Au Sénégal, les rappeurs défendent la démocratie
Particulièrement présents et conscients de leur rôle à jouer dans la société, les rappeurs sénégalais investissent le champ politique alors que Karim Wade rêve tout haut de succéder à son père, le Président Abdoulaye Wade. Hué par la foule partout où il passe, le chef d’Etat use les dernières cartouches de ses mandats qui s’achèveront peut-être avant 2012. L’occasion pour les rappeurs de stimuler les consciences et de s’auto-promouvoir comme portes-paroles de la rue.
Dans un récent interview au quotidien l’Observateur, la figure de proue du hip-hop sénégalais, Didier Awadi, dresse le portrait d’une scène politique en complet décalage avec la société sénégalaise. Les maires ne résident pas dans leur localité et, du Parti socialiste au Parti démocrate sénégalais, les politiques ne cherchent qu’une chose : « monter et se faire mousser auprès du chef suprême du parti », trop peu s’intéressent à la vie de la cité. Loin de ces représentants déconnectés, Didier Awadi souligne l’importance du mouvement hip-hop qui est le plus grand « porteur de réponses par rapport à la société sénégalaise. Ses aspirations et son développement. » Pour le rappeur, la tentative du Président de laisser sa place à son fils est une insulte à la démocratie : « Ce n’est pas par des galipettes qu’il faut tromper le peuple. Si le peuple ne veut pas de cette candidature, qu’il le fasse savoir. En tout cas, tous les amoureux sincères de la démocratie ne peuvent pas soutenir le fils du Président. » Du côté du crew Daara J, même son de cloche : « Des présidents se sont faits succéder par leurs fils et cela n’a fait qu’installer l’anarchie. » Selon eux, « si des élections transparentes sont organisées, [Karim Wade] n’aura aucune chance de les remporter. Le peuple aussi est assez conscient pour savoir ce qui est bien pour lui. » Preuve en est que selon les résultats finaux des élections locales l’opposition a une large victoire sur Karim Wade. - Mondomix
