L'élection présidentielle du 27 juin 2010, en Guinée, première présidentielle réellement pluraliste et démocratique s'annonce très ouverte. Certaines régions seront particulièrement disputées. Lansana Kouyaté, ancien Premier ministre, a été investi candidat à la présidentielle par son parti, le Parti de l'espoir pour le développement national (PEND) réuni pendant deux jours en convention.
Passage en revue de la cartographie électorale de la Guinée.
Jusqu'à présent, la carte politique guinéenne était assez simple à comprendre. Alpha Condé, l’opposant historique, régnait en Haute-Guinée. Sidya Touré, l'homme qui fut l'un des Premier ministre les plus populaires sous Conté, s'était taillé un fief en Basse- Guinée. La région de la forêt répartissait ses votes, tandis que dans le Fouta, deux grandes figures aujourd'hui disparues Siradou Diallo et Mamadou Bah se partageaient l'électorat. Le PUP le parti au pouvoir, se chargeait de rééquilibrer le tout au profit de Lansana Conté après la fermeture des bureaux de vote. Mais aujourd'hui, le jeu est démocratique donc plus ouvert et partant, plus incertain.
Alpha Condé voit arriver dans son fief des outsiders sérieux comme Lansana Kouyaté, l'homme qui a géré durant près d'un an la première transition en 2007 à la suite des grandes grèves. Mamadi Diawarra, ex-député du PUP ( Parti de l'unité et du progrès) et industriel du yaourt, est une personnalité en vue dans la ville de Siguiri. Enfin l'éphémère Premier ministre François Fall compte lui aussi sur l'électorat malinké pour réussir son baptême du feu politique.
En Basse-Guinée là aussi, la concurrence s'annonce rude. Abe Sylla, Mamadou Sylla, Aboubacar Somparé vont tenter de concurrencer Sidya Touré dans le cœur des électeurs Soussous, orphelins de Lansana Conté.
Les querelles ethniques à mettre en sourdine
En Guinée forestière la situation est sans précédent. Cette région qui est le deuxième bassin électoral du pays, est en proie à une sorte de repli identitaire depuis l'éviction du pouvoir de l'enfant du pays, Dadis Camara. Les forestiers se sentent floués. Suivront-ils Papa Koly Kourouma ancien ministre de Dadis Camara ? Ou s'abstiendront-ils massivement comme le redoutent certains observateurs ? Cette région est en tous cas, l'une des inconnues du scrutin.
Reste le Fouta qui tend les bras à Cellou Dalein Diallo au même titre que la grosse communauté peuhle de Conakry. Cellou Dalein Diallo, ministre durant plus de dix ans et ancien Premier ministre est sans doute le seul qui voit l'horizon dégagé dans sa région naturelle. Mais pour lui comme pour tous les candidats, une chose est claire : personne ne pourra gagner sur la seule base régionale, d'ou l'impérieuse nécessité d'avoir un discours national et de mettre en sourdine les querelles ethniques.
L’appel à la retenue de Lansana Kouyaté
C’est dans une salle de fête du Palais du peuple archicomble et au cours d’une cérémonie haute en couleurs que Lansana Kouyaté a été investi candidat de son parti. Mais une fois investi, quel appel l’ancien Premier ministre lance à ses militants et à ses adversaires politiques?
« C’est bien naturellement l’appel à la retenue. L’appel pour que la passion ne prévale pas. L’appel pour que nous ne soyons pas aveuglé devant ce que nous considérons comme l’enjeu de notre vie. On va à une compétition qui doit être ouverte. Mais il ne s’agit pas d’un gala de boxe. Il s’agit d’une rencontre d’idées, parfois convergente, parfois divergente, pour pouvoir laisser le choix au peuple, le vrai choix au peuple, sans pression, sans aucune pression. Si le peuple de Guinée me fait confiance, je continuerai à d’abord pacifier le pays, à créer une convergence de tous les acteurs de l’élite et du peuple de Guinée », a-t-il conclu. - RFI