les engagements de la France pour un accompagnement dans la "défense et la stabilisation de la région du Sahel", notamment à travers la force du G5 Sahel, qui a été au coeur des discussions de sa précédente étape de cette nouvelle tournée africaine, à Nouakchott.
"Vous avez un ami en France", a-t-il assuré au chef d'Etat nigérian, qui fait toujours face à Boko Haram, dans le nord-est du pays.
M. Buhari a rappelé que l'ensemble des pays frontaliers du Nigeria sont francophones, et que l'aide de la France est ainsi essentielle pour la bonne coordination de la lutte avec ses voisins.
"Je suis très reconnaissant à la France du soutien que l'on reçoit", a-t-il assuré.
Mais Emmanuel Macron a insisté sur le fait que "le coeur de cette visite est d'élargir le partenariat entre la France et le Nigeria sur des sujets culturels, économiques et sportifs", le moyen selon lui de donner des "perspectives et des opportunités à la jeunesse" pour qu'elle ne rejoigne pas les mouvements jihadistes.
"Il faut donner à voir la vitalité du secteur culturel africain, dont le Nigeria est une vitrine", a-t-il déclaré.
Après cette conférence de presse, Emmanuel Macron s'est aussitôt envolé vers Lagos, capitale économique et culturelle d'Afrique de l'Ouest, où il devait assister à une soirée insolite rythmée de concerts, de théâtre et de défilés de mode, au Shrine, salle de concert fondée par le roi de l'afrobeat défunt, Fela Kuti.
Cette soirée sera l'occasion d'annoncer le lancement de la Saison culturelle africaine en France en 2020.
Le choix de ce lieu a surpris un grand nombre de Nigérians, comme l'a rappelé un journaliste local lors de la conférence de presse. Sur la façade du Shrine, alors qu'attendent des centaines d'invités, une grande banderole souhaitant la bienvenue au président français frôle une pancarte pour rappeler aux visiteurs que l'usage de drogues est interdit au Shrine.
"C'était avant tout une bonne excuse pour moi d'y retourner", s'est amusé M. Macron, qui a effectué son stage de l'Ecole nationale d'administration (ENA) à l'ambassade de France du Nigeria il y a plus de 15 ans.
"C'est un lieu iconique pour la culture africaine. Fela Kuti a crée une société civile contestataire, qui montre qu'au Nigeria, il existe un dialogue permanent", a-t-il expliqué devant le président Buhari.
Cette sortie ne manque pas d'ironie sachant que c'était le général Muhammadu Buhari lui-même qui avait fait emprisonner Fela lors de son premier passage au pouvoir dans les années 1980.
Au Shrine, Macron veut montrer une Afrique moderne, et sa venue au Nigeria - quelques mois après sa visite au Ghana - démontre une claire intention d'avoir des rapports plus étroits avec l'Afrique anglophone.
"On parle toujours de l'Afrique d'avant, mais trop rarement de Nollywood (l'industrie cinématographique du Nigeria est la deuxième au
monde en terme de production), de la musique contemporaine", portée notamment par les artistes nigérians sur le reste du continent.
Mercredi, après une rencontre avec de jeunes entrepreneurs nigérians, le président devait inaugurer la nouvelle Alliance Française, qui ambitionne de devenir un haut lieu de démocratisation culturelle à Lagos.
Il devait rencontrer également de jeunes entrepreneurs nigérians, et a assuré vouloir tisser des liens économiques et estudiantins entre la France et le Nigeria.
Le Nigeria reste un partenaire indispensable pour la France. Son marché de 180 millions de personnes est incontournable et le pays, avec une production globale de quelque 2 millions de barils/jour, représente plus de 10% de la production du groupe français Total. - AfricaLog avec agence