Barack Obama a annoncé mardi qu'il avait choisi la juge fédérale Sonia Sotomayor pour succéder au juge David Souter à la cour suprême. Si sa nomination est confirmée, cette magistrate new-yorkaise de 54 ans deviendrait le premier juge hispanique de la plus haute instance judiciaire américaine.
C'est la première nomination à la cour suprême par un président démocrate depuis 15 ans. Le président américain a fait connaître son choix depuis la Maison Blanche, Sonia Sotomayor à ses côtés. Il a salué une femme "inspirante" dotée à la fois les capacités intellectuelles et la compassion nécessaires pour interpréter avec sagesse la Constitution des Etats-Unis. Barack Obama a souligné que Sonia Sotomayor possédait plus d'expérience en tant que magistrate qu'aucun de ses futurs collègues au moment de sa nomination. Le président a ajouté que cette juge de cour d'appel fédérale avait gagné "le respect de ses collègues du siège", l'admiration des avocats qui ont plaidé devant sa cour et "l'adoration de ses greffiers". "Mon coeur déborde aujourd'hui de gratitude", a commenté Sonia Sotomayor. Si sa nomination est confirmée, elle succédera au juge David Souter qui doit prendre sa retraite fin juin et deviendrait alors la deuxième femme de la cour suprême actuelle aux côtés de Ruth Bader Ginsburg. L'arrivée de Sonia Sotomayor ne devrait normalement pas modifier l'équilibre politique de la cour suprême, dont elle remplace l'un des neuf membres les plus orientés à gauche. Un glissement à droite s'est produit sous la présidence de George W. Bush, qui a nommé des juges conservateurs au sein de l'instance. Mais Sonia Sotomayor devrait insuffler un peu de jeunesse dans l'aile gauche de la cour. Les juges de la cour suprême restent en place jusqu'à ce qu'ils meurent ou partent en retraite, laissant aux présidents une occasion de peser sur la vie du pays bien après la fin de leurs mandats. Mme Sotomayor se décrit comme une "new-yorkricaine", qui a grandi dans un logement social du Bronx après que ses parents eurent quitté Porto Rico pour s'installer à New York. Celle qui souffre de diabète depuis l'âge de huit ans et a perdu son père à neuf ans a été élevée par sa mère dans un milieu très modeste. Diplômée de l'université de Princeton et de la faculté de droit de Yale, elle a été procureur et avocate privée. Elle est devenue juge à la cour fédérale du district sud de New York en 1992, puis en 1998 juge à la cour d'appel fédérale du 2d Circuit, qui couvre New York, le Vermont et le Connecticut. Sa carrière de magistrate a dépassé les clivages politiques. C'est un président républicain, George Bush père, qui l'avait d'abord nommée juge fédérale, et c'est un président démocrate Bill Clinton qui a fait d'elle un juge de cour d'appel fédérale en 1997. Lors de son audience de confirmation devant le Sénat, il y a plus de dix ans, elle avait dit vouloir respecter la Constitution, estimant qu'elle ne devait être déformée en aucune circonstance. "Elle dit ce qu'elle dit. Il faut l'honorer". Dans l'une de ses décisions les plus marquantes en tant que juge fédérale, elle a pratiquement sauvé le baseball en 1995, donnant raison aux joueurs face aux propriétaires lors d'un conflit social qui avait entraîné l'annulation des World Series. AP