Pour la première fois de son pontificat, Benoît XVI se rend à la rencontre de l'Afrique, où la foi catholique connaît son expansion la plus rapide dans le monde. Le pape s'envole mardi pour un voyage apostolique de sept jours au Cameroun et en Angola, avec la volonté d'apporter un message d'espoir à une région en proie à la pauvreté, à la maladie et aux conflits armés.
"A travers cette visite, j'ai l'intention d'embrasser tout le continent africain", a ainsi souligné dimanche le pape lors de sa bénédiction hebdomadaire place Saint-Pierre de Rome. L'Eglise catholique romaine a bénéficié d'une croissance extraordinaire en Afrique au cours du siècle passé. Les catholiques représentent désormais près de 20% de la population du continent, une expansion favorisée notamment par les visites du défunt pape Jean Paul II dans 42 pays. Benoît XIV a essentiellement foulé des terres occidentales au cours de ses près de quatre années de pontificat et a effectué son unique visite sur le sol africain en 1987, à Kinshasa, dans l'habit de cardinal. Attendu à Yaoundé mardi, le souverain pontife quittera le Cameroun vendredi à destination de Luanda, en Angola où il restera jusqu'à lundi prochain. Au cours de ce voyage, il rencontrera des représentants de la communauté musulmane, des évêques, des jeunes, des membres des services médicaux et de mouvements catholiques pour les droits des femme. Benoît XVI doit également s'entretenir avec des dirigeants politiques des deux pays visités, accusés d'utilisation corrompue des revenus issus du pétrole qui enrichissent une petite élite alors que la majeure partie des habitants vivent dans la pauvreté. Le nombre des prêtres croît en Afrique plus fortement que partout ailleurs au monde, mais la religion catholique se retrouve en concurrence avec l'Islam au Cameroun, au Nigeria et dans d'autres pays, alors que les églises évangéligues gagnent du terrain chez les jeunes. Et certains religieux oeuvrant auprès de victimes du SIDA, qui ravage le continent, remettent en question l'opposition de l'Eglise à l'usage de préservatifs. Le célibat auquel doivent se soumettre les prêtres catholiques représente en outre un défi dans un continent où nombre de cultures considèrent les hommes comme des garçons tant qu'ils ne sont pas devenus père. Le souverain pontife ne s'est jamais exprimé explicitement sur l'usage de préservatifs. Il avait cependant souligné en 2005 devant des évêques africains que l'Eglise était présente au premier rang de la lutte pour soigner les personnes atteintes du SIDA. Le Vatican encourage l'abstinence sexuelle pour lutter contre le développement de la maladie. La question pourrait être soulevée lors d'un des temps forts du 11e voyage à l'étranger de son pontificat, une rencontre avec des jeunes dans un stade en Angola. Dimanche, le pape a exprimé le souhait de "confirmer les catholiques dans leur foi" à l'occasion de son voyage et de "proclamer la paix confiée à l'Eglise" par Jésus, ayant une pensée pour "les victimes de la faim, de la maladie, de l'injustice, des conflits fratricides et de toute forme de violence qui continue malheureusement d'affliger les adultes et les enfants, sans épargner les missionnaires" et les volontaires travaillant en Afrique. D'après Rodney Moss, qui dirige le St. Augustine College, seule université catholique d'Afrique du Sud, le pape devrait consacrer la majeure partie de son voyage à l'écoute de ses interlocuteurs, offrir des "mots d'encouragement" et émettre "peut-être quelques suggestions". Il pourrait aussi aborder "certaines questions, dont la corruption" mais par le biais de "généralités". Benoît XVI compte ensuite se rendre en Jordanie et en Israël en mai prochain. AP